Roquebrune : retour à la source sur le Mont Gros
Dans le prolongement du vaste projet de reboisement entamé dans les années 90, la commune poursuit son partenariat avec Monaco et l’ONF via l’aménagement d’un point d’eau
Difficile de trouver mieux que le Mont Gros pour illustrer ce que sont les Alpes-Maritimes. En contrebas, à portée d’yeux, la mer Méditerranée et ses plages roquebrunoises. Sur site: de la rocaille, de la verdure florissante et… de l’eau. Dans la continuité d’une opération de reboisement entamée dans les années quatre-vingt-dix (voir encadré), c’est sur cet élément que de nouveaux travaux entrepris par la mairie, en collaboration avec l’Office national des forêts (ONF) et Monaco, se déroulent depuis plusieurs semaines. Après que la source Rossignola - qui donne son nom à un chemin - a été redécouverte. « La zone était complètement éboulée, pleine de broussailles. On savait qu’il y avait une source, mais on ne savait pas où. Alors on a pris nos pelles et on a commencé à creuser, explique Eugène Garaccio, chargé de l’entretien des sources communales. On pense que l’aménagement date de 1700 ou 1800. » Il montre du doigt la source en question, dont l’aménagement est quasi achevé. Puis, juste en dessous, un premier lagon, en cours de rénovation. « Les anciens avaient prévu la sécheresse et les fortes pluies en mettant en place un cycle de dégorgement. », souligne-t-il. Audelà d’un certain seuil, l’eau s’écoule dès lors dans une ravine à côté, protégeant le site. Plus bas encore, un second lagon, qui sera transformé en miroir d’eau.
Une boucle passant par tous les points de vue
Car le projet est plus global, et entend bien offrir un réaménagement total de l’espace. Tenant compte des richesses préexistantes. « Nous avons repris le GR dans l’idée de créer une boucle passant par tous les points de vue, explique Frédéric Vial, responsable du service des espaces verts de Roquebrune. Suite aux intempéries, des arbres étaient tombés au milieu. Nous l’avons donc rendu de nouveau accessible. Nous allons aussi créer des pas-d’âne, des grandes marches, pour que le chemin soit moins abrupt. » Et d’ajouter que le tracé contourne une ruine, celle de la mystérieuse « maison des brigands ». Autour de laquelle seront créés un point de vue et une aire de pique-nique. Pour que chacun puisse trouver un intérêt à venir sur place, grand montagnard comme simple promeneur du dimanche. « Chaque fois qu’on travaille sur ce site, on trouve de nouvelles perspectives… » Un ancien four à chaux, un peu plus haut, devrait quant à lui être « redynamisé » . « Le col de la Coupière tient son nom de là. La coupe, c’est la cuisse. Nos anciens mettaient de la terre dessus pour mouler des tuiles » , reprend Eugène Garaccio. Bien enthousiaste à l’idée que les enfants puissent monter au Mont Gros pour y faire le plein de connaissances. « Nous faisons déjà travailler deux classes de Roquebrune et une de Menton sur le cycle de l’eau. Méditerranée-évaporation-infiltration dans le mont Agel-source. L’eau sortant naturellement grâce à l’argile. »
« Faire comprendre l’intérêt de préserver »
En fin d’année scolaire, une fois les travaux achevés, les élèves pourront ainsi venir sur place observer le cycle demanière pra- tique. « On veut ouvrir ce site à l’éducation nationale, complète le maire, Patrick Cesari. Pour y proposer une découverte, des visites commentées. Il s’agit de montrer aux enfants que leur commune, ce n’est pas que la mer… Et on peut leur faire comprendre l’intérêt de préserver le site, son environnement. » Vingt ans après une opération de replantation durant laquelle les écoliers de Roquebrune et de Monaco s’étaient
investis. Les trous ayant été conçus par l’ONF de manière à ce que chaque enfant puisse y déposer sa pousse de 20 cm. « Il faut imaginer qu’à l’époque, la montagne était totalement pelée, rappelle Frédéric Vial. Les générations qui ont grandi avec ces arbres doivent monter voir ce qu’il en est aujourd’hui. » Et s’intéresser, plus que jamais, aux enjeux de valorisation.