Monaco-Matin

Cacao étoilé

Joël Robuchon, le chef le plus étoilé du monde, ouvremardi prochain un bar à chocolat à l’hôtel Métropole. A fondre de plaisir...

- PROPOS RECUEILLIS PAR CEDRIC VERANY cverany@monacomati­n.mc

Il l’annonce comme un médecin fait une ordonnance: « Pour moi, c’est quatre carrés de chocolat 100 % cacao par jour, c’est très bon pour le coeur. » Joël Robuchon est un gourmand. Mais pour le chef le plus étoilé au monde, la cuisine rime désormais avec le bien-être et la santé. Et toujours le plaisir. Démonstrat­ion faite pour l’hôtel Métropole, son fief monégasque depuis presque quinze ans, pour lequel il a déjà créé trois restaurant­s. Joël Robuchon lancera le 15 novembre un bar à chocolat dans le lobbydu palace. Rendez-vous cosy à l’heure du thé où les serveurs roulent un chariot sous les yeux des clients, qui contient le chocolat sous toutes ses formes: à boire, en crème, en pâtisserie­s, en mousse, en thé, en confiserie, en macarons à base de grands crus de cacaovenus d’Amérique du Sud ou d’Afrique. Des douceurs imaginéesp­ar le chef des lieux, Christophe Cussac, et le chef pâtissier de l’établissem­ent, Patrick Mesiano. En bon gourmand, Joël Robuchon conseille la religieuse au chocolat, « la meilleure que j’ai goûté au monde » . Morceaux choisis.

Quelle a été l’impulsion de ce bar à chocolat qui est une première dans votre galaxie d’établissem­ents? C’est en effet une première. Le chocolat suscite beaucoup de fascinatio­n, de bonheurs, de vertus. À l’approche des premiers frimas d’hiver, qui ne pense pas à boire une tasse de chocolat chaud? Quoi de meilleur? Cela correspond à l’attente de la clientèle à cette période de l’année. Et puis il y a tellement de recettes avec le chocolat, je suis heureux que le chef pâtissier Patrick Mesiano nous fasse découvrir tout son talent à travers les douceurs préparées pour ce bar. On espère que le concept séduira notre clientèle de l’après-midi, notamment les enfants.

Vous êtes amateur de cacao? Je suis, oui, un très gros consommate­ur de chocolat. Et j’aime le  % cacao auquel je me suis progressiv­ement habitué. Au début j’ai commencé pour des raisons médicales, car le chocolat est très bon pour les problèmes cardiovasc­ulaires. C’est aussi bon pour lutter contre le stress, la tension, la déprime que l’on subit parfois dans nos métiers. Aujourd’hui, je ne m’en porte pas trop mal. Plus ça va, plus on me dit que je rajeunis, c’est peutêtre l’effet du chocolat ( rires).

Vous êtes un défenseur du bienmanger. Le chocolat est un aliment sain? Choisir un bon chocolat n’est pas évident. La couleur recherchée n’est pas forcément noiremais plutôt rouge brune. Il doit être lisse, brillant, avec une pâte fine. Il doit se casser d’un bruit sec et fondre en bouche. Je conseille d’ailleurs de conserver chez soi le chocolat dans un endroit sec, dans une boîte hermétique, car il prend très vite les odeurs. J’encourage les gens à manger du  %, c’est là que l’on voit vraiment la qualité du chocolat. Nous réfléchiss­ons d’ailleurs à un dessert  % cacao, sans sucres pour notre bar qui peut correspond­re à l’attente de certains clients. De plus en plus de personnes soignent leur façon de s’alimenter et les restaurate­urs doivent en tenir compte dans leurs menus.

Une prise de conscience marquante dans votre profession? La prise de conscience a été de diminuer le sucre, le sel et le gras. Ça ne s’arrête plus là. On est passé à une étape supérieure. On salait à l’époque tout à vingt grammes de sel au kilo, on est descendu en dessous de dix grammes. Pareil pour lesmatière­s grasses. J’entends parler des vertus de l’huile d’olive, le mieux, ce n’est pas de gras du tout pour vivremieux et plus longtemps. C’est une révolution dans tout ce que j’ai appris au cours de ma carrière. Quand j’ai démarré, on m’a appris à fixer les saveurs avec du gras, ce n’est plus le cas aujourd’hui. C’est possible de faire de la très bonne cuisine sans gras, mais il ne faut pas tricher. Il faut de bons produits. Ceci dit, le plat qui m’a rendu le plus célèbre, c’est la purée de pommes de terre au beurre ( rires), mais le beurre cru est bon pour la santé. Dans ma famille, où on consomme beaucoup de beurre, il y a des centenaire­s! Cette quête de la clientèle pour une cuisine plus légère, vous la ressentez partout? Ce que l’on constate le plus aux États-Unis ou à Singapour par exemple, c’est la recrudesce­nce de végétarien­s parmi la clientèle. En France, ça commence tout juste. Quand on voit par exemple la maltraitan­ce que subissent certaines bêtes, on n’a plus envie de manger de la viande. La cuisine de demain sera de plus en plus au service de la santé. Partout dans mes établissem­ents, je demande d’intégrer dans nos préparatio­ns des antioxydan­ts, comme le curcuma. Je ne suis pas nutritionn­iste, je ne suis pasmédecin­mais j’écoute ce qu’on me dit. Et je travaille pour le bien- être de chacun.

Quelles sont vos prochaines adresses dans lemonde? Nous ouvrons en décembre un Atelier à Montréal. Puis deux autres au printemps prochain, à New York et à Miami. Suivra à la fin de l’année , un restaurant gastronomi­que toujours à New York. Et en , un Atelier à Genève.

Beaucoup d’établissem­ents aux États-Unis. Au cours de votre carrière avez-vous déjà cuisiné pour Donald Trump, qui vient d’être élu président? Non, je ne l’ai jamais rencontré mais j’ai entendu que c’est un grand amateur de la gastronomi­e française. Je sais également qu’il a aidé beaucoup de cuisiniers français à s’installerà New York. J’espère que ça continuera!

La cuisine de demain sera au service de la santé... ”

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 ?? (Photos Michael Alesi) ?? Dans les cuisines de son restaurant à l’hôtel Métropole hier matin, Joël Robuchon teste les « grands crus » de cacao que lui présentent les chefs Patrick Mesiano et Christophe Cussac.
(Photos Michael Alesi) Dans les cuisines de son restaurant à l’hôtel Métropole hier matin, Joël Robuchon teste les « grands crus » de cacao que lui présentent les chefs Patrick Mesiano et Christophe Cussac.
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