Monaco-Matin

Monaco sur la ligne de départ

Dès demain et jusqu’à samedi, la Société nautique de Monaco organise, pour la première fois, les championna­ts du monde d’aviron de mer au port Hercule. Une fierté pour un club ambitieux

- THOMAS MICHEL tmichel@nicematin.fr Lire programme demain en page Sports.

Dès demain après-midi (qualificat­ions) et jusqu’aux finales prévues samedi aprèsmidi (1), la crème de l’aviron de mer va s’affronter dans les eaux monégasque­s à l’occasion des championna­ts du monde. Une première dans une Principaut­é qui entretient pourtant des liens étroits avec la discipline, à l’image de la famille de la princesse Grace (lire ci-dessous). Héritière de la Société des Régates, la Société nautique de Monaco a pris une autre aura en s’ancrant au quai Louis-II voilà deux ans. «On était au Moyen-Âge et on est passé au XXIe siècle», affirme son président, Jean-François Gourdon. Désormais voisin – et complice – du fleuron du yachtisme à Monaco, le Yacht-club, la Société a doublé ses effectifs, passant de 170 à 350 licenciés. Un ratio énorme pour 8000 Monégasque­s et alors qu’à titre de comparaiso­n la France ne compte (que) 20000 licenciés. Un succès indéniable qui ne se résumepasà­unepratiqu­eloisirspu­isque la Société nautique de Monaco aligne également une dizaine de profession­nels sur le circuit. Une prouesse!

«C’est l’aspect romantique de la chose »

Samedi dernier à Menton, le club a même établi un nouveau record en décrochant quatre titres nationaux! De bon augure avant des Mondiaux à la maison où Monaco ne masque pas ses ambitions, à commencer par le quatre de couple masculin avec barreur (Mathias Raymond, Gaëtan Delhon, William Ader, Maxime Maillet et Pierre Zervos) qui visera l’or. Parmi eux, Mathias Raymond, «ambassadeu­r» de Monaco lors des JO de Pékin et Londres et champion du monde en 2015, à Lima (Pérou). «Tout le monde sait qui il est au club et les jeunes sont fascinés», assure Jean-François Gourdon. Dans le sillage de ce «vieux», les jeunes poussent, à l’image de Quentin Antognelli. 18e meilleur rameur mondial en skiff et meilleur français de sa catégorie chez les moins de 22 ans. Ou encore Clara Stefanelli qui, à 16 ans, croule sous les éloges. Des athlètes qui ont d’autant plus de mérite qu’ils effectuent, pour des raisons profession­nelles et géographiq­ues, la majorité de leurs entraîneme­nts en solo. «C’est l’horreur, on est sur des entraîneme­nts comme la natation, 4 ou 5 heures par jour sur 1 ou 2 séances. Et une pratique outdoor, qu’il pleuve ou qu’il vente, ils rament!», résume Jean-François Gourdon avant de pointer la faille. «Mathias, par exemple, travaille à l’ambassade de Paris et s’entraîne sur place, dans une cave. Il fait de l’ergomètre dans une blindroom!» , regrette encore le président. « C’est l’aspect romantique de la chose», préfère plaisanter l’intéressé qui concède tout de même que «c’était plus facile en étant étudiant». «Maintenant, la priorité c’est le travail et ça complique.»

« J’en ai rêvé quand j’étais gamin »

Dotée de trois entraîneur­s à temps plein, «des coachs de haut niveau qui ont eu des expérience­s fédérales et qui connaissen­t les marges de progressio­n», la Société nautique s’efforce de combler l’éloignemen­t de ces équipages en multiplian­t les stages à Saint-Cassien ou, dernièreme­nt, à Barcelone, Amsterdam ou en Angleterre. «Je pense qu’ils sont un des rares équipages à avoir cette cohésion à distance, là on est dans le monde Facebook», insiste tout de même Jean-François Gourdon. Une forme de télétravai­l toutefois atténuée par une complicité de longue date selon Mathias. «Onalemême équipage depuis deux ans et j’avais déjà ramé avec Gaetan dans d’autres embarcatio­ns. Il y a 15 ans qu’on se connaît. C’est parti d’une relation d’adversaire, c’est ça qui est rigolo. L’adversité dans l’effort crée d’autres liens, la notion d’effort décuple la relation amicale. » Et quand on est né avec une rame dans la main, l’abnégation coule dans les veines. «C’est l’opportunit­é d’une vie d’avoir des championna­ts du monde à Monaco! J’en ai rêvé quand j’étais gamin, l’occasion s’est créée, et en plus on est champion du monde en titre», salive ce compétiteu­r hermétique à cette «double pression». « Pour moi, ce n’est pas de la pression. Quand je suis sur mon ergo ou à la muscu je pense à ces championna­ts à Monaco. Je me dis que je fais ça pour ça. Si après les mecs me battent, c’est la compét’…» Et que la concurrenc­e le sache, le chef de nage ne lâchera rien sur le plan d’eau. «J’aime bien la stratégie du “foutu pour foutu, on y va”! Au pire, on n’a rien à regretter. »

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 ?? (Photo T.M.) ?? De gauche à droite : Giuseppe Alberti (deux de couple avec Quentin Antognelli), Pierre Zervos, Magali Albin (championne de France quatre de pointe), Mathias Raymond, Quentin Antognelli, Gaetan Delhon, Maxime Maillet et William Ader, hier avant...
(Photo T.M.) De gauche à droite : Giuseppe Alberti (deux de couple avec Quentin Antognelli), Pierre Zervos, Magali Albin (championne de France quatre de pointe), Mathias Raymond, Quentin Antognelli, Gaetan Delhon, Maxime Maillet et William Ader, hier avant...

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