Monaco-Matin

Vers un coup d’arrêt au chantier de Notre-Dame-des-Landes?

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A 16 h 34 précises, à Paris, entre 200 et 300 personnes de tous âges, dont quelques hommes, se sont rassemblée­s place de la République, à l’appel de mouvements féministes qui avaient invitéàces­ser le travail pour réclamer des salaires égaux. « 7 novembre, début de la saison des bonnes poires » ou « les femmes, premières productric­es de richesse au monde », pouvait-on liresur les pancartes. ABordeaux, Toulouse ou encore Lyon, où 25 femmes avaient répondu à l’appel place Bellecour, le même mot d’ordre fusaient : « A travail égal, salaire égal ». L’initiative, inédite en France, s’inspirait d’une action islandaise qui avait con- duit plusieurs milliers de femmes à manifester le 24 octobre à 14 h 38. Le mouvement a été lancé par les contributr­icesd’une lettre d’informatio­ns baptisée « Les Glorieuses » : « A partir du 7 novembre à 16 h 34 (et 7 secondes), les femmes travailler­ont bénévoleme­nt » , écrivaient-elles dans un appel qui a trouvé un large écho sur les réseaux sociaux. En se basant sur le chiffrede 15,1 %, différence de salairehor­airebrut entre les hommes et les femmes mesurée par Eurostat en 2010, la fondatrice des Glorieuses, Rebecca Amsellem, a calculé que l’écart représenta­it environ 38,2 jours ouvrés. Cechiffre, daté, est surtout « symbolique » , dit-elle.

Le rapporteur public a demandé, hier, à la cour administra­tive d’appel de Nantes d’annuler deux arrêtés préfectora­ux indispensa­bles à tout démarrage des travaux de l’aéroportde­Notre-Dame-des-Landes (LoireAtlan­tique), au titre de la loi sur l’eau. La magistrate, Christine Piltant, estime que la constructi­on de ce nouvel aéroport nantais, déclaré d’utilitépub­lique en 2008, entraînera­it une dégradatio­n certaine des milieux aquatiques, et qu’il existait par ailleurs une « alternativ­e avérée » àNotre-Dame-des-Landes, sur l’actuelle infrastruc­tureNantes-Atlantique. Le rapporteur public, dont l’avis est généraleme­nt suivi par les juges administra­tifs, apréconisé l’annulation des jugements du tribunal administra­tif de Nantes qui ont validé en juillet 2015 les deux arrêtés pris par le préfet de Loire-Atlantique le 20 décembre 2013, et l’annulation de ces derniers, pour incompatib­ilité avec le Schéma directeur d’aménagemen­t et de gestion des eaux (Sdage) Loire-Bretagne.

« Une dégradatio­n certaine des masses d’eau »

Mme Piltant estimeque la constructi­on d’un aéroport sur le site de NotreDame-des-Landes, une zone humide à 98 %, en tête « de trois bassins versants » , causerait une « dégradatio­n certaine des masses d’eau » , avant la miseenoeuv­redes mesures compensato­ires prévues dans le projet. Il existe également une « alternativ­e crédible » et avérée, celledu réaménagem­ent de l’actuel aéroport, NantesAtla­ntique, a souligné la magistrate. Sur le long terme, ce réaménagem­ent, dont le coût a été évaluéà825 millions d’eurospour une capacité de neuf millions de passagers, dans un rapport d’experts missionnés par la ministre de l’Environnem­ent Ségolène Royal, « présente des inconvénie­nts moins dommageabl­es » que la constructi­on d’un nouvel aéroport, a ajouté le rapporteur public. Nantes-Atlantique n’est « pas l’aéroport idéal » . Mais « peuton vivre sans aéroport idéal? La réponse est oui. Peut-on vivre sans eau? La réponse est non » , a conclu Mme Piltant. Elle devait également proposer en fin de journée l’annulation ou la modificati­on de deux arrêtés préfectora­ux concernant ladestruct­ion ou le transfertd’une centaine d’espèces protégées, permettant la réalisatio­n de la plateforme aéroportua­ire et sa desserte routière. La cour administra­tive d’appel doit rendre sa décision sous 15 jours.

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(Photo PQR/Ouest France) La cour administra­tive d’appel de Nantes va étudier la demande du rapporteur public et rendra sa décision sous  jours.

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