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Le tout nouveau fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste recense déjà 15000 noms. Le Sud-Est est particulièrement concerné
Le fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste, créé en 2015, recense 15000 cas en France. Les A.-M. sont particulièrement concernées.
Au-delà des fameux fichés « S », l’État s’est doté d’une nouvelle arme pour lutter contre le terrorisme: le Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT). Dans Le Journal du dimanche publié hier, Bernard Cazeneuve lève en partie le voile sur cet outil de recensement créé en mars 2015 par un décret confidentiel. Le FSPRT liste en effet les islamistes radicaux ayant fait l’objet d’un signalement. De quoi établir non seulement des profils mais aussi une carte de France de la radicalisation. La région Paca, notamment les AlpesMaritimes et les Bouches-du-Rhône, ainsi que dans une moindre mesure le Var, figurent parmi les départements les plus touchés par le phénomène. Et pourtant, selon nos informations, le tout nouveau FSPRT est encore loin d’être à jour. Nombre de personnes signalées depuis le début de l’année n’y ont pas encore été intégrées.
« objectifs prioritaires » dans les Alpes-Maritimes
Ce fichier qui, contrairement à celui des fichés « S », ne cible que la radicalisation islamiste, compte pourtant déjà plus de 15 000 noms d’individus, dont 18 % ont moins de 18 ans. Parmi ces mineurs adeptes d’un islam radical et susceptibles de se politiser, plus de la moitié sont des filles. Toutes les personnes inscrites au FSPRT ne seraient pas pour autant des terroristes en puissance. Selon un responsable policier cité par Le Journal du dimanche, environ 4 000 noms constitueraient en fait « le haut du spectre». Les plus inquiétants d’entre eux sont désignés par ce nouveau fichier comme des «objectifs prioritaires» et font dès lors l’objet d’une surveillance, qu’elle soit administrative ou judiciaire. Selon nos informations, une cinquantaine de ces « objectifs » prioritaires résideraient dans les Alpes-Maritimes, et plus de 200 d’entre eux dans le quart sud-est de la France. La région Paca est en effet, avec l’Ile-de-France, le Nord, l’Hérault et la région Rhône-Alpes, l’une des plus touchées par ce phénomène de radicalisation dont les autorités commencent à mesurer l’ampleur.
Signalements multipliés par quatre en
Le nombre de personnes signalées, notamment à travers la plateforme téléphonique du centre national d’assistance et de prévention de la radicalisation (le 0 800 005696) a ainsi été multiplié par quatre entre 2014 et 2015 dans le sud-est de la France. Depuis le début l’année 2016, plus de six cents de ces signalements ont été recensés rien que dans les Alpes-Maritimes. Or, tous n’ont pas encore été portés sur les listings du FSPRT, loin de là. Au cours de la même période, un peu moins d’une centaine de profils azuréens ont été renseignés dans le cadre de cette vaste collecte de données. Les services de renseignement ne manquent, en effet, pas de matière. Une matière qu’il faut traiter avant toute nouvelle inscription au fichier. Afin d’éviter les doublons, d’éliminer les dénonciations farfelue, et surtout d’apprécier le niveau de réponse adéquat des autorités. C’est l’objet d’une réunion hebdomadaire en préfecture, en présence de tous les services concernés. Les cas les plus inquiétants sont donc soumis à la direction générale de la sécurité intérieure et deviennent parfois des «objectifs prioritaires ». Le renseignement territorial effectue pour sa part une veille sur plusieurs dizaines d’individus susceptibles de monter en puissance. Enfin, une grosse partie de ces signalements conduit à la mise en place d’un suivi social ou éducatif, sous l’autorité du préfet, dans le cadre des mesures de déradicalisation.