Les paquets de cigarettes neutres bientôt en vente
En janvier prochain, les buralistes ne mettront en vente qu’un seul et même type d’emballage de cigarettes. La profession s’estime lésée par rapport aux pays frontaliers et envisage des alternatives
Àpartir du 20 novembre prochain, les bureaux de tabac ne recevront plus qu’un seul et même type de paquet de cigarettes. « Seule la marque, inscrite en tout petit au bas du paquet, de façon standardisée, permettra de les distinguer » , commente, amer, Pierre Romero, secrétaire général des buralistes du 06. Ces derniers auront ensuite jusqu’au 31 décembre pour écouler tous les stocks d’étuis actuels. Au 1er janvier, seul le paquet neutre, mesure phare du projet de loi de santé de Marisol Touraine, sera mis en vente. Depuis le 20 mai dernier, les fabricants de tabac n’ont donc plus le droit de fabriquer pour le marché français des paquets de cigarettes traditionnels. Même sort pour les cartouches ou le tabac à rouler. Fortement porté par la ministre de la Santé Marisol Touraine durant quatre ans, le paquet neutre constitue pour le gouvernement une victoire en matière de lutte contre le tabac, vivement combattu par les industriels et les buralistes. Il est aujourd’hui source de crispation supplémentaire pour des buralistes qui s’estiment une nouvelle fois pris en otage de mesures contre- productives : « Déjà, il est très contraignant pour nous. Les mises en rayon sont compliquées. C’est, en outre, un bel exemple de marketing inversé. Les clients nous disent
qu’ils trouvent ça moche et peu pratique » .
Protéger les jeunes
C’est sans doute la volonté du gouvernement qui cherche un nouveau moyen d’enrayer la vente du tabac qui « tue prématurément 73000 Français tous les ans, soit 13 % de lamortalité globale », rappelle au passage le Comité natio-
nal contre le tabac. « Plus de 200000 enfants et jeunes adolescents tombent chaque année dans le piège de la cigarette », indique encore l’association. Et c’est précisément cette jeune cible que le paquet neutre pourrait dérouter. « Le paquet de cigarettes a été, pendant des décennies, un support de communication essentiel pour l’industrie du tabac dans le recrute- ment et la fidélisation des consommateurs, plus particulièrement auprès des jeunes, au même titre qu’un vendeur muet », explique encore le CNCT. « Personne dans la profession ne remet en cause la dangerosité du tabac. Nous sommes mêmes les premiers à faire de la pédagogie et de l’information auprès des jeunes » , indique M. Romerodans son établissement La GrandeOurse, à Juan-les-Pins. Ce n’est pas ce qui ressort d’une étude publiée dans la revue des maladies respiratoires qui pointe, justement, le nombre élevé de jeunes fumeurs, mineurs, qui disent acheter quotidiennement leurs clopes chez le buraliste.
buralistes en moins en
Pour autant, M. Romero persiste en disant que le gouvernement fait fausse route et se trompe de cible. « Que l’on arrête de nous taper dessus, encore et encore. Inlassablement. Nous sommes déjà le pays parmi les plus chers d’Europe pour les cigarettes. Je pense que les clients vont simplement aller les acheter ailleurs. En Italie ou en Espagne, où les paquets sont normaux et où elles sont moins chères. Cela va ouvrir également en grand la porte de la contrefaçon… Pour moi, une remise à niveau, à l’échelle de l’Europe, du prix du paquet, avec un maintien des prix actuels en France, aiderait plus efficacement à faire diminuer la vente. Or, aujourd’hui on diminue la vente en France, mais pas le nombre de fumeurs » . En chef d’entreprise, Pierre Romero rappelleque 1500 buralistes ont tiré le rideau en 2015. « Seraisje le prochain? Je demande juste le respect pour une profession qui reste le premier lien de proximité des clients » .