Les parts d’ombre de Jean Ferrat
Documentaire Un jour un destin, sur France 2, retrace la vie de l’artiste à travers les paroles engagées de ses oeuvres.
Jean Ferrat, chanteur engagé et poète idéaliste, dontledestinépousacelui d’une France ouvrière et rurale, est conté dans un documentaire signé Alexis de La Fontaine. Il met aussi en lumière la déportation de son pèreetlerôlemajeurdesapremière épouse, Christine Sèvres. AvecLaMontagne, JeanFerrat atouchélecoeurd’uneFrance redessinéeparl’exoderural, et de l’Ardèche, celle d’Antraigues-sur-Volane, où il s’est retiré si simplementdans les années70. Unjour, undestin offre un portrait intime et politique deJeannéTenenbaum, discret surl’histoiredesonpère, mort à Auschwitz, et dont il évoque la déportation dans Nuit et brouillard ou Nul ne guérit de
son enfance. Il respectera sa mémoireensedémarquantdu déni des communistes sur les campssoviétiques. « JeanFerrat, c’estunelame. Sa sincérité et son intégrité forcent le respect. Sa trajectoire est rectiligne, mais libre. Il n’a jamais été encarté au PCF et s’estrapprochédeJoséBové », rappelleAlexisdeLaFontaine. Enpleineépoqueyé-yé, la gravitépoétiquedeschansonsde Ferrat tranche, maissonengagementauprèsdeses « compagnonsderoute » etsonvoyage àCubaleporteront. « Ilétaitextrêmementpopulaire. Luiquia été censuré pourMaFrance et dontl’entretienàfleuretsmouchetésavecGeorgesBrassens dans L’invité du dimanche [en 1969, ndr] a fait scandale à l’ORTF a obtenu d’excellentes audiences! » GrâceausoutienduDauphiné
Libéré, Alexis de La Fontaine a retrouvé une vidéo inédite de Jean Ferrat chantant à Boulogne-Billancourten1968. Enfin, l’interview télévisée de ChristineSèvres, sonépouseàl’époque, dans laquelle elle avoue devant un Jean Ferrat gêné, avoirsacrifiésacarrièreauprofit de celle de sonmari est touchante. « C’étaituneinterprète, luiunauteur, elle lui a appris à setenirenscèneetapportéune part plus intellectuelle à son engagement. » Les témoignages de Pierre, le frère aîné de Jean Ferrat; de la chanteuse Francesca Solle- ville, quiaconnulesannéescabaretducouple; dePierreGougaud, parolier et ami et de Colette, sa seconde épouse, apportent toutes les nuances nécessaires à la compréhension de l’homme. « La famille Tenenbaum a coopéré sans restriction; en revanche, GérardMeys, sonproducteurarefusé de s’exprimer » avoue le réalisateur, quiévoquefortpeu Aragonet lapoésie.