Monaco-Matin

Cannois kidnappéeà­Nice

Une passante a été témoin de cet enlèvement brutal

- CHRISTINE RINAUDO crinaudo@nicematin.fr

« Moi, je n’arrête pas de penser à elle. J’imagine sa terreur. On l’aime beaucoup vous savez... » Bouleversé­e la responsabl­e de la Pharmacie Gambetta. Comment ne pas l’être? Un moment auparavant, une de ses clientes a été sauvagemen­t kidnappée avenue Emilia. Une ruelle, en fait, située entre la pharmacie et la station- service de la place Franklin, formant un trait d’union entre le boulevard Gambetta et la rue Guiglia, dans le quartier des Musiciens. Une rue étroite, déserte, calme, qui jure avec le brouhaha de Gambetta, en proie à un trafic routier permanent et celui, poussiéreu­x, des travaux du tram, sur Victor-Hugo et Guiglia. Une ruelle passant derrière les cours intérieure­s des immeubles bourgeois, érigés entre l’avenue Emilia et la rue Kosma, de l’autre côté. Le versant chic aux façades bourgeoise­s ornées de balustres crème, bordées de jardinets tranquille­s, face au square Alsace-Lorraine.

Deux personnes à bord d’une fourgonnet­te

Que s’est- il passé exactement peu après midi? Une employée de la pharmacie, qui se trouve à l’extérieur de l’établissem­ent, entend un bruit sec. Elle tourne la tête, aperçoit un véhicule utilitaire blanc qui vient de heurter une borne métallique en se garant brutalemen­t avenue Emilia, non loin de l’officine. Qui pourrait penser que de cette voiture anonyme, vont surgir deux individus animés d’intentions criminelle­s? Personne. D’ailleurs l’employée fait demi-tour et retourne travailler. Elle et ses collègues comprennen­t mieux ce qui s’est tramé, un peu plus tard, lorsqu’une dame se précipite en pleurs dans la pharmacie en criant : « Appelez la police, je Un témoin de la scène s’est précipité dans la Pharmacie Gambetta pour donner l’alerte. Jacqueline Veyrac venait d’y faire quelques achats avant de rentrer chez elle à pied. Puis d’en ressortir à bord de son véhicule.

viens d’assister à un kidnapping! » Effectivem­ent, cette personne est, a priori, le seul témoin d’une scène digne d’un thriller: les deux occupants du véhicule ont surgi de l’habitacle, se sont jetés sur une passante âgée qu’ils ont extirpée de son véhicule à l’arrêt, lui ont dissimulé le visage à l’aide d’un tissu, avant de la précipiter à l’arrière de la fourgonnet­te puis de démarrer en trombe pour s’évaporer dans le vacarme urbain. On parle d’un circuit par la rue Verdi en sens interdit. Le patron d’un bar de la rue en

question, n’y croit pas: « Je suis là depuis 9 heures du matin. Si le véhicule avait pris la rue en sens opposé, je l’aurais vu, il y aurait eu forcément collision avec d’autres voitures. De toute façon, il y a une caméra au début de la voie...»

« Un amour de femme »

La victime? On la connaît bien dans le coin. Il s’agit de Jacqueline Veyrac, 76 ans. Une figure du quartier. Elle habite rue Kosma. Peu avant les faits, elle était rentrée chez elle, à pied, à deux pas

de la pharmacie. « Elle sortait de chez nous, explique Marilla, la patronne de la pharmacie, encore sous le choc. Elle avait fait quelques achats... Un amour de femme. Appréciée de tout le monde. Très agréable, très humble. » Pas snob du tout d’après des riverains rencontrés sur place. Une dame « simple » en dépit de son appartenan­ce à une famille de notables. Jacqueline Veyrac, veuve, mère de trois enfants, possède, en effet, de nombreux biens immobilier­s de valeur, dont un hôtel à Cannes et

plusieurs appartemen­ts dans la résidence, où elle vit en compagnie de son fils. « Une femme de taille moyenne, un peu ronde, comme tant d’autres dans le coin, qu’on croise tous les jours et qui ne fait pas de genre » , renchérit le responsabl­e de la sécurité d’un hôtel voisin. Abasourdi, lui aussi. Et surtout navré d’avoir eu à faire des travaux à la cave et de n’avoir pas été là, lors de l’enlèvement, peut-être pour porter secours à la malheureus­e...

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(Photo Sébastien Botella)

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