Attaques de loups : et si les chiens étaient la solution?
Alors que Christian Estrosi, président de la Région, lance une campagne de surveillance du prédateur par drone, l’éthologue suisse, Jean-Marc Landry, travaille pour améliorer l’efficacité des patous
Son nom : Jean-Marc Landry. Sa mission : arriver à faire cohabiter éleveurs et loups. Son credo : si on veut protéger les troupeaux, il faut bien connaître le prédateur, le bétail, le pastoralisme et les moyens de protection. Ainsi, depuis plusieurs années cet éthologue suisse, spécialiste des chiens de protection fait de la recherche… pour aboutir à des solutions concrètes. Il travaille sur le terrain en collaboration avec des éleveurs et des bergers. Dans le Mercantour et à Canjuers. Il avance. Malgré les résistances, les pressions, un financement réduit... Jean-Marc Landry est bien déterminé à aboutir.
« Un effaroucheur mobile »
« Le chien est le meilleur outil de protection. Car c’est un “effaroucheur mobile”. Il se déplace avec le troupeau. C’est génial. S’il n’y en avait pas ce serait une catastrophe. » Sauf qu’il y a un hic. « Dans les Alpes, les loups ne semblent pas être effrayés par les patous. » Pas suffisamment du moins. Alors, pour tenter de comprendre pourquoi, Jean-Marc Landry a filmé de nuit, regardé les images. Analysé comment le prédateur attaque, comment le troupeau réagit. « Même s’il y a des bagarres entre chiens et loups, ils finissent quand même par revenir. » Il a émis plusieurs hypothèses pour chercher des solutions. « A-t-on les bons chiens ? Quelles races ont-ils dans les autres pays ? Dans les zones touristiques, en France on a choisi le Montagne des Pyrénées, parce qu’il est peu agressif avec les randonneurs et les VTTistes. Du coup, on a sélectionné cette race pour la cohabitation avec les “touristes” et non pour son aptitude à la protection face à des loups. » Des essais sont en cours de réalisation avec d’autres races, les bergers d’Anatolie, en Suisse et en France. « La majorité des chiens, dont le patou, fonctionnent quand même très bien. En France, 17 % des troupeaux sont la cible de plus de six attaques par an. » C’est sur ces cheptels les plus visés que le chercheur a concentré son travail. « On a cherché des races ou des lignées plus efficaces, pour que le loup se dise, il y a un risque trop élevé d’attaquer le bétail. Le loup est une Formule 1 de la Jean-Marc Landry, spécialiste des chiens de protection, fait des essais avec d’autres races que le Montagne des Pyrénées.
prédation. En face on doit donc avoir une Formule 1. » Mais la protection des troupeaux dépend également d’autres facteurs comme la topographie, la conduite des bêtes, la météorologie, etc.
Un modèle de vulnérabilité
Il a aussi développé un modèle de vulnérabilité du troupeau. Sur 24h. Sur une saison. Par contexte et par zone. Fruit des échanges avec les bergers. « Ils nous ont confié que les attaques intervenaient souvent le soir, quand ils ramènent le troupeau au parc ou à la couchade. » C’est aussi l’heure choisie pour nourrir les chiens. « Ils quittent le troupeau qui est alors vulnérable. Idéalement selon le contexte, mieux vaut préférer une autre heure. » Autre élément à prendre en
compte pour obtenir une meilleure efficacité du chien : « Ne pas lui donner à manger avant le moment où on a besoin qu’il soit performant. » Les solutions de la protection des troupeaux doivent provenir d’échange d’expériences entre les éleveurs, bergers et les chercheurs.
Un collier répulsif
Jean-Marc Landry travaille avec sa petite équipe sur des colliers répulsifs. Mais comme le produit est en cours de développement, il ne souhaite pas entrer dans les détails. Le principe ? « L’idée c’est d’apprendre au loup à éviter le troupeau, donc s’il attaque, on lui inflige une punition. » Olfactive donc…