L’Europe pointe les carences
Le leader du championnat de France souffre athlétiquement et techniquement dans les joutes de Ligue Europa. C’est révélateur du chemin qu’il reste à parcourir pour la jeune équipe niçoise
Leconstat est limpide: aucune équipe de Ligue 1 ne semble en capacité de presser l’adversaire pendant 90 minutes. Le Red Bull Salzbourg l’a fait, lui. Et deux fois, en Autriche comme à l’Allianz Riviera. Déjàballotédans la ville de Mozartmalgré la courte victoire (0-1), le Gym a été étouffé sur la manche retour. Les Aiglons ont manqué de justesse pour se dépêtre du harcèlement adverse quand les visiteurs ont eux clairement haussé leur niveau technique pour planter deux pions parfaitement construits. Mais le plus inquiétant reste l’incapacité chronique des jeunes Niçoisàgagner la majorité des duels dans ces joutes européennes. Que ce soit contre Schalke, Krasnodar ou Salzbourg, le constat du déficit athlétique est marquant. « La Ligue Europa est plus exigeante que la Ligue 1. Il y a deux choses à voir: il y a plus d’intensité et d’agressivité dans ces rencontres internationales, la moindre petite erreur tu la payes cash, pointe du doigt Dante, capitaine en l’absence de Paul Baysse. Deuxièmement, je sentais qu’on avait moins de jus que d’habitude. On a manqué de fraîcheur mentale et de concentration. Vu la succession des matchs, ce sont des choses qui arrivent partout et que l’on doit apprendre à gérer. »
« C’est une nouvelle vie »
Un club qui n’a plus joué de Coupe d’Europe pendant près de 20 ans (depuis 1997-98) ne peut pas rivaliser avec une écurie rôdée aux campagnes européennes du jour au lendemain. Salzbourg avait par deux fois remporté sa phase de groupes avec18points sur 18 possibles (2009-10, 2013-14) et même éliminé l’Ajax Amsterdam en 16es de finale en 2014. Même en perdant ses meilleurs éléments, le clubdix fois champion d’Autriche s’est construit un vécu au fil des saisons. « Pour Nice, jouer tous les trois jours c’est une nouvelle vie » , rappelle alors Dante. Sur les onze Niçois alignés d’entrée jeudi soir, six goûtaient à leur première aventure européenne (Cardinale, Souquet, Sarr, Cyprien, Koziello, Plea). Mais à voir la qualité des performances de ces gar- çons en championnat de France, certains observateurs se demandaient s’ils n’avaient pas fait preuve de suffisance face aux Autrichiens. Ou pire, s’ils n’avaient pas volontairement levé le pied pour se consacrer pleinement à cette place de leader de Ligue 1 à défendre. « De la suffisance? Non, je pense surtout que c’est unmanque de fraîcheur, insistait l’ancien défenseur du Bayern de Munich en zone mixte, jeudi soir. J’ai vu ça partout où je suis passé. Une série de 7-8 matchs s’enchaîne bien, et à unmoment tu sens que ça va coincer. Dans l’enchaînement des passes, la vision du jeu, l’appréhension de l’adversaire... Et il y a aussi une grosse attente chez nos adversaires, ils veulent nous battre. Ce n’est pas facile de battre Nantes 4-1 à la maison! » Avec la même compo que trois jours plus tôt, à un joueur près (Koziello avait remplacé Bodmer), les Aiglons ont souffert de la répétition des efforts. « Ce sont des défaites qui permettent aussi de mettre le doigt sur nos carences » , nous a-t-onégalement confié en interne. Comme un rappel à l’ordre bienvenu pour éviter tout excès de confiance vis-à-vis de l’invincibilité préservée en championnat. Surtout pour les plus jeunes. Dante ne se sent pas forcément concerné. « Je suis un gars qui n’attend pas qu’une mauvaise chose m’arrive pour me remettre en question. Il y a toujours des fins de série pour démontrer que personne n’est imbattable. Anous de rester humbles et de continuer à travailler. Même si on avait gagné, je pense que ce groupe aurait su garder les pieds sur terre. » C’est par sa capacité à rebondir que le collectif rouge et noir l’a jusqu’ici prouvé. Après Schalke, il avait ramené le nul à Montpellier (1-1), puis il avait battu Lorient (21) au retour de Russie. « Onaunesprit revanchard depuis le début de saison. Perdre devant nos supporters nous encourage à aller chercher la victoire à Caen, » confirme le Brésilien qui devrait garder le brassard en Normandie. Autour de lui, Favre devrait en revanche probablement faire tourner.