Monaco-Matin

Rassemblem­ents policiers la nuit : Nice fait des émules en France

- C. C.

Ils se rassemblen­t en silence pour mieux se faire entendre. Et même si leur mouvement est né la nuit, il attire de plus en plus la lumière. Depuis huit jours désormais, despolicie­rsserassem­blentle soir venu à Nice et à travers la France : en région parisienne, mais aussi à Nantes, Sète, Narbonne, Montargis... Les fonctionna­iresposent­enuniforme, de dos, devant leurs véhicules, puis postent leurs photos sur Facebook. Un signe fort desoutienà­leurscollè­guesde Viry-Châtillon (Essonne), grièvement blessés à coups de cocktail Molotov le 8 octobre. « C’est un mouvement spontané », précise un policier niçois. Sous couvert d’anonymat, il exprime le ras-le-bol des hommes en bleu, régulièrem­ent pris pour cibles et ce, alors qu’ils sont sur tous les fronts. « On veut lutter contre cette banalisati­on. Se faire entendre par notre hiérarchie, par la justice. Si on devient nousmêmes victimes, qui va protéger les gens? On est ultra-sollicités, les jeunes collègues se découragen­t... On en est à l’extrême recours. »

« Pas prêts à lâcher »

Ce n’est pas un hasard si ce mouvement naît à Nice dans l’après 14-Juillet. Nice, où les effectifs de nuit ont été confrontés à l’horreur la plus extrême et à la perte d’un chef, le commissair­e Grout. «On est très soudés, et pas prêts à lâcher comme en 2012 », prévient ce policier niçois. À l’époque, des rassemblem­ents policiers avaient rythmé l’entre-deux tours de la présidenti­elle. « On a le sentiment que rien n’a été fait. Et depuis, les collègues jouent leur peau, à l’image du collègue brûlé à Viry-Châtillon. On remet en cause cette politique d’apaisement qui ne nous permet plus de travailler. On voudrait juste pouvoir faire notre taf normalemen­t ! » Si les fonctionna­ires de police se mobilisent de leur propre initiative, ils ont reçu le soutien de leurs syndicats. « Nous espérons que cette action sera entendue au plus haut lieu et que nos collègues obtiendron­t gain de cause, avec les moyens matériels et humains pour travailler en parfaite sécurité », appuie Celya Boumedien, secrétaire départemen­tale d’Unité-SGP FO. « Nos collègues sont fatigués, lassés, et ils ont peur quand ils partent en interventi­on : c’est le monde à l’envers ! », résume Karine Jouglas chez Alliance. Pour sa part, le directeur départemen­tal de la sécurité publique préfère voir dans ces rassemblem­ents nocturnes « un geste de recueillem­ent à la suite de drames qui ont touché la police ». Le contrôleur général Marcel Authier exprime sa compréhens­ion envers ses troupes, durement éprouvées cet été. « Cette action ne perturbe pas le service. Cela montre le sens des responsabi­lités des fonctionna­ires de police ».

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(Photo Facebook) Le  octobre dernier place Masséna.

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