Ils escroquent euros de jetons: unan ferme
La roue tourne au Casino de Monte-Carlo. Au niveau des tables de jeu, comme pour les escrocs. La preuve! Deux quinquagénaires italiens étaient venus tenter leur chance en mars 2009 sur les tapis verts du célèbre établissement de la SBM. Quand il s’est agi d’acheter les jetons, beau-fils et beau-père tentent une manoeuvre frauduleuse qui ne requiert aucunmatériel sophistiqué. Elle exige toutefois aplomb, audace et toupet.
Autour des chèques
Ils se présentent à tour de rôle au caissier et annoncent leur intention de jouer gros et de s’approvisionner successivement en plaques… Chacun remet alors un chèque en blanc. Ce sera plus commode pour inscrire le montant de la somme globale due à la fin des parties. La vidéosurveillance, en effet, saisit les images où les deuxTransalpins ont leur ordre de paiement à la main. Entre les différents allers et retours roulette-caisse pour s’approvisionner en jetons, ils cumulent une dette de 100000 euros pour l’un et 70000 euros pour l’autre. Quand vient l’heure du règlement, à quelques minutes d’intervalle, ils remplissent leur chèque respectif. Malheur! Chacun a fait une erreur dans le libellé. Quoi de plus normal de tout déchirer pour en refaire un autre en rectifiant le montant… On arrive à la subtilité pour frauder la SFE (Société anonyme monégasque financière et d’encaissement), cette filiale de la SBM avec entre autres fonctions celle de proposer des prêts aux joueurs. Comme par hasard, c’était la dernière formule… Leurs chéquiers respectifs sont vides…
Les prévenus absents à l’audience
« Les employés, poursuit le président Florestan Bellinzona, font signer à chacun une reconnaissance de dette. Les deux compères font la promesse que l’argent sera envoyé dès leur retour en Italie. Un stratagème pour obtenir la confiance de la SFE. Comme les paiements n’arrivent pas, la société dépose plainte. Les deux escrocs sont entendus sur commission rogatoire où ils déclarent ne rien devoir. C’est le Casino qui a essayé de les escroquer, prétexteront-ils: “Il nous a forcés à jouer et on va porter plainte contre la SBM… ” D’autre part, les prévenus n’ont jamais répondu aux convoca- tions et ils sont absents à l’audience… » Pour la partie civile, pareille attitude ne tient pas d’un concours de circonstance fortuit. « Ils procèdent de la même manière! C’est une véritable mise en scène au moment de la période du Grand Prix de F1, certifie Me Thomas Giaccardi, où les caissiers sont débordés. Une peine sévère s’impose comme le remboursement des sommes dues. » La mauvaise foi des deux fautifs ne fait également aucun doute pour le procureur Alexia Brianti. « Ce petit stratagème permet de se débarrasser des chèques de garantie sans rien débourser. Tout a été bien réfléchi pour s’en sortir: de la délivrance des chèques « omnibus » au titre de la reconnaissance de dette, jusqu’à attendre le changement de caissier pour ne pas inspirer d’inquiétude. Neuf mois de prison ferme. » La défense demandera le minimum de la peine assortie du sursis. Après avoir amoindri leur responsabilité, l’avocat fera ressortir le manque de condamnation pour un d’entre eux… Le tribunal condamnera respectivement les deux escrocs à une peine d’un an de prison ferme avec mandat d’arrêt et le paiement de 180000 euros à la SFE.