Monaco-Matin

Le camp de migrants évacué

Les forces de l’ordre ont investi, dans le calme, les anciens locaux SNCF de Saint-Dalmas-deTende occupés depuis lundi. Vingt-trois migrants ont été évacués, quatre militants interpellé­s

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

C’était devenu inéluctabl­e. Restait à savoir quand le site serait évacué, et dans quelles conditions. Au final, c’est dans le calme que les forces de l’ordreont évacué, hier à l’aube, le camp provisoire­demigrants installé dans la vallée de la Roya lundi soir. Une opération sans incident, qui ne clôt pas pour autant les polémiques autour de l’accueil des migrants dans ce départemen­t frontalier. Comme elle ne met pas fin au périple de ces naufragés de l’Afrique. Sept heures hier. Les gendarmes se présentent en force au bâtiment Les Lucioles à Saint-Dalmas-deTende. Mais la force, justement, ne sera pas nécessaire pour déloger les occupants de cette ancienne colonie de vacances, bâtisse vétuste propriété de la SNCF. La compagnie avait déposé une plainte en référé au TGI de Nice. Le préfet des Alpes-Maritimes avait également alerté le procureur de cetteoccup­ationsans droit ni titre. Illégale, donc. Le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre, est donc venu en personne expliquer le bien-fondé de sa démarche aux responsabl­es du campement. Avec à ses côtés ledirecteu­r de cabinet du préfet François-Xavier Lauch, et le lieutenant-colonel Peglion, emmenant plus d’une centaine de gendarmes du groupement des Alpes-Maritimes et de gendarmes mobiles.

« Situation difficile »

Objectif: obtenir le départ de « ce local désaffecté de longue date, particuliè­rement froid et humide, sans eau ni électricit­é, explique le procureur. Tout le monde s’est retrouvé autour de ces personnes étrangères en situation très difficile, salue Jean-Michel Prêtre. Le bien-être de ces jeunes gens était la priorité de tous. C’est ce qui a été convenu. » À leur arrivée, les migrants étaient une soixantain­e. La plupart ont repris la route sans attendre les forces de l’ordre. Seuls vingt-trois migrants, pour la plupart d’origine érythréenn­e, ont finalement été évacués de ce campement de fortune. Dont dix-neuf se disant mineurs. Ces derniers ont été conduits en bus jusqu’à la Maison des solidarité­s départemen­tales de Menton, en attendant d’être répartis au sein des structures du Départemen­t. Les quatremaje­urs, pour leur part, ont été confiés à la police aux frontières envue d’une réadmissio­n en Italie. Quatre autres personnes ont été interpellé­es et conduites à Nice. Quatre militants associatif­s. Le procureur Prêtre les a « fait entendre dans le cadre d’une procédure pour aide à l’entrée irrégulièr­e sur le territoire français » . Trois d’entre eux ont été libérés en début de soirée, à la grande satisfacti­on des dizaines de militants réunis aux portes de la caserne Auvare. Seul restait Cédric, membre de l’associatio­n Roya citoyenne, qui revendique son aide bénévole aux migrants. Interpellé avechuit Érythréens en août dernier, ceNiçois de 37 ans avait échappé à des poursuites pénales. Il était encore attendu à la gendarmeri­e mardi pour des faits similaires. Qu’en sera-t-il cette fois? Hier soir, JeanMichel Prêtre restait ouvert à tous les scénarios: remise en liberté, comparutio­n immédiate devant le tribunal correction­nel, voire présentati­on à un juge d’instructio­n.

« Geste désintéres­sé »

Hier, dans un communiqué, Roya citoyenne et le collectif inter-associatif­s Paca de solidarité aux réfugiés ont plaidé « l’engagement humanitair­e désintéres­sé ». Ils dénoncent « une opération militaire contraire aux valeurs républicai­nes, et réitèrent leur demande de création d’une structure d’accueil. » Une demande appuyée par JeanFranço­isTéaldi, membrede l’Associatio­n départemen­tale des élus communiste­s et républicai­ns. Eric Ciotti, au contraire, s’est réjoui via Twitter « du démantèlem­ent, comme je l’avais demandé, du campement illégal demigrants clandestin­s. » Le député et président du Départemen­t (LR) a en outre appelé la justice à sanctionne­r ceux qui les avaient aidés. La conseillèr­e régionale Laurence Boetti-Forestier, pour sa part, a dénoncé « des actions illégales, inconsidér­ées et médiatisée­s, qui divisent la société et créent des tensions sans rendre service aux migrants ».

 ?? D.R.) ?? Séance d’explicatio­ns entre les autorités et les militants associatif­s, hier, avant l’évacuation.(
D.R.) Séance d’explicatio­ns entre les autorités et les militants associatif­s, hier, avant l’évacuation.(

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