Monaco-Matin

« C’est la curiositéq­ui sauvede l’âge »

- PROPOS RECUEILLIS PAR AXELLE TRUQUET

Des rides au coin des yeux, un pas hésitant, une ouïe moins fine. L’âge métamorpho­se le corps et joue des tours. Ghislaine de Sury – Mamilène pour les intimes – pétillante retraitée de 80 printemps, partage son expérience du temps qui passe au gré des pages de son livre Le Goût de vieillir. Un ouvrage léger qui ne parle pas moins de choses graves, de la maladie, de la mort. Ses lignes rassurent les jeunes et évoquent des souvenirs aux vieux. Elle se livre également ici.

Pourquoi avoir choisi d’écrire un premier livre à  ans? J’écris depuis très longtemps à usage personnel mais j’avais envie d’être publiée. Je me suis dit qu’il était temps de m’y mettre. J’avais écrit des scènes de rue, du quotidien comme il y en a beaucoup dans le livre. Un jour, en me regardant dans le miroir, j’ai pris conscience qu’il fallait agir: je voulais travailler sur le fait de vieillir.

Vous confiez vos petits tracas qui viennent avec l’âge. Vous semblez avoir de l’autodérisi­on. Oh ! il en faut, et beaucoup! Surtout quand on prend de l’âge!

Qu’est- ce qui vous a le plus marqué en vieillissa­nt ? C’est sans nul doute le ralentisse­ment de mes activités. J’ai parfois l’impression de me recroquevi­ller sur moi… comme l’impression de rétrécir! (rires)

Est- ce que votre regard sur la vieillesse a changé en prenant de l’âge? Je m’aperçois que la vie

rétrécit. Mais je pensais ne plus pouvoir faire de ski, ne plus pouvoir voyager. Pourtant, je suis allée en Chine l’année

dernière. Et toute seule ! Écrire ce livre m’a finalement regonflée, redonné le courage de faire des choses. J’ai été aidée par mon entourage qui m’a beaucoup soutenue. Pour ce livre, mes enfants m’ont aidée, m’ont relue, m’ont conseillée. J’ai passé trois ans sur l’écriture parce que j’avais une foule de choses à raconter ! Je l’ai terminé pour mes  ans. J’aimerais donner envie aux lecteurs de rire, les encourager à se mettre à leur tour à l’écriture. Cela fait un bien fou. Comment percevez-vous les relations entre les génération­s ? J’ai l’impression que les rapports entre les jeunes et les personnes âgées sont assez conflictue­ls. Les vieux en général ont une dent contre la jeunesse alors que je suis admirative de ce dont ils sont capables dans les circonstan­ces dans lesquelles ils vivent. Peutêtre mon deuxième livre abordera ce sujet, toujours dans le même esprit que le premier, à partir d’observatio­ns.

Quel est donc le message sur l’idée de vieillir que vous entendez transmettr­e? Vieillir, cela peut être sympa même si ce n’est pas un long fleuve tranquille. On peut encore découvrir plein de choses en prenant le temps, en profitant de la vie. J’ai gagné beaucoup de liberté. Je marche avec une canne, ce n’est pas très marrant, il n’empêche que j’irai en Égypte dans un mois. C’est la curiosité qui sauve de l’âge!

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(Photo P. L.) Le chemin de la vieillesse est pavé de belles choses pour « Mamilène ».

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