Monaco-Matin

Envie d’ailleurs

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À 58 ans, Mikhael Al Kastoma ne veut plus rester en Irak. « Àquoi bon? Pour qui? » , demande-t-il, dans un français à peine hésitant appris il y a longtemps au petit séminaire de Mossoul. Comme la plupart des Qaraqoshie­ns, ce professeur de syriaque est chrétien. Mais aujourd’hui, il est surtout résigné, fatigué d’être trimbalé d’un coin à l’autre de l’Irak. « Quand Daesh a attaqué Qaraqosh en août , j’ai fui vers Erbil avec ma famille. Pendant huit jours, on a dormi dans le jardin de l’église St-Joseph. Puis on a passé plus d’un mois à Sulaymaniy­a. Maintenant, ça fait deux ans que j’enseigne à Alqosh » . À le voir converser ainsi autour d’une tasse de café, un chapelet dans la main, Mikhael a l’air apaisé, presque heureux de sa nouvelle vie dans cette petite ville du nord de l’Irak, qui accueille  familles de déplacés. Il n’en est rien. Après avoir vu sa ville ravagée, samaison détruite, Mikhael, père de quatre enfants, veut quitter l’Irak. « Ça fait trop longtemps qu’on nous dit que ce n’est pas notre terre. Après Daesh, qui d’autre nous dira de partir? » , lance-t-il. Il n’est malheureus­ement pas le seul à penser à l’exode.

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