Le camp de migrants évacué
Les forces de l’ordre ont investi, dans le calme, les anciens locaux SNCF de Saint-Dalmas-deTende occupés depuis lundi. Vingt-trois migrants ont été évacués, quatre militants interpellés
C’était devenu inéluctable. Restait à savoir quand le site serait évacué, et dans quelles conditions. Au final, c’est dans le calme que les forces de l’ordreont évacué, hier à l’aube, le camp provisoiredemigrants installé dans la vallée de la Roya lundi soir. Une opération sans incident, qui ne clôt pas pour autant les polémiques autour de l’accueil des migrants dans ce département frontalier. Comme elle ne met pas fin au périple de ces naufragés de l’Afrique. Sept heures hier. Les gendarmes se présentent en force au bâtiment Les Lucioles à Saint-Dalmas-deTende. Mais la force, justement, ne sera pas nécessaire pour déloger les occupants de cette ancienne colonie de vacances, bâtisse vétuste propriété de la SNCF. La compagnie avait déposé une plainte en référé au TGI de Nice. Le préfet des Alpes-Maritimes avait également alerté le procureur de cetteoccupationsans droit ni titre. Illégale, donc. Le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre, est donc venu en personne expliquer le bien-fondé de sa démarche aux responsables du campement. Avec à ses côtés ledirecteur de cabinet du préfet François-Xavier Lauch, et le lieutenant-colonel Peglion, emmenant plus d’une centaine de gendarmes du groupement des Alpes-Maritimes et de gendarmes mobiles.
« Situation difficile »
Objectif: obtenir le départ de « ce local désaffecté de longue date, particulièrement froid et humide, sans eau ni électricité, explique le procureur. Tout le monde s’est retrouvé autour de ces personnes étrangères en situation très difficile, salue Jean-Michel Prêtre. Le bien-être de ces jeunes gens était la priorité de tous. C’est ce qui a été convenu. » À leur arrivée, les migrants étaient une soixantaine. La plupart ont repris la route sans attendre les forces de l’ordre. Seuls vingt-trois migrants, pour la plupart d’origine érythréenne, ont finalement été évacués de ce campement de fortune. Dont dix-neuf se disant mineurs. Ces derniers ont été conduits en bus jusqu’à la Maison des solidarités départementales de Menton, en attendant d’être répartis au sein des structures du Département. Les quatremajeurs, pour leur part, ont été confiés à la police aux frontières envue d’une réadmission en Italie. Quatre autres personnes ont été interpellées et conduites à Nice. Quatre militants associatifs. Le procureur Prêtre les a « fait entendre dans le cadre d’une procédure pour aide à l’entrée irrégulière sur le territoire français » . Trois d’entre eux ont été libérés en début de soirée, à la grande satisfaction des dizaines de militants réunis aux portes de la caserne Auvare. Seul restait Cédric, membre de l’association Roya citoyenne, qui revendique son aide bénévole aux migrants. Interpellé avechuit Érythréens en août dernier, ceNiçois de 37 ans avait échappé à des poursuites pénales. Il était encore attendu à la gendarmerie mardi pour des faits similaires. Qu’en sera-t-il cette fois? Hier soir, JeanMichel Prêtre restait ouvert à tous les scénarios: remise en liberté, comparution immédiate devant le tribunal correctionnel, voire présentation à un juge d’instruction.
« Geste désintéressé »
Hier, dans un communiqué, Roya citoyenne et le collectif inter-associatifs Paca de solidarité aux réfugiés ont plaidé « l’engagement humanitaire désintéressé ». Ils dénoncent « une opération militaire contraire aux valeurs républicaines, et réitèrent leur demande de création d’une structure d’accueil. » Une demande appuyée par JeanFrançoisTéaldi, membrede l’Association départementale des élus communistes et républicains. Eric Ciotti, au contraire, s’est réjoui via Twitter « du démantèlement, comme je l’avais demandé, du campement illégal demigrants clandestins. » Le député et président du Département (LR) a en outre appelé la justice à sanctionner ceux qui les avaient aidés. La conseillère régionale Laurence Boetti-Forestier, pour sa part, a dénoncé « des actions illégales, inconsidérées et médiatisées, qui divisent la société et créent des tensions sans rendre service aux migrants ».