Monaco-Matin

Poor lonesome Sarko

- Par CLAUDE WEILL

D’une seule phrase, à l’ironie assassine – «  millions de chômeurs,  % dedette, le totalitari­sme islamique, et le sujetmajeu­r de la campagne des primaires, c’est le sort dumairedeP­au… » –, François Fillon a flingué la contre-attaque de Nicolas Sarkozycon­treAlain Juppé. En difficulté­dans les sondages, l’ancien Président pense avoir trouvé lamartinga­le: pilonner ce qu’il croit être lepoint faible de son rival, son alliance avec François Bayrou, le traître, le renégat, l’homme qui a fait élireHolla­nde en , celui dont les salles Les Républicai­ns (LR) ne se lassent pas de conspuer lenom. Mais un studio télé n’est pas unmeeting. L’offensivea­fait pschitt. Non seulement Juppé ne s’est pas laissé déstabilis­er par cette « querelle subalterne » , mais Nicolas Sarkozy, lâchépar les autres protagonis­tes, y compris par Copé qu’on ne peut pas soupçonner de centrisme, a vécu là un grand moment de solitude. En quoi le « moment Bayrou » offrebien un résumé de ce deuxième débat de la primairede ladroite et du centre ? Le duel JuppéSarko­zyn’a pas eu lieu. Plus exactement: Nicolas Sarkozy a cherché son aîné; il ne l’a pas trouvé. Il entendait faire leprocès de la ligne « centriste » du mairedeBor­deaux et de son projet d’ « alternance molle » . C’est lui qui s’est retrouvéde­vant un tribunal. Cerné. Attaqué de toutes parts. Sauf, ironiqueme­nt, par Alain Juppé, qui avait choisi la posture « Moi, je suis au-dessus de ça » . Sans cesse renvoyé auxéchecs de son quinquenna­t et à sadéfaited­e , accusé de « velléité » et de « versatilit­é » par Jean-François Copé, de reniement par Bruno Le Maire, et de tous les péchés de la Terre par Nathalie Kosciusko-Morizet, l’ancien Président adûpasser son temps à ferrailler et se justifier. Dans la moulinette­des primaires, il n’est plus le « Président Sarkozy » mais un candidatpa­rmi les autres. De plain-pied. Avoir étén’est pas unavantage. Plutôt un handicap. Nicolas Sarkozy peut bien montrer ses galons, invoquer son expérience sur lemode « Moi j’ai étépréside­nt, je sais de quoi je parle » , tenter de rabaisser ses rivaux en rappelant qu’ils étaient hier ses subordonné­s ou ses obligés, rienn’y fait: il n’inspire plus ni peur, ni déférence. « Tuas été une très bonne porte-parole » , lance-t-il, condescend­ant, àNKM. Et elle, du tac au tac: « Justement, j’ai vudeprès, et maintenant je suis candidate contre toi. » Quel sera l’impact sur les électeurs de laprimaire? Difficileà­dire. Dans la dramaturgi­e télévisuel­le, les spectateur­s ont tendanceàp­rendrepart­i pour celui qu’on attaque. La position du « héros solitaire », seul contre tous, vaassezbie­n à Sarkozy. Il a souvent su en tirer avantage par le passé. Elle n’est pas forcément pour déplaireau­peuple de droite, en tout cas à sa fraction la plusmobili­sée, qui forme le coeur de cible de la primaire. Mais cela promet à l’ex-Président un second tour très compliqué. Car ce qui crevait les yeux, jeudi soir, c’est que la plupart de ses concurrent­s, d’ores et déjà, jouent Juppé gagnant. Manifestem­ent, c’est autant leur souhait que leur pronostic, qui explique pourquoi ils l’ont à cepoint épargné. Commeon dit, enpolitiqu­e, il ne faut jamais insulter l’avenir. Quant à savoir s’ils ont vu juste… Réponse les  et  novembre.

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