Attaques contre policiers et militaires
Beaucoup des membres de la confrérie sont désormais emprisonnés ou vivent en clandestinité. Mais une partie de leur base, elle, s’est extrémisée face à cette répression, jusqu’à rejoindre les rangs des djihadistes. Ou former leurs propres groupuscules afin de mener des attaques contre la police. Depuis trois ans, des centaines de policiers et de soldats ont été tués. Notamment dans le Nord-Sinaï, où un groupe affilié à l’État islamique fait régner un climat de terreur. « N’ayons pas peur de combattre ensemble le terrorisme : un être humain normal ne peut pas se taire car les terroristes n’ont aucune morale » , attaque leministre des Cultes Mohamed Mokhtar Gomaa, connu pour avoir, par ailleurs, défendu l’idée absurde qu’Israël oeuvrait « à déstabiliser la région par le biais du terrorisme, de l’athéisme, du nihilisme, et de la déviance » . Si le terrorisme se concentre surtout dans une zone du Sinaï, c’est le pays tout entier qui est secoué. Yasser Rezk, p.-d. g. du journal d’État Al-Akhbar, très pro-régime, raconte son limogeage par les Frèresmusulmans. Aujourd’hui, il défend Sissi contre vents et marées. Mais aussi « l’honneur » de son pays face au terrorisme : « Je vais souvent à Paris, même si la ville a vécu des attentats..., ironise-t-il. Je ne crois pas que quelques terroristes peuvent vaincre un aussi grand pays » . pas des musulmans » . Curieuse réflexion : si tout cela n’a rien à voir avec l’islam, pourquoi alors enseigner le « bon » islam? « Je compare souvent le terrorisme aux cellules cancéreuses, répond Shawki Allam. Il faut débuter un traitement puis une ablation si nécessaire. Mais avant, il y a un immense travail de prévention. »
Prêches du vendredi
Pour lutter contre l’intégrisme, le gouvernement égyptien impose également un « contrôle » des prêches faits le vendredi, en fournissant le thème et les grandes lignes de ce que les imams doivent dire aux fidèles. Mais impossible par la suite de vérifier ce qui est prononcé dans les nombreuses mosquées d’Égypte. « Nous devons faire face aux idées intégristes et fanatiques véhiculées par certains imams » , appuieMohamed Mokhtar Gomaa. En théorie, seuls ceux qui passent un examen contrôlé par l’État ont le droit de devenir imam. Dans la pratique, il est biendifficile d’avoir prise sur la formation de ces imams. Dont certains s’arrogent un rôle sans rien demanderà personne.
Formation et « islam de France »
pante. En l’absence de véritable formation des imams, le culte musulmanest aujourd’hui dépendant de pays étrangers comme l’Algérie, le Maroc ou la Turquie, où les figures théologiques qui prêchent en France viennent se former. Aujourd’hui, l’Égypte propose à la France de former ses imams. Une main tendue inacceptable pour André Reichardt, sénateur LR du Bas-Rhin, qui a rendu en juillet dernier, avec la sénatrice UDI de l’Orne Nathalie Goulet, un rapport parlementaire sur le financement du culte musulman et la formation des imams. Et s’est rendu en Égypte pour renforcer les liens entre parlementaires des deux rives de la Méditerranée. Les deux sénateurs plaident pour que le Conseil français du culte musulman produise un référentiel destiné à former les imams, à la fois sur le plan théologique mais aussi sur l’histoire et la laïcité française. Une façon de former, enfin, des imams « de » France. Une urgence à l’heure où, selon une étude de l’Institut Montaigne publiée en septembre, 28 % des Français de confession musulmane placent la charia, c’est-à-dire la loi islamique, au-dessus des lois de la République.