Monaco-Matin

Un deuxième débat plus tendu

Dans un débat plus incisif que lors du premier round, les sept candidats ont multiplié les piques et interpella­tions directes, sans pour autant vraiment se démarquer les uns des autres sur le fond

- THIERRY PRUDHON tprudhon@nicematin.fr

Près de trois heures d’échanges pour rien? C’est la conclusion que semble accréditer le sondageeff­ectuédans la fouléedudé­bat de la primairede ladroite, hier soir surBFMTVet iTélé. Selon lamesure d’opinioneff­ectuée par Elabe, c’est AlainJuppé qui a leplus convaincu l’ensemble des Français (34 %), devant Nicolas Sarkozy(24%) et FrançoisFi­llon(15%). Chezlessym­pathisants­dedroite, c’esten revanche Nicolas Sarkozy (31 %) qui devance Alain Juppé(28%) et François Fillon (21 %). Enclair, ceux qui ont regardé ce débat auront dansune largemesur­e réagi en fonction de conviction­s préétablie­s. Ce deuxième débat de la primaire de la droite et du centre aura de nouveau eu, hier soir, une tenue certaine. Dans cette salle Wagram empreinte du parfum du « noble art », il aura aussi été plus vivant que lepremier. Les crispation­s, les piques (de formeplus que de fond) et l’humour vachard ne l’ont toutefois jamais fait tomber dans le pugilat. Donald Trumpet HillaryCli­nton auraient pu y trouver matièreà une saine leçon de maintien. A contrario, à force de bienséance, de tutoiement et de sourires Pécresse (marque déposée depuis l’élection du président de l’UMP en 2012), la joute s’est parfois enlisée dans le pinaillage.

Divergence­s étrangères

Bien malin, au final, celui qui aura réussi à distinguer les nuances plus que les différence­s entre les candidats, malgré notamment les questions très pointues d’Apolline de Malherbe, qui avaient bûché dans le détail les propositio­ns de chacun. On l’aura en particulie­r constaté sur l’éducation, où les réponses des candidats ressemblèr­ent à un fastidieux copié-collé. En fait, c’est principale­ment sur les questions de politique étrangère, et notamment sur la meilleure façon de lutter contreDaes­h en Syrie, que sont apparues de réelles divergence­s, donnant l’occasion à Nicolas Sarkozy etàAlain Juppédese poser en professeur­s au fait des subtilités géopolitiq­ues. Ça n’a pas raté, JeanFranço­isCopés’en est agacé : « Il n’y a pas ici ceux qui savent et ceux qui sont là pour prendre des leçons. » Il y avait deux matches dans le match. Pour la troisième place putative, François Fillon aura su se montrer posé, clair, précis. Onparierai­tvolontier­squ’ilaencorem­arqué quelques points hier soir, un peu plus sans doute que Bruno Le Maire, prisonnier de formules trop répétées depuis desmois. Alain Juppé et Nicolas Sarkozy? Tous deuxauront peu ou prou joué sur le même registrede ceuxàqui on ne la fait pas, qui ont l’expérience du pouvoir, toisant avec une condescend­ance paternelle les petitsnouv­eaux aux idées supposées plus tendres. Tous deux se sontmontré­s parfois cassants, un brin présomptue­ux parfois.

Le trop présent Bayrou

AlainJuppé aura globalemen­tparu davantage sur le reculoir, crispé par nature. Nicolas Sarkozy futplus offensif, sans pour autant lâcher les chevaux. Et ledébat sur la place de François Bayrou dans la future majorité ne lui aura pas apporté le bénéfice escompté, au contraire. « Je ne lui ai rien promis, il ne m’a rien demandé » , a vite coupé court Alain Juppé. Bruno Le Maire, François Fillon, NKM et Jean-François Copé, cedernier en soulignant qu’il trouvait « aberrant que François Bayrou soit au coeur des discussion­s » auront, volontaire­ment ou pas, en grandepart­ie désamorcé le canardage sarkozyste. Copé, c’est la seule certitude, a lui remporté hier soir le prix de l’humour, en semoquant de lui-même sur sa récente bévue quant au prix du pain au chocolat, tout en pointant les fauxdébats sur Bayrou ou sur qui voterait pour François Hollande contreMari­ne Le Pen au second tour de la présidenti­elle. Une façon de direque le débataun peu tourné en rond, à force de longueur. Chacun aura bien compris à cet instant que les inimitiés personnell­es étaient plus fortes que les variantes idéologiqu­es. Rendez-vous le 17 novembrepo­ur l’ultime débat, à trois jours du premier tour.

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 ?? (Photo PQR/ Le Parisien) ?? Les sept candidats ont débattu durant près de trois heures, dans une ambiance nettement plus animée que lors du premier débat.
(Photo PQR/ Le Parisien) Les sept candidats ont débattu durant près de trois heures, dans une ambiance nettement plus animée que lors du premier débat.

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