La sexualité ne se « répare » pas, elle se comprend... Sexo
Après la pilule bleu capable de redonner de la vigueur aux hommes, la pilule rose offrira-telle aux femmes la possibilité de re(trouver) le plaisir ? Michèle Lachowsky émet des doutes
Portés par larévolution Viagra chez leshommes ilyaprèsde 20 ans, plusieurs laboratoires ont lancé des recherchespour tenter de débusquer la pilule miracle capable de traiter le manque de désir féminin. Le sujet sera traité, samedi prochain, dans le cadred’Objectif Santé par Michèle Lachowsky, gynécologue et psychosomaticienne ( lire encadré). « Lapilule dite rose a fait l’objet de nombreux travaux, confirme la spécialiste. Un produit est désormais disponible, proche du viagra chez l’homme. Mais dans laréalité, il est trèspeu prescrit » . Pourquoi? La réponse, les femmes au moins, la connaisse depuis longtemps. « La sexualité de la femme est infiniment complexe, et comporte plusieurs composantes… » Qu’une pilule, aussi performante soit-elle, est bien impuissante à traiter le désir féminin à elle seule!
Essayer de comprendre ce qui se passe
Mais qu’est ce qui fait précisément la complexité de la sexualité féminine? « Interviennent des facteurs somatiques, sociaux, psychologiques… etc., répond Michèle Lachowsky. Pour faire l’amour, la femme, engénéral, abesoin que son couple soit harmonieux, que son partenaire sexuel se comporte bien, d’avoir aussi une vie sociale épanouissante, mais bien sûr, elle est aussi dépendante de ses hormones… » . Et avec l’âge, un autre obstacle se met sur la route de sa sexualité: « L’idée du vieillissement est plus importante que chez l’homme– probablement parce que, lui, ne subit pas le couperet de la ménopause, et peut procréer à n’importe quel âge. Or, pour faire l’amour, une femmeabesoin de se sentirbelle et désirable; si elle se trouve âgée, un peu grosse, ça gâche son plaisir… » Faut-il dès lors renoncer? « Surtout pas! Faire l’amour, et à tout âge, est un plaisir qu’il ne s’agit pas de bou- der. Les femmes qui n’ont pas abdiqué, qui ont un partenaire, et continuent d’avoir une sexualité épanouie après laménopause disent se sentir rajeunies… » Mais, plutôtque chercherdans une pilule rose une solu- tion, Michèle Lachowskysedit plutôt favorable à « essayer de comprendre ce qui se passe ». « On est trop préoccupés par “réparer la sexualité”, peut-être parce qu’aujourd’hui, onenparle trop, et surtout on l’associeàune notion de performance » , s’irrite-t-elle. La sexualité est affaire personnelle et chaque couple un cas particulier. « Quand un couple, au bout de quelques années, ne se retrouve plus, on ne l’envoie pas à la pharmacieacheter une pilule rose ou bleue! Aucune pilule ne stimule l’amour. Par contre, onpeut se renseigner sur la façon dont le couple envisage la sexualité, éventuellement les pousseràmodifier leur façon de penser… S’il le demande! »