Une avocate et élue cannoise en garde à vue
Une avocate cannoise vient de subir le sort généralement réservé à ses clients. Me Chantal Azémar-Morandini a été placée en garde à vue hier matin dans le cadre d’une information judiciaire ouverte il y a une dizaine de jours au tribunal de grande instance de Grasse. La justice s’intéresse à la gestion des comptes professionnels de cette avocate. Son cabinet, situé boulevard Carnot, a été perquisitionné… Tout comme son bureau à la mairie annexe de la Ferrage. Chantal Azémar-Morandini est en effet adjointe à l’éducation de la ville de Cannes. Elle a également été élue conseillère départementale en mars 2015 en tandem avec David Lisnard, le premier magistrat de la ville, dans le canton de Cannes 2. L’enquête en cours ne vise toutefois pas les activités politiques de cette élue cannoise.
Soupçons de cavalerie financière
Ce sont davantage les pratiques professionnelles de cette avocate cannoise qui inquiètent la justice. Des anomalies auraient été découvertes sur son compte Carpa (le compte professionnel des avocats). D’importants mouvements de fonds auraient été décelés, laissant supposer des « détournements présumés de plusieurs centaines de milliers d’euros », selon une source judiciaire. En clair, Me Azémar-Morandini aurait pu dilapider une partie de l’argent de ses clients et recourir à un système de cavalerie financière pour dissimuler ses errements de gestion. C’est en tout cas ces faits pouvant caractériser le délit d’abus de confiance sur lesquels elle va devoir s’expliquer dans le cadre de sa garde à vue. L’avocate est notamment interrogée sur la destination de ces importantes sommes d’argent tirées sur son compte professionnel. Ont-elles pu servir à financer son propre train de vie? C’est là tout l’enjeu de son audition. Selon nos sources, les anomalies constatées par la justice pourraient s’étaler sur plusieurs mois, voire plusieurs années.
La militante RPR devenue une figure politique locale
Aucun soupçon ne pesait pourtant sur la probité de cette élue cannoise avant ces derniers jours. Son engagement politique remonte à la fin des années quatre-vingt-dix. Le maire de Mandelieu, Henri Leroy, avait alors choisi cette jeune avocate pour l’assister à laprésidencede lahuitième circonscription RPR des Alpes- Maritimes. En 2001, cette militante avait ensuite accédé à ses premières fonctions électives. Chantal Azémar-Morandini avait alors intégré l’équipe municipale de Bernard Brochand qui lui avait confié la délégation des anciens combattants et des services funéraires de la ville. À l’époque, Me Azémar-Morandini avait également eu à siéger au sein de la commission d’appel d’offres de la municipalité cannoise. En 2003, un plagiste avait attaqué une décision de ladite commission. Concurrent malheureux au renouvellement de la concession d’un établissement de plage, celui-ci n’avait guère apprécié de découvrir que son avocate, en l’occurrence Me Chantal Azémar- Morandini, était aussi, en tant qu’élue, la présidente de la commission d’appel d’offres qui l’avait évincé. Un mélange des genres qui avait conduit le tribunal administratif à casser la procédure d’attribution estimant qu’il y avait là « un vice substantiel de nature à entacher d’irrégularité l’ensemble de la procédure ». Plainte avait d’ailleurs été déposée au pénal que le parquet avait décidé de classer sans suite. Il n’y avait donc pas, selon lui, matière à poursuivre. Reste à savoir s’il en sera de même cette fois.