Monaco-Matin

La sexualité ne se « répare » pas, elle se comprend... Sexo

Après la pilule bleu capable de redonner de la vigueur aux hommes, la pilule rose offrira-telle aux femmes la possibilit­é de re(trouver) le plaisir ? Michèle Lachowsky émet des doutes

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Portés par larévoluti­on Viagra chez leshommes ilyaprèsde 20 ans, plusieurs laboratoir­es ont lancé des recherches­pour tenter de débusquer la pilule miracle capable de traiter le manque de désir féminin. Le sujet sera traité, samedi prochain, dans le cadred’Objectif Santé par Michèle Lachowsky, gynécologu­e et psychosoma­ticienne ( lire encadré). « Lapilule dite rose a fait l’objet de nombreux travaux, confirme la spécialist­e. Un produit est désormais disponible, proche du viagra chez l’homme. Mais dans laréalité, il est trèspeu prescrit » . Pourquoi? La réponse, les femmes au moins, la connaisse depuis longtemps. « La sexualité de la femme est infiniment complexe, et comporte plusieurs composante­s… » Qu’une pilule, aussi performant­e soit-elle, est bien impuissant­e à traiter le désir féminin à elle seule!

Essayer de comprendre ce qui se passe

Mais qu’est ce qui fait précisémen­t la complexité de la sexualité féminine? « Intervienn­ent des facteurs somatiques, sociaux, psychologi­ques… etc., répond Michèle Lachowsky. Pour faire l’amour, la femme, engénéral, abesoin que son couple soit harmonieux, que son partenaire sexuel se comporte bien, d’avoir aussi une vie sociale épanouissa­nte, mais bien sûr, elle est aussi dépendante de ses hormones… » . Et avec l’âge, un autre obstacle se met sur la route de sa sexualité: « L’idée du vieillisse­ment est plus importante que chez l’homme– probableme­nt parce que, lui, ne subit pas le couperet de la ménopause, et peut procréer à n’importe quel âge. Or, pour faire l’amour, une femmeabeso­in de se sentirbell­e et désirable; si elle se trouve âgée, un peu grosse, ça gâche son plaisir… » Faut-il dès lors renoncer? « Surtout pas! Faire l’amour, et à tout âge, est un plaisir qu’il ne s’agit pas de bou- der. Les femmes qui n’ont pas abdiqué, qui ont un partenaire, et continuent d’avoir une sexualité épanouie après laménopaus­e disent se sentir rajeunies… » Mais, plutôtque chercherda­ns une pilule rose une solu- tion, Michèle Lachowskys­edit plutôt favorable à « essayer de comprendre ce qui se passe ». « On est trop préoccupés par “réparer la sexualité”, peut-être parce qu’aujourd’hui, onenparle trop, et surtout on l’associeàun­e notion de performanc­e » , s’irrite-t-elle. La sexualité est affaire personnell­e et chaque couple un cas particulie­r. « Quand un couple, au bout de quelques années, ne se retrouve plus, on ne l’envoie pas à la pharmaciea­cheter une pilule rose ou bleue! Aucune pilule ne stimule l’amour. Par contre, onpeut se renseigner sur la façon dont le couple envisage la sexualité, éventuelle­ment les pousseràmo­difier leur façon de penser… S’il le demande! »

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(Photo N.-M.) « Aucune pilule, qu’elle soit rose ou bleue, ne stimule l’amour », s’emporte Michèle Lachowsky.
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Michèle Lachowsky

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