« Je ne suis pas achetable »
Vous étiez l’inconnu de la primaire. Vous en êtes aujourd’hui la star montante. Pari gagné? Non. Je suis un joueur de rugby, donc je sais faire la différence entre un essai qu’on marque et un essai qu’on transforme. En réalité, les circonstances du débat, ma posture et les convictions qui ont été les miennes font qu’effectivement, je sors comme un des gagnants de cette soirée. Et cela répond à deux attentes des Français: l’émergence de têtes nouvelles et qu’on leur explique la manière dont on voit l’avenir, la façon dont on entend les y préparer.
On vous reconnaît désormais dans la rue, on vous fait signer des autographes? Oui, à la Manif pour Tous, par dizaines. Et les poignées de main ont été nombreuses à l’aéroport de Nice en arrivant chez vous…
Difficile malgré tout d’exister dans ce duel annoncé entre Juppé et Sarkozy? Je suis réputé pour être un homme d’une grande constance. Dans mes convictions, ma manière d’être, mes amis, ma fidélité, ma loyauté. Je n’ai pas d’illusion sur la portée de ce qui s’est passé jeudi dernier. J’ai fait un bond de notoriété qui ne s’est jamais vu d’après les sondeurs. J’ai été, sur Google, l’homme le plus recherché de France, pas par la police mais par les internautes. L’accès à l’expression publique m’est plus facile depuis la semaine dernière. Mais pas le débat public et la confrontation – qui eux n’ont pas changé de périmètre – avec Nicolas Sarkozy ou Alain Juppé.
Vous vous définissez comme un chrétien social, avec des prises de position qui vous font faire parfois le grand écart. De quoi déstabiliser les électeurs ? Ce que vous appelez un grand écart est en réalité une très grande cohérence. J’ai été en contact dans ma vie personnelle avec beaucoup des fragilités que les Français peuvent rencontrer. J’ai retiré, de cette proximité avec les fragilités des uns comme des autres, cette conviction qu’une personne humaine est respectable et digne du tout début de la vie, avant même sa naissance, jusqu’après sa mort. Et j’ai autant d’attentions sur ce que vous considérez comme des thématiques plutôt droitières comme la protection de la vie avant la naissance et à la fin de la vie, qu’à l’égard de ceux qui sont en situation de fragilité extrême, c’est-à-dire les chômeurs, les détenus, ou les toxicomanes et tous ceux qui les défendent. Vous ne disposez pas des mêmes moyens que les autres candidats. Comment financez-vous votre campagne? Nous faisons toutes les trois ou quatre semaines une campagne de recherches de fonds. Et nous avons un système de collecte sur le site du Parti chrétien-démocrate. Nous ne dépensons que l’argent que nous recevons. Le budget de ma campagne est comme celui d’Emmanuel Macron : en marche, et on ne sait pas où il arrivera ! Êtes-vous déjà l’objet de sollicitations en vue d’un ralliement pour le second tour de la primaire? Non. J’ai de toute façon la réputation de ne pas être achetable. Mais si je ne suis pas finaliste, je solliciterai par écrit les deux qui le seront et leur demanderai, sur un certain nombre de questions qui me préoccupe, ce qu’ils comptent en faire dans le projet commun que nous soumettrons aux Français. En fonction des réponses qu’ils m’apporteront, je soutiendrai, ou je ne soutiendrai pas, l’un des deux finalistes.
Vous soutiendrez sans états d’âme le vainqueur de la primaire? Oui, je n’ai qu’une signature, qu’une parole et mon honneur, c’est de les respecter.