Centenaire de la naissance de Léo Ferré
Retrouvez comme chaque mois la chronique du Comité des traditions monégasques
Il y a cent ans, le 24 août 1916, naissait à Monaco Léo Ferré. Cet immense artiste monégasque était un compositeur et unpoète de premier plan mais aussi un interprète dont lavoix pénétrait au plus profond de chacun d’une seule vibration faite d’amour et de révolte. Ayant réalisé plus d’une quarantained’albums originaux couvrant une période de 46 ans de créativité, Léo Ferré est à ce jour le plus prolifique auteur-compositeur-interprète d’expression française. NéàMonaco d’un père directeur du personnel de la SBM et d’unemère couturière, il intègre à 7 ans comme soprano la chorale de la Maîtrise de la cathédrale de Monaco où il apprend le solfège et l’harmonie. Pensionnaire pendant 8 ans chez les Frères des Écoles chrétiennes du collège Saint-Charles de Bordighera, il obtient lediplôme de sciences politiques après des études de droit à Paris. Le 26 février 1941, Léo Ferré se produit pour la première fois en public, seul au piano, lors d’un gala de variétés au théâtre des Beaux-Arts de Monte-Carlo. Depuis, Léo Ferré n’a cessé d’écrire et de composer, faisant ainsi reconnaître la chanson comme un art à part entière. LouisAragon dirade lui que « c’est un poète, un poète qui écrit directement ses poèmes suivant les lois d’un genre poétique, la chanson » . C’est « extra » que le poète préféré du chanteur n’est autreque… Guillaume Apollinairequi a étudié au collège Français de Saint-Charles sur leRocher de Monaco. À l’occasion du centième anniversaire de la naissance d’Apollinaire, Léo Ferré s’était rendu dans l’ancien appartement du poète, au 202 boulevard Saint-GermainàParis, et avait voulu saluer « le réinventeur du verbe » . Son épouse disait que Léo Ferré « passait du texte à la musique et inversement » . Car le poète était aussi un grandmusicien. Celui que l’on résume trop à sa carrière de chanteur était avant tout un compositeur dont le bonheur suprême était de conduire un orchestre. Il dirigea à plusieurs reprises des orchestres symphoniques et durant les quinze dernières années de sa carrière, il assura lui-même les arrangements et les orchestrations de tous ses enregistrements. Il composeraun oratorio sur « La Chanson du mal aimé » poème d’Apollinaireque Ferré apprécie grandement. Essuyant plusieurs refus de la part des maisons de production, ce sera le prince Rainier III qui, après avoir écouté l’oeuvre, décide de mettre à sadisposition l’Opéra de Monte-Carlo et son orchestre, à charge pour lui de trouver des chanteurs et de diriger les répétitions, puisque Ferré souhaitait tenir la baguette. L’exécution publique aura lieu le 29 avril 1954 et il dira de cette soirée: « Je me suis mis à diriger… et alors, ça a été pour moi, extraordinaire. Je crois que c’est la plus grande joie artistique de ma vie. » En 2003 la mairie de Monaco l’avait honoré en inaugurant la place Léo Ferré (ancienne place Clichy) sur laquelle a été installé le visage en bronze de l’artiste, par le sculpteur Blaise Devissi. Le Comité national des traditions monégasques, le 15 octobre2014, pour fêter le 90e anniversaire de sa création, lui avait rendu un hommage dans la salle de spectacles qui porte depuis 2013 le nom d’« Espace Léo-Ferré » pour pérenniser sa mémoire. Lors de cette soirée culturelle monégasque, Nicole Galan y avait interprété la chanson « Jolie Môme ».