L’Italie se prépareàaccueillir les migrants secourus
Après une semaine qui a vu quelque 8500 migrants secourus au large de la Libye et au moins une cinquantaine demorts ou disparus, l’Italie se prépareàaccueillir ces nouveaux arrivants, avec une inquiétude particulièrepour lesnombreux mineurs non accompagnés. Alors que les gardes-côtes italiens ont annoncéavoir coordonné lesauvetage d’environ 400 migrants hier au large de la Libye, deux navires ont d’abord débarqué dans la journée plus de 460 personnes secourues les jours précédents àNaples et 625 autresàCatane (Sicile). Un autre, le pétrolier Okyroe, réquisitionné par les gardes-côtes italiens, était attendu dans la soirée à Augusta (Sicile) avec 800 passagers. La route sera plus longue pour les 840 migrants de la Werra, un navire allemand de l’opération européenne antipasseurs Sophia, attendus aujourd’hui àMessine (Sicile), et davantage encore pour les 520 à bord du navire humanitaire Aquarius, qui arriveront demain à Tarante, sur le talon de la botte italienne.
Un bébé né prématuré à bord
Quand aux 1093 migrants recueillis par le SiemPilot, unnavirenorvégien engagé dans le dispositif de l’agence européenne de contrôledes frontièresFrontex, ils ontdû faireundétour hiermatin par l’île de Lampedusa pourydéposer deux nouveau-nés et leurs familles. Le plus jeune est né dans la nuit, dans un conteneur aménagé en infirmerie sur le pont ; prématuré, il ne pèse que 1,250 kilos. Le navire est attendu ce matin à Palerme (Sicile). Pour l’Italie, qui a vu débarquer déjà sur ses côtes près de 150000 migrants cette année et plus de 500000 depuis l’été 2013, ces arrivées massives sont de l’ordrede laroutine. Achaque fois, des carsattendent lesmigrants pour les répartir à travers toute la péninsule. « Police, Caritas, protection civile, tout le monde est mobilisé. La machine est en route et le premier accueil fonctionne bien » , a assuré Raffaele Del Giudice, maireadjoint de Naples. Mais contrairement aux années précédentes, la géné- ralisation de l’identification à l’arrivée et la fermeture de facto des frontières au nord bloque en Italie des migrants qui pensaient poursuivre leur périple vers l’Europe du Nord.
Un coût de plus de trois milliard d’euros par an
Résultat, les centres d’accueil hébergeaient en début de cette semaine près de 165000 personnes, soit 60% deplus qu’il y a un an, et près du triple d’il y a deux ans. Et ce dans des conditions difficiles: nombredegestionnairesdeces centres – souvent d’anciens hôtels ou centres de loisirs réaménagés – n’ont pas touché un centime depuis le printemps. Selon le projet de budget envoyé le 15 octobre par le gouvernement italien à Bruxelles, l’Italie a dépensé 3,3 milliards d’euros en 2015 pour faire face à l’urgence migratoire, et prévoit entre 3,3 et 3,8milliards cette année. Uneffortparticulier devra être fait en faveur des mineurs non accompagnés, le plus souvent des adolescents de 15 à 17 ans: l’Italie en a vu arriver près de 20000 cette année, soit déjà au moins 50% de plus qu’en 2014 et 2015. La Chambre des députés doit examiner à partir d’aujourd’hui une proposition de loi pour mieux les accueillir, et s’assurer qu’ils ne fuguent plus par milliers des centres d’hébergement.