Monaco-Matin

Un médecin primé pour son traitement contre lezona

Le chef de service du Centre Hospitalie­r Princesse-Grace vient de recevoir le premier prix de radiologie interventi­onnelle. Encore une belle reconnaiss­ance pour ce surdoué de la médecine

- JOËLLE DEVIRAS jdeviras@monacomati­n.mc

Les qualités du docteur Philippe Brunner ne sont pas uniquement dans le maniement de son aiguille courbe qu’il enfile partout, du cerveau au pancréas, parce qu’ « il faut tout infiltrer » , pour reprendre la phrase de Ben rédigée sur un tableau noir exposé dans le bureau du chef de service de radiologie du Centre hospitalie­r Princesse- Grace. L’artiste niçois, qui a créé cette oeuvre originale connaît manifestem­ent très bien le Monégasque… Qu’on ne s’y trompe pas : Philippe Brunner n’est pas le médecin des célébrités, peut-être la star des médecins pour les célébrités mais aussi pour tout le monde. Car c’est tous les jours que le radiologue intervient sur des patients souvent atteints de pathologie­s graves et ses actes sont pris en charge par la Caisse sociale, sans dépassemen­t d’honoraires. Et outre ses compétence­s et sa dextérité, le chef de service est porté par la bienveilla­nce et l’empathie. « Si je peux apporter quelque chose aux gens, je suis l’homme le plus heureux du monde. »

Une première pour un médecin

À Paris, au congrès de la Société française de radiologie qui a rassemblé 22 000 profession­nels, il vient - encore - de rafler le premier prix de radiologie interventi­onnelle pour ses traitement­s percutanés du zona. De tous les zonas ! Après des récompense­s en 2002, 2003, 2 004 et 2014, c’est donc un cinquième prix. Du jamais vu pour un médecin. « Le zona est une récidive localisée de la varicelle. Il touche une personne sur deux de plus de quatreving­ts ans. Souvent, le virus se manifeste au niveau intercosta­l. Mais il y a aussi 15 % de zonas ophtalmiqu­es qui sont les plus douloureux et peuvent même conduire à des pulsions suicidaire­s. Il y a trois ans avec le professeur André Muller, un grand médecin de la faculté de Strasbourg qui travaille sur la douleur, j’ai mis au point une technique. » Il s’agit d’atteindre les ganglions où le virus s’est niché à l’état latent, parfois durant plusieurs décennies, et qui, soudain, est réactivé.

D’une à cinq infiltrati­ons pour venir à bout de la maladie

Si le zona se traite en quelque trois semaines sans complicati­on chez le jeune patient, la difficulté croît avec l’âge… « En cas de zonas ophtalmiqu­es, je rentre aux portes du cerveau avec mon aiguille courbe, jusqu’au ganglion de Gasser. Là, j’infiltre un dérivé cortisoné et un sérum salé. » Pour quels résultats ? « Ça marche d’autant mieux que le zona est précoce. C’est alors presque du 100 % de réussite! Si le zona est installé depuis de nombreux mois, à la phase aiguë, je diminue les douleurs et raccourcis l’évolution. Il faut, dans ce cas, deux à cinq infiltrati­ons. » Depuis ce prix que viennent de lui décerner ses pairs, le docteur Brunner reçoit des messages du monde entier. Sur son portable, il fait défiler les SMS de félicitati­ons. Des noms connus… très connus du monde politique et du sport. Au service de radiologie, il est sollicité par de nombreux patients. Des inconnus qui ont souvent tout essayé et voient, dans la technique du docteur Brunner, l’opération de la dernière chance. Une opération sous anesthésie locale, rien de plus. « Ils viennent de partout ! Ça prend une ampleur incroyable. » Hier matin, trois malades sont passés entre les mains du radiologue. Et pour cause : la douleur est intense (« les malades ont des brûlures, des démangeais­ons, le sentiment que ça ronge à l’intérieur ») , « il y avait une impasse thérapeuti­que et je crois être le seul à intervenir ainsi », explique le docteur Brunner. Et avec ses interventi­ons sur les zonas ( qui ne comptent pas moins de 300 000 nouveaux cas par an en France), le docteur Philippe Brunner risque certaineme­nt d’être « l’homme le plus heureux du monde » , mais aussi le plus occupé.

Savoir + Service de radiologie, docteur Philippe Brunner. Centre hospitalie­r PrincesseG­race. Tél. 97.98.99.00.

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(Photo Michael Alesi) Quand on lui demande comment il parvient à accumuler autant de prix de la société française de radiologie, le docteur Philippe Brunner aime citer Albert Einstein: « L’imaginatio­n est plus importante que la connaissan­ce. »

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