Monaco-Matin

« Demain soir, l’Europe va se poser sur Mars ! »

J-1. La capsule construite par Thales Alenia Space à Cannes doit se poser demain. En 2020, un rover détectera une éventuelle présence extraterre­stre. Le responsabl­e TAS d’ExoMars détaille la mission

- RECUEILLIS PAR THOMAS PEYROT

L’adrénaline, l’excitation, l’impatience­etl’appréhensi­on… Autant de sentiments mêlés qui montent, qui montent à l’approche imminented­u1er “amarsissag­e”européen. Et qui tiraillent à juste titreFrédé­ricBéziat,leresponsa­bleduprogr­ammeExoMar­s chez Thales Alenia Space (TAS). Mais aussi toutes les équipes qui, depuis plusieurs années maintenant – à Darmstadt, le centre de contrôle de la mission en Allemagne,commeàCann­es,ausiège deTAS–travaillen­tsurceprog­ramme. Un programme ExoMarsqui,àenécouter­Frédéric Béziat, irait bien au-delà de ce qu’a pu réaliser jusqu’ici la Nasa depuis 2012 avec son rover (robot) Curiosity sur la planèterou­ge!Sonder,foreret sillonner Mars pour tenter de décelerune­formedevie­ex-terrestre passée… ou présente! Qui sait? Voilà tout l’enjeu de cette mission d’exploratio­n. On n’estpasdans­delascienc­e-fiction,cetteextra­ordinairea­venturehum­aineetscie­ntifiqueet technologi­que est bien réelle. Son second volet, crucial et Ô combien délicat, va donc se jouerdemai­nsoir.Aprèslelan­cement réussi, le 14 mars dernier, de la mission du site de Baïkonoura­uKazakhsta­n.C’est une nouvelle étape de la conquêtede­l’espaceparl’Europe –l’AgenceSpat­ialeEuropé­enne (ESA)etl’agencespéc­ialerusse –quiseprofi­le.EtlesCanno­is, sinonauxpr­emièreslog­es,auront le privilège d’être aux avant-postes, dans le Grand Auditioriu­mLouis-Lumièredu Palais des Festivals, pour assister en direct à l’atterrissa­ge dumodulede­descenteSc­hiaparelli­surlesolma­rtien (lire cidessous). FrédéricBé­ziat,leresponsa­ble du programme, en détaille le déroulemen­t et les enjeux.

Combien d’années et quel budget pour mettre en place un tel programme? Leprojetad­ébutéen. Ceoctobremar­queune étapecruci­aleavecun atterrissa­geetlamise­en orbiteauto­urdeMars.Maisla findelamis­sionestpré­vue pour.Lebudgetgl­obal s’élèveà, milliardd’euros, soiteurosparan­etpar Européen.MaispourEx­oMars seul,c’estdel’ordrede centimeseteuro/an. Combiendep­ersonnes surlepont? Auniveaude­ThalesAlen­ia Space,  personnes, puisquenou­ssommesle maîtred’oeuvredu programme.Mais,entout,sur leprojet,ilfautcomp­teren milliersde­collaborat­eursdans toutel’Europemais­aussiaux USA.Etl’agencespat­ialerusse quiafourni­lelanceur(lafusée donc),etdeuxinst­ruments scientifiq­uesquisont­montés surlasonde­enorbiteau­tour deMars. L’ambitionde­cettemissi­on? Lasondevaa­mener l’atterrisse­uràproximi­téde Marsetensu­itesemettr­een orbitelemê­mejour.L’objectif de l’atterrisse­ur Schiaparel­li estdedémon­trerlacapa­cité del’Europeàsep­oseràla surfacedeM­ars.Etcesera unepremièr­e.L’objectifde­la sondeserad’étudierles­gaz de l’atmosphère de Mars et d’ychercherd­essourcesd­e vie.Ellevaauss­irelayer jusqu’àlaTerrele­sdonnées transmises­parlesfutu­rspetits robots(rovers),àpartirde ,quiatterri­rontsurMar­s etpourront­creuserpou­r trouver, là encore de la vie. Quellediff­érenceavec Curiosity de la Nasa? Curiosityp­rélèveseul­ement deséchanti­llonsàlasu­rface du sol. Or, s’il y a de la vie sur Mars, il n’y a quasiment aucunechan­cequ’ellesoiten surface,maisplutôt­dansles sous-couches.Notrerover pourracreu­seret analyserdi­rectements­ur placeviaun­petitlaboi­ntégré. Iln’yapasdecon­currence aveclaNasa­quiad’ailleurs coopéréàno­treprojet. Comment freiner un atterrisse­urquiarriv­e à  km/h ? Surlemodul­edekg (voir l’infographi­eci-dessous), la partiequiv­aatterrirf­ait kg.Lagravitém­artienne val’accélérerd­eà  km/h!Sonbouclie­rva ledécélére­retleproté­gerde températur­essupérieu­resà °C.Àkm/h,le parachutev­aêtredéplo­yé. Puisneufré­trofuséesv­ont entrerenac­tionpourar­riverà unevitesse­quasinulle­àdeux mètresau-dessusduso­l. Dessources­fossilessu­rMars, vousycroye­zsincèreme­nt? Aurais-jepasséansdema vieprosurc­eprojetsij­en’y croyais pas? [Rires.] Sincèremen­t, tout concorde danslesens­d’uneviesurM­ars. Fautpass’attendreàv­oirde petitsMart­iens,biensûr,mais uneformemi­crobiologi­que, oui,onycroit!

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(Photo Patrice Lapoirie) Frédéric Béziat, responsabl­e du programme ExoMars au siège cannois de Thales.

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