Monaco-Matin

Trump donnedes ailes

« La victoire de Donald Trump est d’abord une défaite médiatique. »

- Par MICHÈLE COTTA

L’onde de choc de la victoire de Donald Trump n’a pas fini de s’élargir : tous les leaders politiques européens les uns après les autres tentent de tirer les leçons d’un résultat électoral qu’aucun, à vrai dire n’attendait. Avec eux, c’est aujourd’hui toute la classe politique française qui s’efforce d’interpréte­r le phénomène politique qui a porté à la tête de la plus grande puissance économique du monde un milliardai­re n’ayant jamais exercé de mandat politique. Entraînant cependant derrière lui des millions d’électeurs pau- vres, une majorité d’hommes blancs, habitants des zones économique­s sinistrées, ou encore de territoire­s ruraux laissés sur le bord de la route. La fin du rêve américain, le déclasseme­nt des classes moyennes, autant d’enseigneme­nts pour les responsabl­es politiques français. Et chacun d’en tirer des conclusion­s, pas toujours dans le même sens. Il y a un point, un point seulement, sur lequel chacun ici tombe d’accord avec les autres : la victoire de Trump est d’abord une défaite médiatique. À l’exception de deux ou trois d’entre eux, tous les médias américains, la chaîne d’informatio­n CNN la première, ont appuyé Hillary Clinton, tout au long de sa campagne. La victoire de celui qui sera le  e président des Etats-Unis consacre également la faillite des sondages qui n’ont pas prévu le succès de Donald Trump. C’est une leçon qui va droit au coeur de tous les acteurs politiques, et d’abord des candidats de la primaire de la droite et du centre qui, à l’excep- tion d’Alain Juppé, puisqu’il est précisémen­t le favori des sondages, se sentent pousser des ailes : le numéro , Nicolas Sarkozy, se considéran­t, comme Donald Trump, mal traité par les médias, et malmené par les sondages, se met à envisager qu’un vote « caché » jusqu’ici ne le porte au premier rang, le  et le  novembre prochain. Le numéro , François Fillon, se dit qu’après tout, puisque les enquêtes d’opinion ne sont pas fiables, il peut bien figurer au deuxième tour de la primaire. En revanche, sur les autres conséquenc­es de la victoire de Donald Trump, les avis de nos politiques divergent. Marine Le Pen, favorable au vainqueur depuis le début, jubile : les petits blancs, les délaissés de la mondialisa­tion ont voté Trump. Aucune raison que les plus pauvres, les ouvriers sans industrie, les déclassés de tous bords ne votent pas pour elle et ne l’amènent à la victoire au second tour de la présidenti­elle. Nicolas Sarkozy espère que les mêmes électeurs porteront sur lui leurs suffrages plutôt que sur le parti d’extrême droite. Alain Juppé, partisan depuis les débuts d’une large coalition pour résister aux coups de buttoir du Front national, se voit comme le meilleur, sinon le seul, rempart à la dérive populiste. Quant à la gauche, elle aussi, tente de tirer les leçons du vote : tel Manuel Valls, pour qui il est nécessaire, il l’a redit, de réguler au plus vite l’immigratio­n et de protéger les classes moyennes. Ainsi la stupeur dans laquelle la victoire de Donald Trump a plongé le monde entier rebat les cartes politiques en France, et au- delà, en Europe.

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