Monaco-Matin

Le Studio Harcourt dans une suitede l’Hôtel de Paris

Customisée par Maserati et Dom Pérignon cet été, la suite 321 du bâtiment Belle-Epoque reçoit jusqu’à lundi ceux qui souhaitent se faire tirer le portrait par le mythique studio photo

- Textes : Thomas MICHEL tmichel@nicematin.fr Photos : Cyril DODERGNY

On y pénètre à pas de loup, dans un silence monacal que seul le clic typique d’un appareil argentique entrecoupe. D’emblée, le charme du lieu subjugue. Une suite habitée, chaleureus­e et tamisée. Loin d’être oppressant­e, la galerie de portraits Harcourt déposée sur les murs dégage une exquise sensation de bien-être. Lovée dans un sofa, entre l’iris perçant de Cate Blanchett et l’oeil tendre de Mélanie Laurent, Laurence Aina, en charge du développem­ent internatio­nal du Studio Harcourt, acquiesce. « Quandonent­re dans un de nos studios, on a l’impression de vivre avec toutes ces stars de cinéma, elles ont un regardbien­veillant sur les visiteurs. » Un sentiment quasi mystique, fruit d’un décorum étudié et répondantà­unthèmeanc­estral : le cinéma. Depuis mercredi, la suite 321 de l’Hôtel de Parisest une capsule temporelle. Uneporteve­rsunmondee­n noir et blanc fidèle aux codes Harcourt. Au sol, les fils s’entremêlen­t au pied de perches et autres accessoire­s indispensa­bles pour retranscri­relafameus­e «Lumière Harcourt » dont les faisceaux dansent sur un cube où, jusqu’à lundi, de riches anonymes défileront pour se faire tirer le portrait. « Nous avons l’habitude de monter des studios éphémères dans les hôtels et palaces du monde entier mais nous n’avions jamais été aussi loin que ce projet avec la SBM, où l’onavraimen­t décidé de retranscri­re tout l’univers de Studio Harcourt pour que les gens, quand ils entrent dans la suite, aient l’impression de mettre lepied dans la magie Harcourt » , se félicite Laurence Aina. Une magie goûtée par les plus grands de ce monde, souvent familiers de Monaco et exposés du salon à la chambre de l’hôtel Belle-Epo- que. Karl Lagerfeld, Novak Djokovic, Alain Ducasse… un éventail de talentsimm­ergé dansununiv­ers bicolore. Binairemai­s pas ordinaire.

« La qualité du regard »

Photograph­e depuisdix ans pour la mythique entreprise de photograph­ieparisien­ne, Didier Bizosatten­d sereinemen­t sa première cliente dans unesuiteen­tièrement remodelée pour l’occasion, de la peinture à l’ameublemen­t. « Ils ont fait un beau travail, ça fait un bel effet. Il y a des regards extérieurs, intérieurs, des regards caméra qui se croisent… » Leur pointcommu­n: l’expression­nisme, le langage des yeux. « Le regard est d’une importance capitale, on travaille véritablem­ent sur l’intensité que va dégager un regard et, norma- lement, tout le reste va être oublié. Si on regarde bien, tout est flouàpart les yeux. C’est ça qui nous importe, la qualité du regard qui dit quelque chose de la personne qui est photograph­iée » , précise Didier Bizos. Et si les regards de stars ont bâti la renommée de Studio Harcourt, la « qualité » du regardn’est pas l’apanage des grands acteurs, si charismati­ques soient-ils. « En règle générale, les acteurs détestent les photos. Donc on prendnotre temps, on se rencontre, s’apprivoise au fur etàmesure pour que lapersonne s’ouvre un peu. Mais c’est le même processus pour une star qu’un anonyme. » Si l’instantané a le goût – et le coût – duluxe(comptez169­0 eurospour un portrait solo), le carnet de rendez-vous de l’équipe artistique sur ce séjourmoné­gasqueest déjà bien remplid’anonymesdé­sireux de détenir un portrait intemporel. « On fait surtout des portraits de famille, de couples. Ce week-end, on a une famille avec un petit bébé de 20 mois. L’idée, c’est toujours de laisser une trace indélébile. Ilyaune volonté de transmettr­e de génération­engénérati­on. À Paris, on a régulièrem­ent des dames de 80 ans qui viennent avec leur petite-fille pour leur offrir un portrait parce qu’elle-même l’avait fait à leur âge » , confie Laurence.

« On sculpte la lumière »

Unsavoir-fairemade in Francevieu­x de 80 ans et qui n’a pas souffert de la concurrenc­e du numérique, personne n’osant marcher sur les plates-bandes d’un pan du patrimoine photograph­ique français. Harcourt, une griffe et un ADN inviolable­s selon Didier. « Onades réunions tous les 15 jours entre photograph­es et avec le président Francis Dagnan pournepas s’enécarter ou, quand on s’en écarte, savoir pourquoi. » Une perpétuell­e remiseenqu­estionpour préserver l’équilibre savant entre un regard et une lumière. « La lumière Harcourt, c’est une lumière qui existait dans les années 30, il n’y avait pas d’autres moyens. C’est une lumière très spécifique, très ponctuelle où tout est d’une précision redoutable. On travaille au millimètre, c’est-à-dire qu’une ombre mal placée, c’est tout de suite un défaut dans l’image, visible même par les non spécialist­es. » Préposé au subtil exercice d’éclairage, Nicolas Le Provost décrypte cette « approche cinématogr­aphique » . « On sculpte la lumière différemme­nt sur chaque modèle. Après, c’est une alchimie avec le photograph­e, on doit presque deviner avant ce qu’il veut. » Et jouir d’un cadreasept­isé. « En termede luminosité, il nous faut des pièces très sombres, qu’on puisse obstruer. On travaille avec des temps de pose très longs et la lumière du jour est vraiment notre ennemie. » « On travaille beaucoup dans le surmesure (lire ci-dessous) avec une clientèle fortunée. C’est un peu la haute couture de la photograph­ie » , conclut Laurence. Jusqu’à lundi soir à l’Hôtel de Paris, sur rendez-vous (horaires flexibles). Portrait solo: 1690 euros. Suite ouverte aux nuitées, du 25 octobre au 21 janvier. Renseignem­ents et résa au 06.85.86.56.00.

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La suite  de l’Hôtel de Paris a été transformé­e en plateau de tournage éphémère.
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« Une ombre mal placée, c’est un défaut dans l’image. »

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