Bain de sang au Yémen: l’Arabie saoudite accusée
L’Arabie saoudite était de nouveau sur la sellette hier, au lendemain d’un carnage ayant fait plus de 140 morts et 525 blessés dans la capitale yéménite Sanaa, une attaque qui met dans l’embarras les États-Unis, alliés de Ryad. Des frappes aériennes ont touché de plein fouet une grande cérémonie funéraire samedi dans la ville contrôlée par les rebelles chiites houthis. Des milliers de personnes étaient venues présenter leurs condoléances pour la mort du père du «ministre de l’Intérieur» des rebelles, Jalal al-Rouichène. D’après April Alley, experte de l’International Crisis Group, «l’attaque semble avoir tué un certain nombre de personnalités politiques et d’officiers militaires du nord qui oeuvraient à un règlement politique».
Les espoirs de cessezle-feu douchés
Cette spécialiste a évoqué un «tournant» car l’attaque «a presque certainement tué tout espoir de cessez-le-feu», et elle «aura des conséquences à plus long terme» sur les possibilités d’un «plan de paix viable». Le ton est d’ailleurs monté avec une manifestation hier à Sanaa de milliers de partisans des Houthis, qui ont crié «Mort aux Al-Saoud» , la famille régnante à Ryad, et des déclarations belliqueuses de l’ex-président Ali Abdallah Saleh, allié des rebelles, qui a appelé à une mobilisation militaire à la frontière saoudienne. La coalition militaire arabe au Yémen, conduite par l’Arabie saoudite a elle nié dans un premier temps toute implication dans les raids de samedi, avant de publier un communiqué dans la nuit annonçant une enquête «immédiate». Le bain de sang a été immédiatement dénoncé par de nombreux acteurs internationaux.
Les États-Unis se repositionnent
L’Iran, qui soutient les Houthis, a évidemment vivement réagi, le ministère des Affaires étrangères «condamnant fermement les frappes» saoudiennes qu’il a qualifiées de «crime épouvantable contre l’humanité». «Profondément troublés» ,les États-Unis ont eux annoncé le réexamen de leur soutien à la coalition arabe, qui avait déjà été réduit ces derniers mois. Les relations entre Washington et Ryad n’ont cessé de se détériorer ces deux dernières années, en particulier après une amorce de rapprochement américano-iranien. Quant au secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, il a «condamné» l’attaque «absolument inacceptable» , qui «serait» le résultat de «frappes aériennes par la coalition» . Il a exigé «une enquête rapide et impartiale», estimant que «les responsables doivent être traduits en justice». Et le Comité international de la CroixRouge s’est dit «horrifié» par ces nouvelles pertes «monstrueuses» de vies civiles. 1. La coalition arabe veut rétablir l’autorité du gouvernement reconnu par la communautéinternationalesurl’ensemble duYémen,enpartiecontrôléparlesHouthis, rebellesissusdel’importanteminoritézaïdite concentrée dans le nord du pays et qui se sont emparés de Sanaa il y a deux ans.