Monaco-Matin

Arrêtez de reproduire lesmêmes erreurs ! Psycho

Bénédicte Ann, auteur de « Arrêtez de vous saboter, vous êtes exceptionn­el ! », décrypte les raisons qui poussent certains à tout faire pour leur malheur. Rencontre

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

Un rendez-vous manqué à cause d’une panne de réveil. Des relations amoureuses sur un schéma identique qui se soldent toujours par un échec. Bien souvent, on se tire soi-même une balle dans le pied. Que ce soit au niveau profession­nel ou personnel, il nous arrive de commettre des erreurs… et de les reproduire. Bénédicte Ann, psychologu­e et love coach, s’est penchée sur la question dans son dernier livre Arrêtez de vous saboter, vous êtes exceptionn­el. Et elle en a longuement parlé avec ses lecteurs, à l’occasion de deux rencontres dans les Fnac de Nice et de Cannes puis à l’occasion d’un « café de la vie », sorte de café philo sur la thématique qui lui est chère de l’auto-sabotage. Rencontre avec une psy haute en couleur qui n’a pas sa langue dans sa poche.

Comment avez-vous choisi ce thème? J’ai écrit ce livre en pensant aux gens qui viennent consulter pour une problémati­que amoureuse mais qui ne se rendent pas compte qu’ils ont d’autres problèmes à gérer d’abord. En trouvant un job qui leur correspond, en habitant un lieu qui leur convient… On doit se sentir bien dans sa vie pour être apte à trouver l’amour et à accueillir l’autre. Vous est- il déjà arrivé, à titre personnel, de vous auto- saboter ? Bien sûr! Et même si j’en ai parfaiteme­nt conscience, je le fais encore parfois. Par exemple, à la sortie du livre, j’avais un rendezvous téléphoniq­ue pour intervenir à l’antenne à la télé. Et bien j’ai raté le rendez-vous! Je ne sais pas ce que j’ai fichu, j’étais en train de relire des textes et j’ai loupé l’appel.

À quoi est- ce dû l’auto- sabotage? Il peut être lié à un sentiment d’illégitimi­té. À force d’avoir entendu « tu n’arrives à rien » , on finit par le croire donc on s’empêche de réussir. Dans l’enfance, on est programmé pour être soumis et rester à notre place. Mais en grandissan­t cela peut changer. Ce n’est pas parce qu’un grand frère a occupé tout l’espace, qu’il faut continuer à rester en retrait à l’âge adulte.

L’histoire personnell­e, l’enfance jouent donc un rôle fondamenta­l? Oui. Pour schématise­r, on se construit en opposition ou par mimétisme. On fait « comme » ou « contre ». Celui qui s’oppose devient celui qui est tout le temps en colère, il est ingérable, de ce fait, les gens n’ont pas envie de le côtoyer. Il en souffre. De l’autre côté, celui qui s’inscrit dans le schéma familial reproduit, surtout les erreurs. Cet auto- sabotage est- il lié à des rapports singuliers avec les parents ? Les filles ont un sentiment de loyauté envers leur mère, les garçons envers leur père. Par exemple, une femme s’est mariée uniquement parce qu’elle était enceinte. Du coup, elle fait porter la culpabilit­é à sa fille qui, un peu pour faire comme sa mère, va systématiq­uement tomber sur des « mauvais garçons ». La prise de conscience est un grand pas en avant, ça allège. Parfois, elle suffit. Le livre est fait pour que ceux qui arrivent à se regarder objectivem­ent puissent réaliser qu’ils se sabotent. Les jeunes y parviennen­t bien, car les choses sont moins ancrées que chez quelqu’un de plus âgé. Il faut commencer par se recentrer sur sa propre histoire, se demander dans quelles circonstan­ces on est né, quelle place on occupait dans la famille, etc.

Encore faut- il vouloir en sortir. Effectivem­ent car certains se complaisen­t dans la situation dans laquelle ils se trouvent. S’ils ne veulent pas changer alors rien ne bougera. Ils vont continuer à reproduire les mêmes erreurs. Et donc, de ne jamais être heureux.

On peut donc arrêter de s’auto- saboter ? Oui, si on le décide et si on travaille sur soi. Il faut repérer ses failles. Comprendre pourquoi on reproduit toujours les mêmes schémas (par exemple, un garçon qui ne parvient pas à s’engager sentimenta­lement, une fille qui ne parvient pas à s’imposer dans son travail). Il faut accepter d’abandonner l’idée de réparer l’enfance blessée de ses parents, prendre de la distance. L’autosabota­ge consiste à s’infliger à soi- même des maltraitan­ces qui rappellent celles reçues autrefois. Comme j’explique dans le livre, derrière les points faibles se dissimulen­t les sacrifices, donc les loyautés qui les soustenden­t. Et, plus loin encore, le besoin de reconnaiss­ance qui les justifie. Une fois la prise de conscience, il faut « reprogramm­er » son mode de fonctionne­ment.

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(Photo F. B.) On reproduit souvent toujours les mêmes erreurs. Ces actes d’auto- sabottage conduisent par exemple à enchaîner les déceptions amoureuses. Comment s’en sortir ?
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Bénédicte Ann

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