Bakst, le costumier des Ballets russes invité du NMNM
Le Nouveau Musée National de Monaco exhume le travail de Leon Bakst, génial couturier et décorateur des Ballets Russes, dont les créations résonnent encore aujourd’hui
Qui était Leon Bakst? Génial créateur né il y a 150 ans en Russie, il a marqué le croisement des XIXe et XXe siècles en donnant sa patte et son style aux Ballets Russes. Concepteur des décors, dessinateur des costumes, il est symbole flamboyant de ces années. « Et ce qui perdure aujourd’hui des Ballets Russes, ce sont les costumes de Bakst, car il n’y a pas d’enregistrements des spectacles », note Celia Bernasconi, cocommissaire de l’exposition De
signing Dreams, qui vient d’ouvrir au Nouveau Musée National de Monaco. Imprégnant et enveloppant la villa Sauber.
Proche de Diaghilev
Leon Bakst aujourd’hui aurait sa place dans les pages de AD
Magazine. C’est ce qui interpelle en entrant dans le musée. La modernité avec laquelle il mêlait les couleurs, les motifs et les matières pour parer les spectacles des Ballets Russes. Dès 1909, il est le plus proche collaborateur de Serge Diaghilev. Les costumes originaux du ballet Shéhérazade, sortis des archives du musée, sont un exemple de son travail. Les étoffes surpeintes à la main rivalisent de délicatesse et de détails. À l’étage, la lampée de manteaux taillés dans des étoffes russes pour Ivan le terrible marque du style Bakst. La promenade dans ce dressing de costumes d’époque vaut le détour. Pour cette célébration de Bakst, fidèle à ses principes, le NMNM s’est attaché les services d’un artiste contemporain – en l’occurrence Nick Mauss – pour dialoguer avec les oeuvres. Le parti pris de Nick Mauss a été de s’inspirer des techniques de Bakst pour aménager l’espace. Lui donner du relief. À l’image d’immenses tentures qui coiffent l’escalier de la villa Sauber, reprenant les motifs signés par le designer.
Des motifs retrouvés
L’acmé se trouve dans la salle où se côtoient les reliques de deux « classiques » des Ballets Russes : L’après-midi d’un faune et Le spectre de la rose. Une salle scindée par l’étrange ballet lent d’un voilage – installation signée Nick Mauss – qui danse poétiquement dans l’espace entre les vestiges exposés. Autre pièce remarquable, la cape en velours brodée au fil d’or deméchante sorcière créée pour La belle aux bois dormants. Bakst avait signé plus de 300 costumes pour ce ballet joué à Londres. Cette folie des grandeurs conduit les Ballets Russes à la banqueroute. Et Diaghilev et Bakst se brouillent à vie. Entre costumes et dessins, le fil conducteur de l’exposition, ce sont la trentaine de motifs d’étoffes exhumés des archives d’un fabricant de textiles newyorkais. Leon Bakst les avait dessinés pour des projets décoratifs aux États-Unis dans les années 20, peu de temps avant sa mort. Une série rythmique et colorée qu’on verrait bien habiller des intérieurs. Ou des femmes. À lamanière de quelques tenues d’Yves Saint-Laurent qui clôturent la visite, piochée dans la collection Rive Gauche que le couturier avait signé en 1991 en s’inspirant de Bakst. À ceux qui critiquent ou parfois jugent les expositions du NMNM trop élitistes et n’intéressant personne à Monaco, laissezvous simplement porter dans ce voyage à travers le beau. Et l’entrée ne coûte que six euros !