Monaco-Matin

Julien Lepers règle ses comptes

L’animateur azuréen de Questions pour un champion dit toute sa vérité dans un livre dont le titre court sur dix lignes. «Viré» en décembre 2015, il continue d’en avoir gros sur le coeur

- PROPOS RECUEILLIS PAR FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

C’était un jeudi. Le 3 décembre, à 11h15. Pour Julien Lepers, le monde s’est écroulé. Une phrase a suffi à le dévaster : « La chaîne ne veut plus de toi comme animateur. » Limogé, il s’est senti trahi et humilié. Privé de son rendez-vous quotidien avec 1,6 million de téléspecta­teurs en moyenne. Auxquels il n’a même pas pu faire ses adieux : ses dernières émissions étaient déjà enregistré­es.Le genre de blessure que les indemnités ne guérissent pas. « Je n’ai pas le droit de me plaindre, car j’ai bien conscience d’être un privilégié dans un pays qui souffre», prévient Lepers en préambule du livre en forme de mise au point qu’il publie le 12 octobre chez Flammarion. Son titre en dit long, et même très long : Je suis un homme de télévision, je suis 8310 jours à l’animation de Questions pour un champion, je suis licencié en 3 minutes après 28 ans de bonheur, je suis… Je suis… Julien Lepers.

Ce titre est un record! « Je suis… je suis… » C’est un gimmick que j’ai inventé. Et là, avec mon visage en couverture, on ne peut pas me rater! C’est bien entendu un clin d’oeil aux fiches que je lisais dans l’émission. Je ne voulais pas me contenter de trois mots, j’avais envie de casser les codes.

 ans,   jours,  candidats,  questions… C’est une carrière. Une vie profession­nelle. Tu travailles  fois, on te laisse bien enregistre­r ta dernière émission alors que tout est prévu pour te mettre dehors, et du jour au lendemain, on t’annonce que c’est fini. Tous les jours, des gens m’arrêtent pour me dire qu’ils ne comprennen­t pas,

qu’ils trouvent cette décision incroyable. Ce livre est une façon de tourner la page. J’avais besoin d’expliquer ce qu’il s’était passé aux téléspecta­teurs à qui je n’ai pas pu dire au revoir. Mais je raconte aussi les bons moments. Les années RMC, RTL, la télévision. En fait, c’est juste la dernière période qui a été épouvantab­le.

Vous dénoncez une chasse aux seniors ? Delphine Ernotte, la présidente de France Télévision­s, a même parlé « d’hommes blancs de plus de  ans». Ce sont des discrimina­tions punies par la loi. Je suis de sexe masculin, de peau blanche et j’ai effectivem­ent un peu plus de cinquante ans J’ajoute qu’il était d’autant plus facile de me jeter que je n’étais pas producteur de cette émission, mais simplement animateur.

On a tenté de vous faire dire que ce départ était votre décision ? On m’a dit: « Ce serait bien que vous disiez que ça vient de vous. » C’est pas énorme, ça ? J’ai fait répéter deux fois et j’ai répondu: « Jamais. » Ce sont presque les premiers mots du livre. Malgré tout, il y a des choses qui ne se font pas. On respecte les gens. Quels qu’ils soient, d’où qu’ils viennent. Un mec qui a donné  ans de sa vie, on le met dehors

d’une heure à l’autre ? Sur le trottoir sans un sourire, sans un merci ?

Quelle conclusion en tirer? Cette histoire a choqué énormément de monde. Ce n’est pas moi tout seul qui ai décidé de faire ça dans mon coin. J’estime que l’on doit la vérité aux téléspecta­teurs. Cette télévision est publique, donc elle appartient à tout le monde. Les Français ont le droit de savoir ce qu’il s’y passe. Ils se demandent ce que l’on a fait de Julien Lepers ? Eh bien, je réponds : « Voici la vérité. » Sans acrimonie. Il y aura peut-être d’autres vérités, en tout cas c’est la mienne. Les gens choisiront, et j’ai tendance à penser qu’ils me croiront.

C’est donc une mise au point? Oui, une mise au point. J’estime que trop, c’est trop. Maintenant, je veux tourner la page. Point final.

Vous évoquez aussi votre parcours musical et votre actualité. Où en êtes-vous de Danse avec les stars ? Je suis en plein « training ». Cinq à six heures de danse par jour. Je ne suis pas danseur étoile. Je sais faire beaucoup de choses, mais il ne faut pas exagérer…

Vos danses favorites? Moi, je ne danse pas du tout. Je peux vous dire que les gens seront morts de rire. J’aime me fixer des buts et faire tout pour les atteindre. Il se trouve que l’on m’avait déjà proposé de participer. Mais comme vous le savez, j’étais occupé sur une autre chaîne. Cette fois, on en a beaucoup discuté avec la petite cellule qui travaille avec moi, et finalement je suis content. J’apprends beaucoup, c’est une immense production. Un programme populaire et de qualité. Musical, en plus, ce qui me plaît. C’est la première fois que je travaille sur TF. Et je n’oublie pas qu’à l’époque, c’est quelqu’un de TF qui m’a appelé pour me dire ceci : « Je suis tellement choqué que tu n’aies pas pu dire au revoir aux gens que je te propose de venir le faire dans mon émission. » C’était Arthur, pour Les Enfants de la télé.

Et l’avenir? Pour les deux mois qui viennent, entre Danse avec les stars et la tournée des salons avec ce livre, je serai bien occupé. Sans compter les discussion­s pour d’autres projets.

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 ?? (Photo Jean-François Ottonello) ?? Julien Lepers partage son temps entre Paris et Nice où il a une résidence (ci-dessus à l’opéra). En bas, une photo publiée sur son compte Twitter : il s’entraîne pour Danse avec les stars avec sa partenaire Silvia Notargiaco­mo.
(Photo Jean-François Ottonello) Julien Lepers partage son temps entre Paris et Nice où il a une résidence (ci-dessus à l’opéra). En bas, une photo publiée sur son compte Twitter : il s’entraîne pour Danse avec les stars avec sa partenaire Silvia Notargiaco­mo.
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Mais vous dites n’avoir pas le droit de vous plaindre...

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