Cardiologie : des complications évitables À la une
Un certain nombre d’échecs thérapeutiques trouveraient leur origine dans le non-respect des prescriptions médicamenteuses. Congrès à Nice
Des milliers de personnes atteintes d’affections cardiovasculaires ne prennent pas leur traitement ou l’abandonnent au bout de quelques mois, au risque d’une aggravation de leur maladie, voire de complications sévères. Les faits sont graves. Tellement graves qu’ils ont constitué l’épine dorsale du congrès du Collège national des cardiologues français ( CNCF) qui réunissait près de 1000 cardiologues à Nice, en octobre dernier. En ligne de mire, trois affections en particulier, dont l’hypertension artérielle. « 50 % des patients qui en souffrent n’atteignent pas la « cible » fixée avec leur médecin, tout simplement parce qu’ils ne renouvellent pas le traitement, voire l’arrêtent spontanément », signale le Dr Jacques Gauthier, cardiologue à Cannes et président du CNCF. Silencieuse, généralement très bien tolérée, l’hypertension ne fait pas peur. « Les gens ont une vision très lointaine des risques associés (l’hypertension est un risque majeur d’accident vasculaire cérébral, notamment), et comme ils ne souffrent pas, ils ne sont pasmotivés à poursuivre leur traitement. » La deuxième autre grande pathologie associée à un défaut d’observance est la rechute d’infarctus. « Après un premier accident, il faut agir à la fois sur les plaques d’athérome et la formation de caillots, pour éviter une rechute. Deux types de médicaments sont ainsi prescrits à la suite de la pose d’un stent: des statines (anticholestérolémiants agissant contre la plaque) et une combinaison d’antiagrégants plaquettaires (intégrant l’aspirine). » « Ignorants » qu’il s’agit de traite- ments à vie, 20% des patients ne renouvellent pas leur ordonnance. D’où des rechutes fréquentes dans le premiermois suivant l’infarctus! après leur sortie d’hôpital, un tiers des patients seraient réhospitalisés. Une situation dramatique, sachant que le risque de décès des patients, présentant une IC, augmente avec les hospitalisations. « Rapidement après leur sortie d’hôpital – sachant que les séjours sont de plus en plus courts –, les patients devraient pouvoir être vus par leur médecin traitant ou leur cardiologue qui peut alors suivre et optimiser le traitement ». Mais, dans la réalité, beaucoup n’y vont pas (ou n’obtiennent pas un rendez-vous assez tôt?). Si, côté patients, onpeut pointer du doigt certains comportements inconséquents, il ne s’agit pas pour autant de soulager les professionnels de santé de toute responsabilité. « Pour améliorer ces mauvais résultats, il faut que le médecin soit convaincu et déterminé, et que le patient soit observant. » Les deux étant intimement liés. Une prescription, qui se résume à des noms de molécules couchés sur papier, a peu de chance d’imprimer les esprits.