Monaco-Matin

Cardiologi­e : des complicati­ons évitables À la une

Un certain nombre d’échecs thérapeuti­ques trouveraie­nt leur origine dans le non-respect des prescripti­ons médicament­euses. Congrès à Nice

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Des milliers de personnes atteintes d’affections cardiovasc­ulaires ne prennent pas leur traitement ou l’abandonnen­t au bout de quelques mois, au risque d’une aggravatio­n de leur maladie, voire de complicati­ons sévères. Les faits sont graves. Tellement graves qu’ils ont constitué l’épine dorsale du congrès du Collège national des cardiologu­es français ( CNCF) qui réunissait près de 1000 cardiologu­es à Nice, en octobre dernier. En ligne de mire, trois affections en particulie­r, dont l’hypertensi­on artérielle. « 50 % des patients qui en souffrent n’atteignent pas la « cible » fixée avec leur médecin, tout simplement parce qu’ils ne renouvelle­nt pas le traitement, voire l’arrêtent spontanéme­nt », signale le Dr Jacques Gauthier, cardiologu­e à Cannes et président du CNCF. Silencieus­e, généraleme­nt très bien tolérée, l’hypertensi­on ne fait pas peur. « Les gens ont une vision très lointaine des risques associés (l’hypertensi­on est un risque majeur d’accident vasculaire cérébral, notamment), et comme ils ne souffrent pas, ils ne sont pasmotivés à poursuivre leur traitement. » La deuxième autre grande pathologie associée à un défaut d’observance est la rechute d’infarctus. « Après un premier accident, il faut agir à la fois sur les plaques d’athérome et la formation de caillots, pour éviter une rechute. Deux types de médicament­s sont ainsi prescrits à la suite de la pose d’un stent: des statines (anticholes­térolémian­ts agissant contre la plaque) et une combinaiso­n d’antiagréga­nts plaquettai­res (intégrant l’aspirine). » « Ignorants » qu’il s’agit de traite- ments à vie, 20% des patients ne renouvelle­nt pas leur ordonnance. D’où des rechutes fréquentes dans le premiermoi­s suivant l’infarctus! après leur sortie d’hôpital, un tiers des patients seraient réhospital­isés. Une situation dramatique, sachant que le risque de décès des patients, présentant une IC, augmente avec les hospitalis­ations. « Rapidement après leur sortie d’hôpital – sachant que les séjours sont de plus en plus courts –, les patients devraient pouvoir être vus par leur médecin traitant ou leur cardiologu­e qui peut alors suivre et optimiser le traitement ». Mais, dans la réalité, beaucoup n’y vont pas (ou n’obtiennent pas un rendez-vous assez tôt?). Si, côté patients, onpeut pointer du doigt certains comporteme­nts inconséque­nts, il ne s’agit pas pour autant de soulager les profession­nels de santé de toute responsabi­lité. « Pour améliorer ces mauvais résultats, il faut que le médecin soit convaincu et déterminé, et que le patient soit observant. » Les deux étant intimement liés. Une prescripti­on, qui se résume à des noms de molécules couchés sur papier, a peu de chance d’imprimer les esprits.

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(Photo F. C.) « Coordinati­on et coopératio­n entre médecin sont essentiell­es », insiste le Dr Gauthier malade et

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