Rapt Veyrac : « Giuseppe c’est presque Falstaff »
Le restaurateur, commanditaire présumé, est-il le bon vivant incarné par le personnage de Shakespeare, comme le suggère son avocat, ou un Machiavel déterminé, selon la justice ?
Est-il le cerveau de l’affaire? Le commanditaire du rapt de Jacqueline Veyrac? Le procureur de la République, JeanMichel Prêtre, adressé dimanche, lors de sa conférence de presse, le portrait deGiuseppe Serena. Celui d’un restaurateur contraint à la liquidation, qui aurait depuis nourri une haine tenace envers sa propriétaire. La justice le désigne comme le donneur d’ordre et estime avoir suffisamment d’élémentspour le mettreenexamen et l’écrouer. A en croire Me Gérard Baudoux, qui assure sa défense, elle fait fausse route. « Mon client conteste avoir commandité quoi que ce soit. Il est combatif, prêt à se défendre », affirme le pénaliste. Selon nos informations (notre édition du 31 octobre), Giuseppe Serena aurait perdu entre 500000 euros et un million dans la liquidation de la location gérance du restaurant La Réserve, à Nice.
« Il ne conteste pas le contentieux »
A-t-il voulu se refaire en fomentant le rapt, et la demandede rançon? Et en se lançant dans un hal- lucinant casting constituéd’un expaparazzi, d’un SDF ex-soldat de sa Majesté et trois hommes de main recrutés à la volée? « Mon client ne conteste pas avoir eu un contentieux financier avec Mme Veyrac », affirmeMe Baudoux. « Mais ce contentieux, d’après ce que j’ai compris, est judiciarisé. Donc rien de caché. » La défense admet que le restaurateur connaissait un certain nombre des protagonistes du dossier. « Mais ce serait maladroit de sa part de commanditer quoi que ce soit à l’encontre de Mme Veyrac, à partir du moment où ce contentieux, que personne n’ignore, existe ...» On pourrait objecter que des maladroits, il y en a plein les archives judiciaires ...
Machiavel ou Falstaff?
Alors, Giuseppe Serena, Machiavel ou Falstaff? Me Baudoux penche pour Falstaff, ce gentilhomme bouffon amateur de femmes, de bonne chair et de vin. Le personnage de William Shakespeare est également un tantinet menteur, un chouïa vantard. « Mon client, c’est presque Falstaff. Il a une personnalité volubile qui a tendance à s’épancher beaucoup. Alors, quand la police cherche un coupable, elle pense à lui car il a un contentieux avecMme Veyrac, et va l’interpeller. » Et les autres mis en examen qui l’accusent, le chargent, le plombent? « Je sais par expérience que, dans ce genre de dossier, on cherche souvent à s’abriter derrière quelqu’un, un donneur d’ordre », balaye l’avocat. La police judiciaire, elle, a accumulé des éléments. De la téléphonie notamment. Lorsque les ravisseurs prennent un premier contact avec la famille, le téléphone de Giuseppe Serena est à proximité. « Il est à côté de la personne qui a passé l’appel », assure une source proche de l’enquête. Pas de quoi décontenancer Me Baudoux : « Vous savez, le bornage téléphonique, on peut lui faire dire ce qu’on veut. » Les deux juges d’instruction en charge de l’affaire ont désormais du temps devant euxpour peaufiner le dossier. L’affaire, comme les investigations, ne font que commencer.