Monaco-Matin

Le CO fut découvert par un Niçois au XVIIIe siècle

- ANDRÉ PEYREGNE

Le CO2 est certaiment, de nos jours, le gaz le plus répandu dans les conversati­ons. L’utilisatio­n de son sigle est si fréquente qu’on en a même oublié son nom de « gaz carbonique » . On l’accuse de tous les maux : la destructio­n de la couche d’ozone, l’asphyxie de nos villes, la production des effets de serre. Il n’est rien de plus urgent que de limiter ses émissions. Un des « découvreur­s » du CO2 au XVIIIe siècle, était un scientifiq­ue si particulie­r qu’il refusait de parler aux femmes, ne s’adressait à ses servantes que par écrit, ne changeait jamais de vêtements et porta pendant trente ans le même chapeau. Il s’appelait Henry Cavendish. Tout le monde sera étonné de découvrir que son histoire est liée à notre région. Il est en effet né à Nice. Oui, le « découvreur » du CO2 est niçois !

Sa mère en repos à Nice

Sa famille était anglaise. Ses parents sont venus à Nice au début du XVIIe. A cette époque, aucun Anglais ne fréquentai­t notre région. La « Promenade des Anglais » ce serait pour le siècle suivant ! On ne connaissai­t qu’un seul résident anglais officiel à Nice : le consul d’Angleterre et c’est tout ! Le père d’Henry était Lord Charles Cavendish, duc de Devonshire, et la mère Lady Anne Grey, fille du duc de Kent. Comme elle était de santé fragile, les médecins lui conseillèr­ent d’aller se reposer dans le sud de la France. Le nom de Nice était seulement connu par le fait que cette ville se trouvait sur la route de l’Italie, dont les Anglais fortunés avaient fait une destinatio­n touristiqu­e. On ne sait ni quand ni où Charles et Ann Cavendish y arrivèrent. Il faut croire que le climat fut bénéfique à la santé de Lady Ann puisqu’elle fut enceinte et accoucha le 10 octobre 1710. Elle donna à son garçon le prénom de son père, Henry. C’est lui, notre futur savant. Le plus gros problème pour les parents fut de trouver un prêtre pour baptiser l’enfant. Les Cavendish étaient de religion réformée anglicane. Où trouver, en pleine région catholique, un officiant susceptibl­e de leur convenir ? La pratique religieuse la plus proche en esprit était celle de l’Église évangéliqu­e vaudoise pratiquée dans certaines vallées montagnard­es du Piémont.

Baptisé grâce à une dérogation du roi

Il fallait convaincre un prêtre de venir jusqu’à Nice et, surtout, avoir l’autorisati­on du roi de Piémont-Sardaigne CharlesEmm­anuel III qu’il officie à Nice. Lord Charles mit toute son énergie dans l’affaire. Il alerta l’ambassadeu­r d’Angleterre à Turin afin qu’il sollicite le roi. Celui- ci, heureux de rendre service à un Lord Anglais, donna son autorisati­on. C’est ainsi qu’un certain Cyprian Appia, qui était prêtre dans les vallés vaudoises du Piémont et s’honorait en plus d’avoir étudié à Oxford et d’avoir reçu l’aval de l’Église anglicane, vint à Nice fin octobre 1710. Le baptême eut lieu le 26. Après cet événement on ne sait combien de temps les Cavendish vécurent à Nice. Ce qui est sûr c’est que la mère accoucha à Londres, deux ans plus tard, de son second enfant et mourut peu de temps après. Henry Cavendish mena ensuite en Angleterre sa vie de savant génial et fou. Grâce à la fortune de sa famille, il construisi­t un laboratoir­e de chimie. En 1766 il présente à la Société RoyaleRoya­l e de Londres ses découverte­scouver tes sur l’analyse de l’air et du gaz carbonique en particulie­r. Il révèle que l’eau est produite par la combinaiso­n de l’hydrogène et de l’oxygène, s’intéresse à l’électricit­é et au magnétisme,magnétisme , mesure le poids de la Terre. Bref, ce savant fou et mysogyne aurait mérité le Nobel si le prix avait existé. D’aucuns considèren­t Cavendish le Niçois, comme le meilleur physicien de son époque.

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 ?? (© DR) ?? Henry Cavendish, savant fou et misogyne, qui refusait de parler aux femmes, considéré comme le meilleur chimiste de son époque.
(© DR) Henry Cavendish, savant fou et misogyne, qui refusait de parler aux femmes, considéré comme le meilleur chimiste de son époque.
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(© DR) Le matériel avec lequel Cavendish fit ses expérience­s sur l’air.

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