Des salariés du Fairmont contestent un licenciement
Débrayage et mobilisation, hier devant le Fairmont Monte-Carlo, après le licenciement d’un salarié qui avait tenté de sortir avec notamment un ustensile d’une valeur de « 72 centimes »
Ils ont accroché une brosse à dents au revers de leur veste. Il est 15 heures, hier après-midi, et une cinquantaine de personnes se presse devant l’hôtel Fairmont MonteCarlo. L’une d’entre elles tient un balai avec, au bout, une brosse qui rappelle elle aussi l’ustensile. Et c’est justement une brosse à dents qui a conduit, hier, à un débrayage et une mobilisation devant l’établissement. Les délégués du personnel, rejoints par le syndicat Hôtels cafés restaurants et celui des Cuisiniers, pâtissiers, tabliers bleus, protestent contre « une sanction énorme, disproportionnée » , livre Jean- Pierre Messy, le secrétaire général du syndicat des cuisiniers pâtissiers. Il parle du licenciement d’un salarié du Fairmont Monte-Carlo pour « une brosse à dents et quelques viennoiseries mises à disposition du personnel » .
« Un geste humain »
C’était le 6 octobre dernier. Ce jour- là, Noureddine, un plongeur qui va sur ses 57 ans, finit son service. Celui qui travaille ici depuis 2005 trouve par terre « une brosse à dents jetable réservée aux clients d’une valeur de 72 centimes » , selon Jean-Pierre Messy. Noureddine la met dans son sac. Il prend aussi quelques viennoiseries, qui, selon Jean-PierreMessy et des salariés croisés hier, peuvent être consommées par des employés. Comme il a faim et que sa voiture est garée à Beausoleil, il se dit qu’il mangera en route. Sauf qu’au moment de quitter les lieux, on lui demande d’ouvrir son sac. Un « simple contrôle de routine connu et accepté par tous les salariés » , selon la direction (lire ci-contre). La brosse à dents est dedans. Le 13, le courrier tombe: licencié. « Il n’avait pas du tout l’intention de voler quoi que ce soit » , reprend Jean-Pierre Messy. Il demande « un geste humain » , et « la réintégration » de Noureddine. Même si « on a déjà vu la direction, plusieurs fois. Ils nous ont répondu qu’ils avaient pris la décision et qu’ils ne reviendraient pas dessus » . Les salariés se sont mobilisés par « solidarité » , et pour « dénoncer l’injustice » , tonne-t-il aumicro, sous le vent frais qui agite des drapeaux rouges ou blancs. Ils fustigent, aussi, « des pratiques venues d’un autre temps », lâche Olivier Cardot, le secrétaire général adjoint de l’Union des Syn- dicats de Monaco (USM). Après la mobilisation d’hier, tout lemonde pourrait à nouveau se rassembler, bientôt. Le 6 décembre, l’USM appelle à une nouvelle mobilisation interprofessionnelle, comme celle de juin dernier, qui avait rassemblé un millier de personnes dans les rues.