LesMentonnais dans l’expectative
Au marché couvert de Menton, hier midi, le résultat des élections américaines ne passionnait assurément pas les foules. Mais questionnés sur la victoiredeDonald Trump, maraîchers et clients ontmalgré tout leur mot àdire. Réaction express ou plus développée, selon l’intérêt porté à la politique en règle générale. « Moi je trouve ça ridicule. Ce vote exprime surtout le sens dans lequel le monde va » résume ainsi un commerçant affairé à son stand. Au troquet d’à côté, Aubé est plus loquace. Mais prudent. « Pour l’instant, c’est un peu prématuré. Onverra. Trump est l’un des plus riches de la planète… mais ça ne va pas rentrer dans mes poches. L’essentiel c’est que les pauvres puissent s’en sortir. »
« Personnage de Disney pas encore mis au point »
Le Mentonnais de 60 ans admet, cela dit, ne pas parler de tels sujets avec les copains. Selon lui, seuls les politiques locaux s’y intéressent véritablement. « Le tout, c’est qu’on reste en liberté, nous, en France. Qu’ils ne viennent pas nous ficanasser. », lâche-t-il. La patronnedubar renchérit: « Il faut voir s’il est plutôt pour la paixoupour la guerre » . Concernant la personnalité du nouveau chef d’État, Aubé n’y va pas par quatre chemins: « Il me fait penser à un personnage de Walt Disney jamais mis au point. Un petit et gros cochon qui aime les femmes. Si c’était un messie, alors il y en aurait beaucoup sur terre… » Pour lui, il faudrait auminimum queTrumplutte pour la planète et pour les jeunes. Mais du point de vue de Louis, maraîcher bio, ce n’est pas dans cette direction que leprésident s’oriente. Il explique que l’organisation cybermilitante Avaaz appelait à ne pas voter pour lui. « Il n’a aucun but écolo. Il n’a rienàvoir avec l’histoire d’aujourd’hui. » Pire encore, son élec- tion « confirmeque la société est perdue », affirme le jeune homme. Qui prédit que les Français « qui font toujours comme les Américains » pourraient en faire demême. « Cela dit, le sud vote déjàbien FN. Alors ça ne changera rien ici. Moi je ne vote plus. Je les laisse faire leur manège et, demon côté, je fais ce que j’ai à faire. » Selon Louis, les politiques, quelle que soit leur nationalité, ne sont pas assez auprès du peuple. Pas suffisamment sur le terrain. « Moi, je m’en bats les c…, répond instinctivement unemaraîchèrede 86 ans. Je ne l’aime pas, c’est un homme à putes. J’ai déjà du mal à m’occuper de moi etàavoir un bout de painàmemettre sous ladent. La politique, je n’y comprends rien. » À ses côtés, un agent de la commune se dit profondément pro Trump. « Il a raison! Clinton et son mari n’ont rien apporté à l’Amérique. Nous aussi on cherche le messie pour vivre tranquillement. Mais au lieu de ça, on nous sert la ceinture. » Àses yeux, lenouveau président a le mérite d’être un entrepreneur. Àune époque où l’économie se doit d’êtresolide. « Son élection n’est pas étonnante, poursuit-il. Il faut changer. Et essayer. Nous, nous avons toujours les mêmes têtes. »
« Le FN à notre porte »
Àcheval sur son scooter, un jeune homme l’écoute. Mais n’approuve pas. « Je ne suis pas sûr que le changement soit bon. S’il met en applicationcequ’ilaannoncé en campagne, ce ne sera pas bon pour le tourisme ici. Les Américains ne viendront plus. » Et de développer le parallèle avec la France. « Avec le Brexit et cette élection, c’est signe que le FN est à notre porte. Il n’y a qu’à regarder du côté des autres pays européens… » . Les deux hommes s’accordent pourtant à dire que la Francepêchepar son « manque de renouvellement ». « Cela dit, maintenant qu’ilaété élu, il faut lui donner sa chance, poursuit le jeune homme. Comme nous avons donné la sienne à Hollande. »