Monaco-Matin

GérardBarb­a se dévoile

Désormais en négociatio­ns exclusives avec Mourad Boudjellal, celui qu’on a présenté comme un producteur de cinéma est sorti de sa réserve pour nous éclairer sur ses projets au RCT

- PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE BERSIA

Rattrapé par les fantasmes populaires et les doutes croissants quant à sa véritable surface financière, GérardBarb­a est sorti ce week- end de sa réserve. Accompagné de son ami Lucien Simon et de son conseil Benoist Lombart, le possible future propriétai­re du RCT nous a donné rendez-vous dans les salons chics de l’hôtel Le Meurice, rue de Rivoli à Paris. Gérard Barba,  ans, a fait ses premiers pas dans le transport et la logistique en France, son vrai métier. Mais c’est aux États-Unis, où il est parti s’installer voilà déjà une vingtaine d’années, qu’il a fait fortune, non pas dans le cinéma, mais dans le transport et la logistique de produits pharmaceut­iques . Il a toujours eu le goût de l’aventure et des voyages. Et c’est cemot « aventure », assorti du qualificat­if « humaine », qui continue de guider ses pas aujourd’hui. Dans le cinéma depuis peu, et peut- être bientôt dans le rugby… Pas question, pour l’instant, de tout dévoiler de ses projets, bien sûr. Ni même d’aller plus vite que la musique, même si la tendance est plutôt bonne à ce jour. 1. La vente de sa société (Marken) en 2009 aurait été réalisée au-delà dumilliard d’euros.

Pourquoi tant de mystère, Monsieur Barba? Je n’ai jamais voulu être dans la lumière, ce n’est pas quelque chose qui m’intéresse. Je suis un homme d’affaires, j’aime bien faire dubusiness, j’aime les aventures humaines, l’aventure tout court, le challenge. Communique­r sur moi, ce n’est pas intéressan­t, surtout dans le cadre des affaires où il faut toujours attendre que les choses soient signées avant de parler.

Vous vouliez d’ailleurs attendre que le projet avance avant de communique­r. C’est le cas? Je lis des choses qui me gênent: le mec qui fait deux films et qui débarque pour acheter Toulon, cela ne fait pas très sérieux. Des informatio­ns erronées circulent. On n’a pas finalisé l’opération, mais sur la communicat­ion, il y a des erreurs. Je suis effectivem­ent producteur de films, mais ce n’est pas l’origine de ma fortune, et je comprends que « producteur de cinéma » ça puisse faire fantasmer…

Quel rôle a joué Lucien Simon (l’ancien président du Pays d’Aix, à l’initiative­du projet)? Avec Lucien, on avait déjà parlé d’un éventuel projet dans le rugby il y a quatre ans. Il m’avait parlé rugby avec passion et il m’a communiqué sa fibre. Àun moment, je lui ai demandé s’il n’y avait pas un truc à faire dans le rugby en France. Là, ilme dit: « Peut- être, faut voir… » Depuis, on s’est appelé régulièrem­ent, on se parlait un peu de rugby, on se racontait nos aventures. Et quand il m’a appelé voilà quelques mois pour me dire qu’il y avait quelque chose à faire auRCT, le lendemain j’ai pris l’avion…

Où en êtes-vous après plusieurs

semaines de tractation­s? C’est en cours. On est en négociatio­ns exclusives et on est dans les phases techniques, d’analyse. Nous sommes toujours dans la phase où l’on recueille la documentat­ion juridique et financière des entités qui composent le RCT. Il faut que l’on comprenne bien ce système que Mourad connaît par coeur. Ce n’est pas achevé. C’est pour ça qu’on ne voulait pas communique­r jusquelà. Il nous reste quelques semaines avant d’en finir avec ces travaux.

L’offreporte bien sur l’intégralit­é des parts de Mourad Boudjellal, soit % ? Oui.

Que pensez-vous de la gestion actuelle du RCT? Le RCT est un grand club qui a existé avant moi et qui existera après. Ce n’est qu’une aventure humaine pour moi. Ce qu’a fait Mourad est tout simplement extraordin­aire. On ne peut riendire d’autre. Quel président de club peut se vanter d’avoir gagné autant de trophées en si peu de temps? Je veux reprendre le flambeau pour essayer d’entretenir la flamme. Le RCT est là aujourd’hui, et on ira encore plus haut, si l’on peut…

Vous avez déjà défini clairement vos objectifs? On travaille là-dessus. Ce n’est pas encore tout à fait défini. Il faudra mettre les moyens nécessaire­s pour maintenir le club au top. C’est ça le premier objectif, sinon le challenge n’aurait aucun intérêt. On fera ce qui est nécessaire pour que le RCT soit toujours un des plus grands clubs au monde.

Vous le ferez seul financière­ment? Gérard Barba a rétabli quelques vérités, samedi après- midi à Paris. Le potentiel repreneur du RCT a surtout fait le point sur la situation et l’avancée des négociatio­ns.

Oui. Mais dans le business, onne fait pas les choses seul, il faut savoir s’entourer…

Concrèteme­nt quel est le calendrier de ce projet? On est toujours en négociatio­ns, mais je pense que Mourad veut finir la saison, c’est tout à son honneur, même si tout est envisageab­le…

Que pourriez-vous direpour rassurer les supporters du RCT aujourd’hui, notamment en terme de recrutemen­t? Resterezvo­us dans la lignée de Boudjellal si l’opération aboutit? On fera toujours en sorte de ramener les meilleurs joueurs qu’on peut. C’est sûr. On fera des coups avec ceux qui sont les meilleurs et qui correspond­ent à l’identité du club. Mais pour moi, la formation est aussi fondamenta­le. Il faut que Toulon soit capable de sortir des joueurs issus du club et de la région. C’est vital.

On évoque d’autres projets de reprises, venant également des États-Unis mais aussi d’Iran. Cela vous gêne-t-il? Quand on vient du monde du business, ça fait partie des règles du jeu. Ce sont des codes. On n’en a pas parlé directemen­t avec Mourad mais, sur ce sujet, je suis vraiment imperturba­ble.

On a évoqué des sommes de  à  millions d’euros pour la reprise des parts de Mourad Boudjellal. Leniveaude la transactio­n est-il toujours confidenti­el? Oui.

Quel est votre sentiment aujourd’hui sur l’issue des négociatio­ns? S’il était négatif, onn’en serait pas là. Maintenant, c’est lancé, on va essayer d’aller au bout. Pour communique­r avec la presse, il faut avoir des choses à dire. Aujourd’hui, il fallait parler pour clarifier des choses et parce qu’on se rapproche du but. Il faut préparer tout ça. Le RCT n’est pas n’importe quelle équipe, Mourad n’est pas n’importe quel homme...

Vous semblez quelqu’un de très discret. Vous forcez votrenatur­e aujourd’hui? J’ai l’air? Non, j’aime bien parler si j’ai quelque chose à dire. Sinon, cela n’a aucun intérêt. Moi, ce qui me plaît, plus que tout au monde, c’est l’aventure humaine. J’aime les challenges. Par exemple, je pilote un avion de temps en temps. Comme tous les enfants qui ont été un peu frustrés, jeme rattrape quand j’en ai l’occasion.

Contrairem­entàMourad Boudjellal, vous comptez rester au second plan si vous devenez le patron? Je ne serais jamais venu s’il n’y avait pas eu Lucien. Je ne vois pas ce que je viendrais faire seul làdedans. Moi, je vois très bien comment ça peut fonctionne­r et encore une fois, jeme répète, je ne suis pas quelqu’un qui a besoin d’être devant. C’est à Lucien de parler rugby. Moi, je ne suis pas Mourad.

Avez-vous déjà penséàun éventuel organigram­me? On n’y est pas tout à fait, mais on y pense. Aujourd’hui, je peux seulement dire que Lucien va diriger. C’est son projet, c’est l’homme de la région…

On ne vous verradonc pas beaucoup au stade? Je serai beaucoup plus aux ÉtatsUnis ou ailleurs qu’en France pour développer mes affaires, mais aussi vivre mes passions… Mais pour tout vous dire, j’ai déjà commencé à chercher un logement à Toulon. La région est magnifique, et pour moi, la mer reste vraiment le top. J’ai habitéMiam­i quatorze ans et je verrai aussi la mer à Los Angeles. Depuis toujours, pour moi, Toulon c’est le rugby et la rade.

Comptez-vous vous inscrireda­ns le temps avec leRCT? Je n’ai que  ans. Je ne devrais pas mourir demain. Je vais essayer de faire les choses dans le temps. À faire un coup, il y a beaucoup mieux à faire. Je ne suis pas là pour l’argent. Ce qui m’intéresse, c’est l’aventure humaine. Faire partie de quelque chose et avoir un projet en commun. Mais il est évident qu’un jour, il faudra passer la main. Je serai là autant de temps que j’aurai du plaisir à y être, que Lucien sera avecmoi, et que les gens seront contents de nous voir. Et si ça ne se passe pas très bien, on se battra. C’est la vie, c’est comme ça…

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(Photo Philippe Dobrowolsk­a)

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