ÀMonaco, «la tristesse » des expatriés américains
Déception, résignation, inquiétude ou expectative... Sentiments mêlés chez les Américains de la Principauté après la victoire des Républicains, même si la déception domine largement
Quand Cristina Corso se couche, mardi soir, elle s’endort avec « une espérance » : assister à l’élection d’Hillary Clinton. Quand la consultante américaine de 50 ans, qui vit sur la Côte d’Azur depuis vingt-neuf ans et réside à Monaco depuis une dizaine d’années se réveille, elle attrape son iPad. Et là, c’est « le choc » : Donald Trump a obtenu 268 votes de grands électeurs sur les 270 nécessaires pour pouvoir s’asseoir dans le Bureau Ovale. Quelques heures plus tard, elle est « résignée » , « triste » . Le sentiment surnage chez les expatriés américains de Monaco et d’ailleurs. Mardi, lors de la traditionnelle soirée de suivi des élections américaines au Stars’N’Bars, expat’ et curieux avaient d’ailleurs choisi Hillary Clinton, lors d’un vote fictif.
La « longue journée »
Juste après les résultats du vote, Cristina Corso sait qu’une « longue journée » l’attend. « J’ai éteint la télévision, la radio, Facebook, dit-elle. Je ne veux pas me remettre dedans, ça me déprime. J’attends un peu » . Mais quand elle évoque le sujet du president elect, difficile de l’arrêter. Les in- Mardi soir, expatriés américains ou curieux se sont rassemblés au Stars’N’Bars, lors de la traditionnelle soirée de suivi des élections.
quiétudes sont trop fortes. Sur l’économie, la réaction des marchés, la Russie de Vladimir Poutine qui s’est réjouie du résultat du scrutin, le scepticisme de Trump sur le réchauffement climatique… « Le monde entier attend de voir
ce qu’il va faire », soufflet-elle avec une petite voix. La première prise de parole du Républicain ne l’a pas vraiment rassurée. « Comme d’habitude, c’était dénué de toutes choses concrètes » , balaye Cristina Corso.
Selon elle, « l’humanité est en train de perdre le nord » . Parce que la victoire de Trump pourrait, peut-être, ouvrir la voie à d’autres changements politiques radicaux, après le Brexit. Elle regarde vers les prochaines élections en Alle-
magne ou en France, par exemple. « Je pense que Marine Le Pen peut bénéficier » du vote, avance- telle. Anne Dewez, 64 ans dont 20 àMonaco, ressent de la « tristesse » . « Le message qu’on envoie à nos enfants, c’est qu’on peut élire quelqu’un qui n’a pas de sens moral » , lâche-t-elle. La retraitée est « bouleversée, parce que le système n’a pas pu produire de meilleurs candidats » que les représentants des partis conservateur et progressiste.
« Wait and see »
Et même si Anne Dewez ne se réjouit pas de la victoire de Trump, elle veut quand même positiver : « On a besoin d’un programme comme le WPA (N.D.L.R. : grand programme de travaux publics lancé dans le cadre du New Deal), pour construire des infrastructures et de créer de l’emploi » , dit- elle. Comme le futur président va « se concentrer sur les problèmes domestiques » , « vient du monde du bâtiment » et « recherche l’approbation du public » , elle pense qu’il se penchera sur le problème, et « c’est bien » , veut-elle croire. D’autant que le parti Républicain va contrôler et la Maison Blanche et le Congrès, pointe Anne Dewez. Reste que Trump est « imprévisible » . Le milliardaire souffre de « trouble de la personnalité narcissique ». Alors, elle ne veut pas trop s’avancer. « Wait and see. Ce qu’on prédit n’arrivera probablement pas » .