Kidnappée!
Jacqueline Veyrac, propriétaired’unpalacecannois, aété enlevée en pleinerue à Nice hier midi. La police recherche les ravisseurs masqués de la septuagénaire.
Invraisemblable. Effarant. Glaçant. Le kidnapping qui s’est joué hieràNice, enpleine rue, en plein jour, a laissé riverains et proches abasourdis. Jacqueline Veyrac, 76 ans, riche propriétaire de biens immobiliers à Nice et Cannes, adisparuce lundi dans les entrailles d’un véhicule utilitaire blanc. Embarquée de force vers une destination inconnue. Une trace que cherchent à remonter les limiers de la crim’, lancésàperdrehaleine dans une affaired’ores et déjà hors du commun. « C’était comme au cinéma » , selon une connaissance de la victime. La scène survient hier, entre 12h15 et 12h30, avenue Emilia. Une discrète ruelle attenante au très passant boulevard Gambetta, en lisièreduquartier des Musiciens où réside Jacqueline Veyrac. La septuagénaire vient de stopper son véhicule quand en surgit un autre. Ce fameux utilitaire blanc, à bord duquel ont pris place au moins trois individus.
« Extirpée de l’habitacle »
Deux d’entre eux mettent pied à terre, visage dissimulé, et empoignent la malheureuse. « Il semble bien qu’ils l’aient extirpée de son véhicule à l’arrêt », explique leprocureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre, à la lueur des premières constatations de la police judiciaire. « Ils l’emmènent de force, en lui cachant le visage avec une serviette, un tampon ou une écharpe, jusqu’à leur véhicule utilitaire où attend le conducteur. Puis le véhicule part très vite. » Aussitôt, un témoindonne l’alerte : « Kidnapping ! » Le signalement du véhicule des ravisseurs est diffusé dans la foulée sur les ondes de la police et de la gendarmerie. Sans succès. L’inquiétant utilitaire s’est volatilisé quelque part dans les rues de Nice. Vers où ? Avec qui ? Et dans quel but ? Telles sont les principales interrogations qui se présentent aux enquêteurs. Des équipages de police nationale sont dépêchés sur les lieux du rapt. Mais au regarddes circonstances, l’enquête est rapidement confiée à l’antenne niçoise de la PJ. Acharge pour la brigade criminelle d’élucider cette affaire rocambolesque.
Investigations tous azimuts
« Les investigations se dirigent dans trois directions, indique le procureur de Nice. D’une part, les circonstances dans lesquelles les protagonistes ont agressé cette dame, à travers un travail d’environnement destiné à obtenir une description. D’autre part, un travail de police technique et scientifique sur la voiture deMme Veyrac. Enfin, un travail de traçage du parcours des auteurs du rapt. La circulation du véhicule fait l’objet de toutes les attentions de la part des enquêteurs. » Selon les éléments recueillis hier, aucune arme n’aurait été aperçue lors de l’enlèvement. Les malfaiteurs n’en ont pas eu besoin pour emmener leur proie. Leur acte n’en reste pas moins d’une violence sidérante, a fortiori au regard de la vulnérabilité de la victime. « C’est une personned’un certainâge. Nous sommes en train de faire le point avec ses proches pour savoir si elle souffre de problèmes de santé » , confiait hier soir Jean-Michel Prêtre. Mais ce sont bien les mobiles de l’agression qui places les enquêteurs face à une multitude de pistes. Différent d’ordre personnel ? Ou lié à ses affaires ? Jacqueline Veyracest notamment propriétaire de deux pépitesdupatrimoine azuréen : le Grand Hôtel de Cannes et le restaurant La Réserve à Nice. Mais il est bien trop tôt pour relier ce rapt aux convoitises suscitées par sa fortune.
Précédent avorté en
« D’après les témoignages, cette dame n’a pas eu de différent récent. Cela ne semble donc pas être la suite ou l’épilogue d’un épisode qui venait de se passer » , déduit le procureur. Fait troublant enrevanche : Jacqueline Veyrac avait été victime d’une tentative d’enlèvement avortée en 2013. A proximité de son domicile, déjà. Un antécédent forcément scruté de prêt par les enquêteurs. « Mais il serait imprudent de privilégier une piste à ce stade » , tempère le procureur. Les malfaiteursont manifestement « attendu le bon moment pour procéder à cet enlèvement » , se borne à remarquer Jean-Michel Prêtre. Reste à savoir si, derrière cet acte prémédité, se cachent « des proches, des relations d’affaires ou des délinquants “classiques” qui cherchent à faire chanter de riches personnes. Un scénario qui, heureusement, existe davantage au Mexique que sur la Côte d’Azur... »