De Paris et Saint-Denis
Une messe à Saint-Tropez pour Aurélie de Peretti assassinée au Bataclan
C’est avec le magnifique texte issus des paroles de Saint-Augustin : « La mort n’est rien, je suis seulement passé dans la pièce d’à côté…» , dont le poète Char- les Péguy s’était inspiré pour écrire le poignant poème « L’amour ne disparaît pas », qu’Elodie Pierrat, cruellement blessée lors de l’attentat du 13 novembre 2015 au Bataclan s’est exprimée hier, pour s’adresseràAurélie de Peretti, dans l’église de Saint-Tropez. L’édifice religieux était comble pour cette messe dominicale très spéciale, toute dédiée à l’enfant de SaintTropez qui fut assassinée il yaunanavec 89 autres personnes et célébrée par le curé de la paroisse, le père Jean-Paul Gouarin. Chacun avait vouluentourer la famille d’Aurélie, son père, Jean-Marie de Peretti notre confrère et son épouse Laurence, mais aussi sa soeur Delphyne et évidemment Elodie Pierrat et ses parents.
Intense émotion
C’est Elodie qui avait pris l’initiative de ce moment de recueillement très intense pour rendre hommage à celle qui était sa compagne. Le pèreGouarin, mais aussi le vicaire, le père Marc de Saint-Sernin, ont eu des pa-
dalgo immobiles et muets, pas la moindre tentativede « récupération ». Les seules phrases qui ont rompu le silence ont été celles d’un jeune homme, Michael Diaz, qui a perdu son pèreauStade de France. Plus tard, à lamairie du ou sur le canal SaintMartin, àquelquesmètres des lieux de cesmassacres, les Parisiens eux-mêmes, habitants du quartier ou venus d’ailleurs, ont organisé leur propre hommageauquel ballons bleublanc rouge, bougies et lanternes ont donné au fil de la soirée vieet couleurs. Achaque fois la même émotion. Car, hier commesamedi soir, c’étaient les victimes, leurs parents, les survivants du drame du Novembrequi étaient à la premièreplace. Et tous ceux qui ne les ont pas oubliés. roles de consolation, parlant de paix, du coeur surtout, plaidant pour qu’audelà de tout, chacun avance néanmoins avec force et courage. Jean-Marie de Peretti a, pour sa part, lu la prophétie de Malachie. Plusieurs enfants de l’école catholique locale étaient présents pour lire des textes. Un splendide « AveMaria » , chanté par la soprano Sandra Costa, accompagnée du compositeur Rémi Bauschmann a poussé l’émotion à son comble Les derniers mots sont revenus à Elodie, s’adressant à Aurélie : « Partout où je serai tu seras, je t’aime. » La jeune femmeaégalement remercié tous ses amis du pôle de santé de Gassin qui l’ont accompagnée depuis
Beaucoup d’entreeux avaient participé la veille au concert bouleversant donné par Sting, dans un Bataclan tout juste rénové pour l’occasion, oùaucune notedemusique n’avait résonné depuis la tuerie. « D’abord se souvenir, honorer ceux qui ont perdu la vie dans l’attaque. Ensuite célébrer la vie et lamusique » : endeux phrases, prononcédans un français parfait, le grand chanteur britannique a résumé le sens de ces commémorations sobres et dignes. Se souvenir, et en même temps, continuer de vivre, tout le défi, après Paris et Nice, est là. Faire, se conduire, agir, sedistraireaussi, commeavant, sans oublier les morts, sans permettre aux meurtriers de réaliser leur voeu : terroriser, paralyser la l’an dernier pour l’aider à recouvrer la santé. À la sortie de la messe, Elodien’a pas souhaité s’exprimer plus avant. D’ailleurs, tout avait déjà été dit. 1. Le couple s’est ensuite produit aux Issambres dans l’après-midi, toujours en hommage à Aurélie de Peretti, avec un morceau « Angel », spécialementcomposé pour elle.
France. La peur existe, certes, et rien, en France, pour de longues années sans doute, ne seraplus commeavant. Mais les Français ont su, ont pu, aller au-delà. Sans douteest-ce le fils du premiermort du novembre, Manuel Diaz, tué par l’explosion d’une ceinture d’explosifs, qui a trouvé, pour célébrer son père, portugais, arrivéenFranceà ans, les termes les plus émouvants et les plus vrais. Emouvants, parce qu’exprimant la douleur d’un orphelin du terrorisme. Vrais, par la volontéexprimée de surmonter l’absenced’un pèreassassiné, en refusant stigmatisation et division. « Vive la tolérance, vive l’intelligence, vive la France. » Comment oublier les derniers mots de cet homme encore jeune, marqué à jamais, qui refuse le ressentiment, la haine, les idéologies, et oppose aux terroristes sa volonté sa volonté de les combattreavec l’intelligenceet l’humanitéqu’ils n’ont pas.