Monaco-Matin

« Lecyclisme, c’estmavie »

- PROPOS RECUEILLIS PAR ROMAIN LARONCHE

Il a grandi au service de Bartoli à la fin des années 90, avant de voler de ses propres ailes et de faire une razzia sur les courses d’un jour au début des années 2000. Double champion du monde, olympique, neuf classiques, dont cinq “Monuments” : l’Italienn’était pas le coureur le plus spectacula­ire, mais il passait rarement àcôté d’une grosse occasion. Aujourd’hui âgé de 42 ans, l’ancien sélectionn­eur transalpin (2010-13) était de passage à Cannes en début de semaine, dans le cadred’une croisière organisée par La Gazzetta dello Sport. Il est revenu sur sa carrière XXL avec simplicité, le tout dans un français maîtrisé. Oui j’ai vécu six ans à Monaco. Le Tour du haut Var, je pensais pouvoir l’inscrire à mon palmarès. Une année, on était un petit groupe d’une vingtaine. J’ai regardé autour de moi, je me suis dit ”j’ai gagné”. Et finalement j’ai vu Chavanel, me passer comme une flèche. Je ne le connaissai­s pas, c’était quasiment un néo pro, mais j’ai vite appris à le connaître (en ).

Vous roulez encore beaucoup ? Pas beaucoup, ça se voit non ? (il rigole en mettant sa main sur son ventre). J’ai changé totalement de vie à la fin de ma carrière. Je remonte très facilement sur un vélo, mais uniquement pour faire du tourisme, pas pour la compétitio­n.

Quelles sont vos activités aujourd’hui ? Je collabore avec La Gazzetta dello Sport et RCS Sport pour l’organisati­on de courses, comme Tirreno Adriatico et je travaille avec les trois marques qui m’ont suivi pendant ma carrière : Sportful, Sidi et Colnago.

Vous travaillez également pour la Ligue italienne de cyclisme ? A la fin de l’année, je vais devenir président de la commission technique nationale. Je vais essayer de faire changer les choses à partir de l’année prochaine.

Il y a beaucoup de choses à changer dans le cyclisme italien, qui a dumal à remplacer votre génération ? Oui, il y a beaucoup de travail à faire sur les jeunes notamment. Il ne faut pas raisonner en pensant aux résultats immédiats. Tout le monde veut être performant tout de suite, sans construire ni bâtir des fondations solides pour le futur.

En terme de médiatisat­ion, le cyclisme transalpin a davantage du mal à exister après toutes les années de gloire ? C’est vrai. L’Italie, la France et la Belgique sont les nations historique­s, qui ont construit le cyclisme. Elles sont habituées à gagner, quand ce n’est plus le cas, cela étonne. Mais la France a aussi connu des années plus difficiles. Sauf que pendant ces années compliquée­s, le pays a construit pour le futur et récolte les fruits aujourd’hui. L’Italie, elle, n’a rien fait. Les Anglo-Saxons ont changé la mentalité du cyclisme. Certains pays ont regardé ce qui se faisait ailleurs, pas nous.

Le cyclisme italien est resté trop traditionn­el ? Oui. Nous avons trop été attachés aux valeurs du passé et n’avons pas suivi le changement. On a continué à faire du cyclisme comme on avait l’habitude de le faire, alors que les méthodes d’entraîneme­nt ont changé.

Celui qui suscite tous les espoirs, c’est Fabio Aru. Votre avis ? Fabio est jeune ( ans) et c’est déjà un grand coureur, qui a déjà gagné un grand Tour (la Vuelta ). Il a disputé pour la première fois le Tour, c’est normal qu’il ait connu quelques difficulté­s ( du général). Dans les prochaines années, il pourra réaliser de grandes choses aussi sur le Tour.

Le gagner ? Il a les possibilit­és pour le faire. Gagner,  ou  ce n’est pas la même chose, mais ça reste un très grand résultat et Fabio sera capable de le faire.

Que pensez-vous du cyclisme français. Est-il supérieur au vôtre ? Il y a beaucoup de jeunes qui réalisent de bonnes choses. Des sprinters, des coureurs de classiques, pour les Tours. Si on enlèveNiba­li et Aru, je pense que vous avez quelques coureurs de plus que nous.

Le coureur actuel qui vous ressemble le plus ? Amoi ? (il réfléchit). Simon Gerrans n’est plus très jeune ( ans), mais il a les caractéris­tiques pour faire une carrière comme la mienne. Son problème, c’est qu’il n’est pas assez régulier. Il fait quinze jours très bien, puis de trop longues périodes où il n’est plus dans un pic de forme. Il a gagné Milan-Sanremo, Liège. Il a les capacités pour remporter toutes les plus grandes courses d’un jour.

Et celui qui vous plait le plus ? Je regarde surtout le vélo pour les courses, plus que pour les coureurs, parce que j’adore ça. Le cyclisme, c’est ma vie.

Il n’y a pas un coureur en particulie­r ? C’est facile de dire Peter Sagan parce que ce n’est pas seulement le coureur qui va gagner, mais c’est celui qui s’impose avec style. Il a quelque chose en plus. C’est un grand cycliste et un grand acteur. C’est formidable pour le sport, il fait évoluer les mentalités.

Quelle est la course de votre palmarès qui vous rend le plus fier ? Les Jeux olympiques. Pour un sportif en général, c’est ce qu’il y a de plus grand. Je suis rentré d’Athènes au village olympique avec la premièremé­daille d’or. J’ai compris à cemoment que j’avais fait quelque chose de particulie­r. Les sportifs ne touchaient pas la médaille, car c’est quelque chose de sacré, mais tout le monde me regardait. Je me souviens d’ailleurs que Mauresmo était venue me féliciter.

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(Photos Gilles Traverso et archives AFP) Vous connaissez la région pour avoir vécu à Monaco et disputé le Tour du haut Var...

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