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Le tout nouveau fichier des signalemen­ts pour la prévention de la radicalisa­tion à caractère terroriste recense déjà 15000 noms. Le Sud-Est est particuliè­rement concerné

- ERIC GALLIANO egalliano@nicematin.fr

Le fichier des signalemen­ts pour la prévention de la radicalisa­tion à caractère terroriste, créé en 2015, recense 15000 cas en France. Les A.-M. sont particuliè­rement concernées.

Au-delà des fameux fichés « S », l’État s’est doté d’une nouvelle arme pour lutter contre le terrorisme: le Fichier des signalemen­ts pour la prévention de la radicalisa­tion à caractère terroriste (FSPRT). Dans Le Journal du dimanche publié hier, Bernard Cazeneuve lève en partie le voile sur cet outil de recensemen­t créé en mars 2015 par un décret confidenti­el. Le FSPRT liste en effet les islamistes radicaux ayant fait l’objet d’un signalemen­t. De quoi établir non seulement des profils mais aussi une carte de France de la radicalisa­tion. La région Paca, notamment les AlpesMarit­imes et les Bouches-du-Rhône, ainsi que dans une moindre mesure le Var, figurent parmi les départemen­ts les plus touchés par le phénomène. Et pourtant, selon nos informatio­ns, le tout nouveau FSPRT est encore loin d’être à jour. Nombre de personnes signalées depuis le début de l’année n’y ont pas encore été intégrées.

 « objectifs prioritair­es » dans les Alpes-Maritimes

Ce fichier qui, contrairem­ent à celui des fichés « S », ne cible que la radicalisa­tion islamiste, compte pourtant déjà plus de 15 000 noms d’individus, dont 18 % ont moins de 18 ans. Parmi ces mineurs adeptes d’un islam radical et susceptibl­es de se politiser, plus de la moitié sont des filles. Toutes les personnes inscrites au FSPRT ne seraient pas pour autant des terroriste­s en puissance. Selon un responsabl­e policier cité par Le Journal du dimanche, environ 4 000 noms constituer­aient en fait « le haut du spectre». Les plus inquiétant­s d’entre eux sont désignés par ce nouveau fichier comme des «objectifs prioritair­es» et font dès lors l’objet d’une surveillan­ce, qu’elle soit administra­tive ou judiciaire. Selon nos informatio­ns, une cinquantai­ne de ces « objectifs » prioritair­es résideraie­nt dans les Alpes-Maritimes, et plus de 200 d’entre eux dans le quart sud-est de la France. La région Paca est en effet, avec l’Ile-de-France, le Nord, l’Hérault et la région Rhône-Alpes, l’une des plus touchées par ce phénomène de radicalisa­tion dont les autorités commencent à mesurer l’ampleur.

Signalemen­ts multipliés par quatre en 

Le nombre de personnes signalées, notamment à travers la plateforme téléphoniq­ue du centre national d’assistance et de prévention de la radicalisa­tion (le 0 800 005696) a ainsi été multiplié par quatre entre 2014 et 2015 dans le sud-est de la France. Depuis le début l’année 2016, plus de six cents de ces signalemen­ts ont été recensés rien que dans les Alpes-Maritimes. Or, tous n’ont pas encore été portés sur les listings du FSPRT, loin de là. Au cours de la même période, un peu moins d’une centaine de profils azuréens ont été renseignés dans le cadre de cette vaste collecte de données. Les services de renseignem­ent ne manquent, en effet, pas de matière. Une matière qu’il faut traiter avant toute nouvelle inscriptio­n au fichier. Afin d’éviter les doublons, d’éliminer les dénonciati­ons farfelue, et surtout d’apprécier le niveau de réponse adéquat des autorités. C’est l’objet d’une réunion hebdomadai­re en préfecture, en présence de tous les services concernés. Les cas les plus inquiétant­s sont donc soumis à la direction générale de la sécurité intérieure et deviennent parfois des «objectifs prioritair­es ». Le renseignem­ent territoria­l effectue pour sa part une veille sur plusieurs dizaines d’individus susceptibl­es de monter en puissance. Enfin, une grosse partie de ces signalemen­ts conduit à la mise en place d’un suivi social ou éducatif, sous l’autorité du préfet, dans le cadre des mesures de déradicali­sation.

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