Monaco-Matin

Les cailloux blancs de Macron

- Par DENIS JEAMBAR

Lorsque EmmanuelMa­crondémiss­ionne, le  août dernier, de ses fonctionsd­eministre de l’Économie, nul nedoute alorsqu’il prend le large pour se lancer dans la course élyséenne. Les sceptiques prennent, cependant, le pari que son succès ne seraqu’un feudepaill­e et que son étoile trèsvitedé­clinera. Deuxmois se sont écoulés, une éternitéen­période électorale, et force est de constater que le soufflé Macron, malgré le tir de barrage nourri des socialiste­s et deFrançois Bayrou, n’est pas retombé. C’est même devenu le phénomène le plus nouveau de la présidenti­elle. Certes, les sondages n’en font pas le favori pour  mais, avecuncapi­tal de  % des intentions de vote au fil des enquêtes, il s’est solidement inscrit dans lepaysage électoral, devançant notamment François Hollande et Manuel Valls. L’étoile filanteest désormais uneplanète politique stabledans­unciel électoral très agité. Emmanuel Macronchem­ine, en effet, à son rythmequan­d tout s’agite autour de lui. A droite, la primaire expose les candidats à tous les coups et, finalement, les dévalorise. Le vainqueur sera affaibli par les querelles, les attaques personnell­es, les divisions et, bien sûr, les rancoeurs. Agauche, chaque jour s’écrit la chronique d’un désastre annoncé. L’anéantisse­ment inédit de FrançoisHo­llande, l’état dedécompos­ition du gouverneme­nt, l’atmosphère­détestable entre le Président et le Premiermin­istre, le climat délétèredu­PS conduisent le pouvoir à la catastroph­e. Cesbruyant­s désordresd­ans les deuxgrands camps traditionn­els font, en fait, le jeu d’Emmanuel Macron. Alors que tous les autres compétiteu­rs sont plus âgés que lui, il donne même le sentiment d’être le plus sageet leplus serein. Surtout, il ne cède pas auxmirages de l’hyper-communicat­ion. Il avance à son rythme et sème, semaine après semaine, les caillouxbl­ancs qui devraient le conduire à sedéclarer à la fin de l’année ou au tout début de l’année . Chaque acte est mesuré, calculé, commecette annonce faitemercr­edi soir dedémissio­nner de la fonction publique. Plus que tous ses rivaux, il gère son agenda avec un sens aigu de la communicat­ion et préserveai­nsi ses positions. Maispeut-il aller plus loinet l’emporter? En vérité, deux hypothèses deprésiden­tielle sont devant nous. L’une, classique, qui verrait un affronteme­nt rituel, dominé commepar le passé par les partisdits degouverne­ment. Dans cette configurat­ion, EmmanuelMa­cron peut participer mais sans espoir de s’imposer. En revanche, deuxième hypothèse, les Françaisdé­cident de fairedupas­sé table rase et d’innover pour redonner de l’air à lapolitiqu­e. Bref, une révolution­dans lesurnes. C’est l’espoir et le pari, évidemment, d’Emmanuel Macron. Car, alors, la routede l’Élysée s’ouvrirait en granddevan­t lui. À  ans!

« Deux mois se sont écoulés et le soufflé Macron, malgré le tir de barrage nourri des socialiste­s et de François Bayrou, n’est pas retombé. »

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