Il ébouillante son codétenu : ans de prison ferme
«Quand vous n’êtes pas en prison, vous avez une occupation?», demande Alexandre Julien, président du tribunal de Grasse, hier, juste après avoir égrené le long casier judiciaire du prévenu. En face, Sofiane Zerroug, étudiant gringalet de 19 ans, ne nie rien des faits qui lui sont reprochés.Oui,lejeunehommeplacéendétention provisoire à la maison d’arrêt de Grasse depuis le 16 juillet dernier pour apologie du terrorisme, a grièvement ébouillanté le 1er août son codétenu, entraînant une incapacité temporaire totale de 21 jours. Un acte digne de «la barbarie des temps bien anciens», ajoute Me Luc Girard, avocat de la victime. Oui, le prévenu a encore asséné trois jours plus tard, un coup-de-poing au visage d’un surveillant, avant d’en blesser un autre qui tentait de lemaîtriser. «Des surveillants qui rentraient à peine de congés maladie», précise leur avocate, Me Audrey Massei. «Je me rends compte de la gravité des faits, assure le prévenu. Mais [mon codétenu] tentait de m’extorquer, il voulait que je fasse rentrer du shit au parloir pour lui, il m’a menacé…» L’avocate du prévenu, Me Emmanuelle Boukobza-Gaglio,évoquedes «pressions». «Son codétenu lisait son courrier, fouillait dans ses affaires. Ils avaient des précédents à la Frayère où ils étaient déjà voisins. Il connaissait son entourage. Sofiane, au pied du mur, s’est dit qu’il devait frapper un grand coup pour que les autres le laissent tranquille [...] Il fait des études, il n’a pas le profil d’un délinquant de base…» Des arguments qui n’influenceront pas le président du tribunal qui suit les réquisitions du procureur de la République, Parvine Derivery. Condamné à 4 ans d’emprisonnement, Sofiane Zerroug retourne derrière les barreaux de la maison d’arrêt de Luynes (Bouches-du-Rhône) où il a été transféré le 25 août. Un jugement assorti de dommages et intérêts de plusieurs milliers d’euros à verser aux victimes.