Passe d’armes entreCiotti et Cazeneuve à l’Assemblée sur le budget de la sécurité
La discussion du projet de loi de finances 2017, touchant hier au domaine de la sécurité, a donné l’occasion à Eric Ciotti, au nom du groupe des Républicains, d’une nouvelle charge contre legouvernement. Les échanges avec le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, auront été courtois mais vifs. « Cebudget ne réponden rien aux inquiétudes des policiers et aux défis majeurs auxquels est aujourd’hui confronté notre pays » , a attaqué le député niçois. Ases yeux, l’État se contente « d’apposer quelques rustines sans commune mesure avec les enjeux » . Pour lui, la hausse prévue de 3,5% du budget consacré à la sécurité « n’est pas à la hauteur de ce que le contexte exige. La sécurité ne représente que 0,56% du PIB. C’est déri- soire au regard de la situation de guerre que notre pays traverse » . Face au « ras-le-bol plus que légitime des policiers, la rallonge de 250millions est largement insuffisante » ,a jugé le président des Alpes-Maritimes.
Privilégier le terrain
Eric Ciotti a en outrepointé un décalage entre les annonces et les actes: « Il ne suffit pas d’annoncer la création de postes, encore faut-il que les plafonds d’emploi soient exécutés. Selon la Cour des comptes, les effectifs de police et de gendarmerie ont baissé de 868 agents en quatre ans. » Ilaaussi insisté sur « lanécessitéde baisser le volume desmissions périphériques des forces de l’ordre, afin qu’elles se concentrent sur les tâches de terrain… Comment accepter que les forces de l’ordre aient plus de 18millions d’heures supplémentaires à récupérer? ». Bref, le budget sécurité 2017 n’a, sans surprise, pas trouvégrâce aux yeux des Républicains, qui ont estimépar la voix d’Eric Ciotti que « le gouvernement n’avait pas pris la mesure des réalités » . Bernard Cazeneuve, quelque peu agacé, a stigmatisé en réponse « le populisme sans limite » de la droite, l’appelant en substance à la décence, alors que « 13000 postes de policiers et gendarmes ont été supprimés durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy » . Le ministre de l’Intérieur a par ailleurs indiqué qu’une « décision législative interviendra avant la fin de l’année pour donner un nouveau cadre juridique à la légitime défense des policiers » , une demande de leurs syndicats relayée parLes Républicains.
Asile: réduire les délais
Eric Ciotti s’est en outre ému que « des policiers (qui manifestent, Ndlr) soient menacés de sanctions alors que ceux qui violent le confidentiel Défense (Hollande, Ndlr) ne le sont pas ». « Aucune sanction n’a été prise », avivement répliqué Bernard Cazeneuve, soulignant toutefois que « les policiers avaient des règles à respecter » et refusant « dedétruire l’État de droit dans un flot de démagogie ». Eric Ciottiaensuitecontesté le budget dédié à l’asile, en hausse de 12,7%, qu’il a lui aussi jugé « irréaliste pour répondre à l’ampleur des besoins » . Il a notamment considéré que « l’État ne se donnait pas les moyens de réduire les délais de traitement des demandes d’asile. Malgré la promesse de les ramener à 90 jours, ils seront encore de 140 jours en 2016. Pourtant, réduire ces délais est indispensable pour empêcher que les déboutés du droit d’asile tentent decréer pendant d’interminables procédures les conditions d’un séjour pérenne en France ».