Les m oines àl’a ssau t!
Touché… trempé! Il a eu beau s’en remettre au Seigneur, frère Philippe ne marche pas sur l’eau. Et lorsque son adversaire a porté l’estocade, il a fait le grand plouf, comme un simple mortel… Pour sa miséricorde, il faut dire aussi que c’était la première fois que le moine s’essayait aux joutes provençales, ce week-end, à proximité de l’île SaintHonorat. Et malgré l’allure chevaleresque que lui confère sa robe d’ecclésiastique, le pauvre a dû manier sa lance comme on porte sa croix ! Saut de l’ange par-dessus bord. Et franche rigolade. Avec revanche sous les encouragements du public, ces bénévoles qui ont participé aux vendanges de l’abbaye de Lérins. Pour la confrérie en tout cas, c’était une animation extraordinaire et bienvenue, qui éclabousse quelque peu leur vie de prière et de méditation.
« Il y a une quinzaine d’années, nous avions aussi disputé un match de football contre une équipe de sans-abri, mais cette initiation aux joutes reste un événement exceptionnel et rarissime», confirme frère Vladimir Gaudrat, le père supérieur de la communauté. Un lien insolite
Une activité qui renforce également le lien insolite que les moines ont noué avec l’association cannoise des jouteurs suquettans, présidée par Amar Merkhi. Pour ressusciter la tradition en baie de Cannes, le club sportif a reçu une subvention de 3000 euros, et l’un des bateaux est baptisé «St-Honorat» en l’honneur des bienveillants donateurs. Un navire qui a reçu une bénédiction solennelle avant les duels. Tous comme ses combattants.
«C’est une excellente chose qu’une telle pratique locale perdure, en s’ouvrant à tous. Et puis, à l’heure où l’épiscopat prend acte que la société française est multiculturelle, il ne nous déplaît pas de soutenir une association de culture provençale, dont le président se prénomme Amar…»,
sourit malicieusement père Gaudrat. Une fois à bord, plus de couleur, de race, ni (presque) de confession. Entre Samuel le bénévole et frère Philippe, le jugement de Dieu passe par la lance, tendue contre le plastron! Plouf ! Encore une fois. Moine mouillé jusqu’aux os, même en robe. Mais finalement sauvé des eaux, forcément…