Sous la terre
La campagne de fouilles de la grotte de l’Observatoire reprend pour comprendre l’histoire préhistorique de la Principauté.
Elena Rossoni-Notter a le sourire. La responsable scientifiquedes opérations est persuadée que la campagne archéologique qui démarre donnera de beaux résultats. Et les premiers ossements mis à jour au démarrage de la fouille confortent sa prémonition. Un siècle après sa découverte, la grotte de l’Observatoire, sous le jardin Exotique, est à nouveau le théâtrede fouilles archéologiques. Une volonté portée par l’équipe du musée d’anthropologie préhistorique (MAP) de rouvrir ce chantier qui n’avait plus été exploré depuis trente ans. « C’est une grotte extraordinaire dans une faille, avec une présence archéologique riche où l’on retrouve dès l’entrée toute la séquence paléolithique supérieure » s’enthousiasme Patrick Simon, ledirecteur du MAP. « L’objectif de cette reprise du chantier est de dater au mieux les différentes planches de cette grotte » . En 1916, le prince Albert 1er avait mis à jour ce site qui jouit aujourd’hui d’une réputation internationale. Les chercheurs souhaitent désormais mieux appréhender les lieux. Ily a un siècle, les outils technologiques étaient inexistants. Aujourd’hui, l’équipe du MAP entend connaître auplus près son terrain de jeu et le valoriser. Une dizaine d’archéologues de Monaco, d’Europe et d’Afrique vont intervenir pour révéler le défi. « Les premiers jours, en surface, nous avons déjà découvert des objets en grattant » souligne Elena Rossoni-Notter.
Les outils de Cro-Magnon retrouvés dans la terre
En effet, dès les premiers coupsde pinceau dans la terre, les archéologues ontmis à jour des petits outils taillés spécifiques de la périodedeCro-Magnon (il y a 38000 ans). On retrouve aussi des restes d’animaux (mâchoires et colonne vertébrale de bouquetins notamment) enserrés dans le rocher. Un peu plus bas, des traces de l’homo erectus évoquent une période d’il y a 300 millions d’années. « Ces données, nous les avions des précédentes campagnes, mais notre objectif est d’affiner la compréhension de cette grotte pour connaître les différents passages des hommes de la préhistoireàMonaco, et du nombre d’occupations qu’il y a pu avoir » continue Olivier Notter, qui collabore à la fouille. Foi d’archéologue, dès que l’on ouvre un site, on détecte des traces du passé et on trouve des témoignages. Il s’agira dans les prochains mois de faireparler la terre et d’analyser les moindres fragments qu’elle contient pour tacher de discerner qui étaient les premiers habitants de la Principauté.