Révélations
Plus de trois mois après le sanglant attentat du -Juillet à Nice, les derniers éléments de l’enquête dévoilent la personnalité dérangée du meurtrier.
Ce 14 juillet 2016, il est 23 h 15 lorsqu’une équipe de démineurs arrive devant le Palais de la Méditerranée. Le camion qui vient de semer la mort sur la promenade des Anglais a été stoppé, là, par le feu nourri des policiers qui sécurisaient la Prom’ Party. Le bilan de cette attaque, qui n’a pourtant duré que4minutes et 17 secondes, est à ce jour de 86 victimes et 434 blessés. Mais, alors que les corps jonchent encore le sillage de ce 19tonnes de la mort, on redoute que le bilan ne s’aggrave. Le camion pourrait être piégé. Voilà pourquoi les démineurs ont été appelés en renfort. Avec d’infinies précautions ils ouvrent d’abord les portes arrière de la remorque. Rien, si ce n’est le vélo de Mohamed Lahouaiej Bouhlel et quelques palettes de bois. Un des techniciens se glisse ensuite dans la cabine par la fenêtre brisée de la porte avant gauche. Le corps du présumé terroriste repose inanimé côtépassager. Son arme, un pistolet 7.65, est à ses pieds. Sous la couchette arrière, dans un sac plastique vert, il y a aussi deux répliques grossières de fusils d’assaut ainsi qu’une grenade factice. Dans le vide-poches il y a aussi une seconde arme de poing, également factice. En revanche pas de ceinture d’explosifs. Ce risque écarté, les enquêteurs de la police judiciaire vont prendre le relai. Ils fouillent à leur tour la cabine, à la recherche, cette fois, d’éléments pouvant orienter l’enquête. Et, il n’en manque pas ! Aussi étonnant que cela puisse paraître, Mohamed Lahouaiej Bouhlel n’a pas seulement semé la mort. Il a aussi laissé derrière lui une mul- titude d’indices. Comme s’il voulait guider les policiers jusqu’à ses complices présumés, allant jusqu’à en dresser la liste ! Messages accablants, photos compromettantes, Mohamed Lahouaiej Bouhlel a lui-même fourni certains des éléments qui, au cours de ces trois mois d’enquête, ont conduit à lamise en examen de six complices présumés du tueur. Par amateurisme ? La redondance de certaines preuves, retrouvées en deux, trois, voire quatre exemplaires, interroge. Celui que les enquêteurs décrivent comme un « pervers narcissique », « sadique », a-t-il tenté d’entraîner dans sa folie meurtrière plusieurs de ses proches. Ce qui soulèverait une nouvelle question: celle des motivations réelles de ce terroriste pour le moins « atypique ».