Jacques Toubon: « L’afflux de migrants doit être relativisé »
À hier, le Défenseur des droits dit souhaiter l’ouverture des voies légales d’immigration pour garantir la protection des personnes contre le trafic des êtres humains
Jacques Toubonaparticipé, hier àMonaco, àunséminairedel’association des ombudsmans ( et médiateurs de la francophonie. L’occasion pour le Défenseur des droits d’évoquer la triste situation des migrants.
Qu’enest-il du démantèlement de Calais aujourd’hui? Le octobre, j’ai adressé un courrier au ministrede l’Intérieur sur mes inquiétudes quant aux conditions dans lesquelles allait sedérouler le démantèlement du camp, notamment à l’égarddumillier de mineurs non accompagnés. Je n’ai jamais cessé de pointer les conditions de vie indignes dans lesquelles se trouvent les exilés de Calais. À la suitedurapport que j’ai publié en octobre , leConseil d’État a constaté les carences de l’État, encontravention avec les obligations que nous impose la Convention européenne des droits de l’homme. Ledémantèlement projeté, s’il n’est pas suffisamment anticipé, n’offre pasdesolutions alternatives sérieuses (hébergement, continuitédes soins, prise en charge des mineurs) et ne règle en rien le problème mais l’aggraveen fragilisant davantage les exilés. Or, malgré les efforts importantsdu gouvernement, nous sommes encore loin du compte.
Lespayseuropéens ne sont-ils pas dépassés par ce flux migratoiremassif? L’afflux de migrantsenEurope doit être relativisé: il y a près de millions de personnes déplacées dans lemondedont la grande majorité à l’intérieur de leur propre pays. Ensuite, les pays accueillant le plus grand nombrede réfugiés sont ceux qui sont limitrophes des zones de conflits. De plus, laFrance amoins accueilli que d’autres pays européens: plus d’un tiers des demandesd’asile sont déposées en Allemagne, la France, se situe en position, après la Hongrie et la Suède. Cesont des faits. Et puis, regardons les choses autrement: la Le Défenseur des droits Jacques Toubon était au MonteCarlo Bay, hier, dans le cadre d’un séminaire de l’association des ombudsmans et médiateurs de la francophonie. Suèdeaconnu, fin , un taux de croissancede , % qui n’était pas prévu par les économistes. Ces données pourraient être liées en partieàune « dynamique des migrants ». Une seule solution: l’ouverturedes voies légales d’immigration. C’est la seule garantie à laprotectiondes personnes contre le trafic des êtres humains. Beaucoup d’outils juridiquesexistent pour permettre àdes personnes qui fuient la guerreou ladictaturedevenir demander l’asile en Europe, sans risquer de se noyer ou d’être exploitées par des passeurs.
Deux migrantsdeVintimille sont décédés accidentellement depuis ledébut du mois… Lesmigrants arrivent en Europe au péril de leur vie. Alorsqu’ils sont pratiquement au bout de leur parcours, ils prennent davantage de risques pour gagner l’Angleterre. J’ai constaté, à travers les réclamations dont je suis saisi, que le défaut d’anticipation de ces opérations d’expulsion est contreproductif puisqu’il ne fait que déplacer leproblèmevers un autre site, imposant aux exilés un « nomadisme » forcé au lieu de leur proposer unesolution d’hébergement.
Bloquer les frontières, est-ce seulement acceptable? L’objectif de « sécurisation » des frontières n’est en rien dissuasif. Ces fermetures augmentent le prix des passeursqui, eux, parviennent àemprunter des voies toujours plus risquées. La prise de risque est alors plus importantepour les exilés les plus démunis, les femmes et surtout les enfants.