Inquiétude après trois nouveaux séismes
La terre a de nouveau tremblé à trois reprises entre hier et avant-hier dans la région de Gap, avec une intensité de 4,1 sur l’échelle ouverte de Richter, ressentie jusqu’à Nice
Un véritable shaker. En l’espace de 24 heures, entre mercredi et jeudi, près d’une trentaine de secousses ont été enregistrées dans la région de Gap et Digne ( Hautes- Alpes et Alpes-de-Haute-Provence). Avec des intensités courant de 1,1 à 4,1 sur l’échelle ouverte de Richter. Et sans faire ni dégâts, ni victimes. La plus forte secousse (4,1), celle de 3h48 dumatin hier, a été ressentie jusque sur la Côte d’Azur. Majoritairement à Nice, où une vingtaine de personnes ont alerté le bureau central sismologique français basé à Strasbourg. Mais aucun appel n’a été enregistré par les sapeurs pompiers des Alpes-Maritimes. Trois minutes plus tôt, un séisme de 3,5 avait déjà été localisé à 32 kilomètres de Gap. Une multitude de répliques ont suivi ces deux événements. Cette activité relativement intense dans les Alpes-deHaute- Provence avait connu avant-hier, mercredi, un premier épisode de 3,7 à 16h35.
Faut- il s’inquiéter ?
« Non », affirme Anne Deschamps, sismologue à l’observatoire GéoAzur, basé à Sophia Antipolis. « Nous avons ici affaire à un essaim
sismique. Une série d’événements dont l’immense majorité n’est pas perceptible. Il n’y a pas de raison particulière de s’alarmer. » Anne Deschamps note malgré tout dans ces dernières 24 heures la présence de trois
séismes « importants », de magnitude 3,7 à 4,1. Aux alentours de 4 sur l’échelle de Richter, les séismes peuvent être ressentis par la population en fonction de leur localisation. Quant à « l’essaim » de pe-
tits séismes, répliques des plus gros, AnneDeschamps relativise: « Cette activité est ancienne et classique dans cette région. » André Laurenti, amateur niçois très éclairé et passionné de sismologie rappelle qu’en 2002 et 2003, « ce ne sont pas moins de 15000 mini secousses qui avaient été comptabilisées dans le secteur de Barcelonette ».
Faut- il ignorer ces signaux?
Là encore, la sismologue répond « non » . « Ce sont toujours des éléments d’alerte. La science n’est pas capable, compte tenu des connaissances actuelles de prédire quand un séisme plus important pourrait se produire. Ces signaux doivent donc nous rappeler que nous sommes dans une région à risque sismique, et qu’il est bon de connaître les consignes d’évacuation. Sortir de l’immeuble si on en a le temps, se placer sous un chambranle de porte, ou sortir une fois qu’une grosse secousse a été ressentie. »
Ces séismes ont- ils un lien avec la situation en Italie ?
En rien. « La région de Digne et Gap se prolonge par la faille de la Durance, explique Anne Deschamps. Sur le pourtour des Alpes, on trouve des failles liées à leur formation. Ce sont elles qui génèrent cette activité. » Du côté d’Amatrice, en Italie, où s’est produit en août dernier un terrible et meurtrier séisme, s’affrontent les plaques africaine et eurasienne. La chaîne de monta- gnes qui parcourt le centre de la botte italienne se fracture le long de grandes failles. Ses bords glissent parfois brutalement l’un sur l’autre provoquant des tremblements de terre.
Un séisme majeur sur la Côte d’Azur est- il possible ?
« Oui. » La réponse d’Anne Deschamps est claire. « On peut craindre un séisme majeur, du type du séisme dit “Ligure” de 1887 » (lire par ailleurs). Son intensité avait été évaluée entre 6,5 et 6,8. « S’il survenait, il pourrait se situer plus à l’ouest que celui de la fin du XIXe siècle. On pourrait le craindre plus proche de Menton. Il ferait des dégâts relativement importants. » Le séisme du 23 février 1887 avait fait 635 morts dont huit dans les AlpesMaritimes, à Castillon, La Bollène-Vésubie, Bar-surLoup et Nice. Quandpourrait-il survenir? « On ne peut savoir. La récurrence est de 40005000 ans, mais cela peut être demain comme dans 3000 ans », commente Anne Deschamps. « Nice est également sous la menace d’un séisme et plus particulièrement son arrière-pays, dans la région de Peille ou Blausasc. »