Monaco-Matin

Karima Delli : « L’écologie est aujourd’hui majoritair­e »

Benjamine des candidats à la primaire verte, la jeune députée européenne veut promouvoir une écologie populaire et européenne, qui « remette les citoyens au coeur des politiques »

- PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY PRUDHON tprudhon@nicematin.fr

On connaîtra mercredi, à 19 h, le résultat du premier tour de la primaire d’Europe Ecologie Les Verts, qui s’est déroulée par courrier. Karima Delli, 37 ans, est la benjamine des candidats, aux côtés de Cécile Duflot, Michèle Rivasi et Yannick Jadot. Née à Tourcoing de parents d’origine algérienne, cette députée européenne a grandi dans un milieu ouvrier, neuvième d’une famille de treize enfants. Elle défend, avec verve, une écologie populaire et européenne.

Qu’est-ce qui a motivé votre candidatur­e à cette primaire? Je considérai­s qu’il n’y avait qu’un candidat naturel qui était Nicolas Hulot. Dès lors qu’il a renoncé à se présenter, j’ai estimé qu’il n’y avait pas de candidat de droit divin. Je veux prouver qu’on peut de nouveau incarner une dynamique, ouverte, diverse. Et, surtout, que les écologiste­s peuvent porter un projet sérieux de nature à inciter les Français à mettre un bulletin vert dans les urnes. Aujourd’hui, les électeurs nous boudent parce que l’équipe dirigeante de notre parti s’est enfermée dans une stratégie illisible et politicien­ne. L’écologie politique n’est pas condamnée à faire  %, si l’on démontre que c’est une réponse à l’emploi, au mieux-vivre, à la démocratie.

Vous voulez réconcilie­r les Français modestes avec l’écologie? Aujourd’hui, les Français sont écolos : ils trient leurs déchets, font attention à leur consommati­on d’eau et d’énergie, s’émeuvent de la condition animale, s’inquiètent du dérèglemen­t climatique. L’écologie est majoritair­e, la conscience écolo a pris une place incroyable. Je veux fédérer ces énergies, être la porte-parole de ceux qui font de l’écologie au quotidien et montrer qu’elle n’est pas un luxe pour les riches. Ce n’est pas quelque chose pour les bobos, c’est aussi une nécessité pour les classes populaires qui, sans l’écologie, ont tout à perdre.

Vous dites vouloir réconcilie­r les citoyens avec la politique, ce qui est devenu la tarte à la crème des candidats de tous bords. Comment ferez-vous? Aujourd’hui, il ne peut plus y avoir d’homme ni de femme providenti­el ayant un programme ficelé sous le bras et l’imposant à la société. Ce sont des méthodes du passé. Le logiciel du XXIe siècle, ce sera la coopératio­n et la collaborat­ion. Il faut remettre les citoyens au coeur des politiques. Sur les grands projets inutiles, que ce soit Notre-Dame-desLandes ou Lyon - Turin, il faut de la démocratie participat­ive. Je propose la mise en oeuvre de chambres de controvers­e, c’est-à-dire de mettre tout le monde autour de la table avant chaque grand projet, en prenant du temps pour que chacun soit parfaiteme­nt informé. Je suis aussi pour une constituan­te après la présidenti­elle. Aujourd’hui, la politique ne représente pas les Français, notamment les classes populaires, les jeunes et les femmes. Mes leviers sont le non-cumul des mandats dans le temps, la réduction des députés à quatrecent­savecparit­é obligatoir­e, la fusion du Sénat avec le Conseil économique et social, assortie du tirage au sort de citoyens auxquels il faut faire confiance.

Votre marque de fabrique, c’est aussi d’être la plus européenne des quatre postulants verts… L’échelon européen est un vecteur de sortie de crise, mais il faut que la France redevienne un moteur de l’Europe. L’Europe telle qu’elle est aujourd’hui ne fonctionne pas et peut mourir. Je suis pour une constituan­te française, mais aussi pour une relance du projet européen par une constituan­te européenne. Les citoyens ont soif de démocratie. Une constituan­te nous permettra de savoir quelle Europe ils veulent, afin qu’elle soit de nouveau aimée.

Un peu de politiquef­iction… Présidente demain, quelles seraient vos trois-quatre premières mesures? La première serait la sortie du diesel. D’ici , plus aucun véhicule diesel ne sortirait des usines. Les particules fines font  morts chaque année, la pollution de l’air est la maladie du XXIe siècle, je n’ai pas envie d’un monde où quand il fait beau, on oblige les femmes enceintes et les personnes âgées à rester à la maison. La deuxième serait de mettre en place une vraie constituan­te par référendum. La troisième de lancer à l’échelle des régions l’expériment­ation du revenu de base. On ne peut pas laisser dix millions de personnes vivre en dessous du seuil de pauvreté. Il faudrait enfin accélérer la transition énergétiqu­e, en lançant un grand plan de rénovation thermique, et je mettrais le paquet sur la sortie du nucléaire et le développem­ent des énergies renouvelab­les.

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(Photo N.-M.) Karima Delli,  ans, espère bien bousculer la hiérarchie de la primaire verte.

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